Bienvenue à Briarcliff

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Une immense inspiration. Totalement déboussolée, je regarde autour de moi. J'ai du mal à respirer, les voyages se font de plus en plus difficiles. Quelqu'un me tire par la manche. Je me rends compte que je suis assise à même la terre, dans une allée de gravillon.

- Pepper ?!

J'ai cru rêver. Pepper se tenait devant moi, une immense sourire éclairant son visage. Mais nous n'étions pas au cirque. Pepper m'expliqua avec difficulté que le cirque avait fini par fermer, faute de public. Je lui implorais des nouvelles de Jimmy, Dandy et toute la troupe, mais une femme nous interrompit.

- Vous êtes ? demanda cette femme.

C'était une soeur. Elle avait un regard sévère, des cheveux blonds plaqués sur son front et des yeux noirs. Alors qu'elle me dévisageait, je pris appuie sur mes mains pour me relever mais elle m'attrapa violemment par l'épaule et me releva.

- Suis-moi ! hurla-t-elle.
- Mais vous êtes folle, lâchez-moi !
- C'est toi qui est folle !

Elle attrapa en route un gardien et lui hurla qu'il avait encore '' laisser une patiente sortir ''. J'ai eu beau lui expliquer que je n'étais ni une patiente ni malade, le gardien me jeta dans une cellule. La soeur m'avait serrée tellement fort l'épaule que j'en avais gardé la marque de ses ongles.
Je ne comprenais rien à ce qui se passait. Pepper était vivante. Le cirque avait coulé. J'étais dans une sorte d'hôpital, peut être dans les années 60. Enfermée dans une cellule, avec un matelas à même le sol. Je dois remettre mes idées au clair, pourquoi est-ce que March m'aurait envoyé ici ?

Une pensée s'imposa à mon esprit.
Oliver.
C'est évident.
Je dois trouver cet Oliver.












Je me mis à hurler tout en frappant contre les murs de ma prison. J'ai hurler le plus fort possible, quand j'entendis quelqu'un me parler, sûrement de la chambre à ma gauche :

- Eh ! Tu m'exploses les tympans là ! Baisse d'un ton !

C'était une voix d'homme... sûrement jeune d'ailleurs.
Je me mis à chercher désespérément d'où venait le son de sa voix, quand je remarquais un tout petit trou sous le radiateur.

- Eh ! Je suis pas malade, faut que je sorte de là ! lui dis-je par l'habitacle.
- Ouais, bah je suis pas malade non plus.
- Tu dois m'aider, s'il-te-plaît ! On est où d'ailleurs ?
- Briarcliff. On est dans un asile.

Un asile ? Sérieusement ? Je vais vraiment finir par y laisser ma peau.

- C'est toi Oliver ? lui demandais-je rapidement.
- Non, moi c'est Kit. Kit Walker. Et j'ai rien à foutre ici.
- Ok, ok. Et on est en quelle année ?
- Et tu dis que t'es pas dingue ? dit-il en riant.

Je gardais le silence. C'est vrai que ce n'était pas la meilleure question à poser dans un asile psychiatrique.
J'entendis soupirer Kit.

- 1964, dit-il ironiquement. On est en 1964.

Je m'assis contre le mur et ferma les yeux. 1964. Douze ans après mon arrivée au cirque. En douze ans, il a pu se passer beaucoup de choses.









- Toujours là ? Demanda Kit.
- Très drôle, lui répondis-je dans un soupir.
- Faut positiver, dit-il, sinon on devient vraiment fou. Alors, parle-moi de toi. C'est qui cet Oliver ?
- Je sais pas, je dois le trouver justement.
- J'ai jamais entendu ce prénom ici, en tout cas. Alors, pourquoi t'es venu dans un asile ?
- C'est compliqué et...

La porte de ma cellule s'ouvrit violemment. La vieille femme de tout à l'heure attendait dans l'embrasure de la porte ainsi qu'un homme, sûrement un autre gardien. Son regard me fit froid dans le dos.

- Lève-toi, dit-elle avec les lèvres pincées.
- Oh merde, dit Kit à travers le mur, c'est Jude ! Courage !

Le gardien m'attrapa par le bras et me releva. Il me força à marcher le long d'un couloir, alors que Soeur Jude ouvrait la marche. Il n'y avait plus de cellules à présent, mais des couloirs en bois abîmés, menant vers une sorte de bureau malsain.
La femme me montra une chaise près de son bureau. Je m'assis et attendais sans relever la tête.

- Ton nom ?
- Je m'appele Manon.

Elle fouilla dans un placard incrusté par l'humidité et revint vers moi cinq minutes après.

- Il n'y a aucune '' Manon '', ici, hurla-t-elle en lançant des dossiers sur le bureau. Alors, qui es-tu ?
- Je m'appele Manon ! C'est la vérité !

Jude s'approcha lentement, me regarda fixement puis me gifla. J'en étais totalement secouée. La Soeur m'avait ouvert la lèvre.

- Qui es-tu ? hurla-t-elle encore plus fort.
- Je m'appele Manon ! Je vous le jure !

Elle fit un signe de tête au gardien derrière moi, qui s'approcha aussitôt.

- Pour la dernière fois, donne moi ton identité, dit Jude en me fixant.

Je ne dis rien, totalement dépassée par les évènements. Jude frappa sur la table et le gardien s'exécuta. Il attrapa mon annulaire et le retourna complètement, jusqu'à ce que j'entende mon os se briser. Il m'attrapa le pouce et fit la même chose. Je devais sûrement hurler trop fort à son goût, car il décida de me gifler à son tour, mais avec la force d'un homme cette fois-ci. Je vis une lueur de folie dans ses yeux, et pourtant, c'était moi qui était internée.
J'hurlais de douleur, pendant que Jude m'attrapa par les cheveux et me fit baisser la tête. Son geste décrocha mon médaillon, qui tomba à terre.

- Réponds !
- Je veux voir Oliver ! Je veux le voir !

Jude se stoppa. Son sang ne fit qu'un tour, elle me lâcha et fit sortir le gardien, alors que je continuais d'hurler ces mots : " je veux voir Oliver ".

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now