Tout les monstres sont humains

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C'était incompréhensible.

- Vous me connaissiez enfant ? Mais je n'ai aucun souvenir de vous.
- Si tu veux que je sorte ton ami de là, il faut que j'aille travailler. Et maintenant. March ne serait pas d'accord pour que je te raconte toute ton histoire.

Oliver prit sa veste et sorti. Je me retrouvais seule dans cet immense appartement. C'était le moment de découvrir plus profondément la vie de mon hôte.
Rien de spécial dans la cuisine et le salon, à part ces lampadaires morbides. La salle de bain était normale également. J'entrais alors dans la chambre d'Oliver.
Tout était parfaitement à sa place. Un lit à deux places en bois était placé au milieu de la pièce et un tapis aux motifs variés se trouvait dessous. Le papier peint était vieux, mais propre. Je décidais de commencer par l'armoire au fond de la chambre.
Des chemises, des vestes, encore des chemises... Et des tonnes de cravates en soie. Sous une chemise unie beige, je trouvais alors une arme à feu. Je n'y touchais pas et reposait tout les vêtements à leur place.
Je m'assis sur le lit et plongea le nez dans le tiroir de la table de chevet.
Un livre, des clés, quelques bricoles et ... Une photo.

Je pris la photo dans les mains. Au dos était écrit en lettres manuscrites : " 2003, Anniversaire ". Sur la photo, une petite fille avec des couettes portait une jolie robe à fleurs, des petites socquettes et des chaussures noires vernies. Elle tendait les mains vers le ciel et semblait rire. Elle avait une sorte de chapeau pointu, comme ceux qu'utilisent les enfants pour leurs anniversaires.
2003. Dans quelques jours, je devais avoir 18 ans. La date semble correspondre.
C'était moi sur la photo.



Je pris la photo avec moi et resta dans ma chambre toute la journée, jusqu'à ce qu'Oliver rentre.
Il m'invita à venir dans le salon avec lui. Il arborait un air grave.

- Que se passe-t-il ? lui demandais-je.
- Je n'ai pas pu ramener Kit. Il est à l'infirmerie. Je ne sais pas si c'est dû au rat par lui-même ou autre chose, mais il a une énorme fièvre. Il délire complètement et ne me reconnait même pas.

Je n'arrivais pas à assimiler les informations.

- Non, il faut le ramener Oliver ! On ne peut pas le laisser là-bas, vous avez vu ce qui s'y passe !
- Premièrement, arrête de me vouvoyer, dit-il en soupirant. Deuxièmement, on ne peut rien faire. Je sais que c'est horrible mais j'ai fait tout ce que j'ai pu. Il n'est pas en état de marcher, ni de faire quoique ce soit.

Je serrais les dents. Oliver le vit et s'approcha de moi.

- Je suis désolé, mais nous ne prendrons aucun risque. Kit restera à l'asile.
- C'est injuste, vous... Tu lui avais promis !
- Pour l'instant, c'est impossible.

Je sortis la photo de ma poche, bien décidée à le mettre mal à l'aise.

- Et ça, c'est quoi ? lui dis-je impatiemment.

Il prit la photo dans ses mains et sourit.

- Ton troisième anniversaire, dit-il en me rendant la photographie. Le temps est différent à l'hôtel Cortez, je pouvais aller et venir comme je le souhaitais. Et te voir grandir. March est trop pudique pour te parler de tout ça, mais il t'aime énormément. Et moi aussi, dit-il en me prenant la main. Est-ce que James t'as mit au courant ?
- Au courant de quoi ?
- De ce que tu dois accomplir.
- Oui, mais je n'y comprends rien. Pourquoi moi ? J'ai besoin de réponses.

Oliver rajusta ses lunettes et soupira.

- Personne ne survit aux voyages dans le temps, tu étais destinée à le faire. Tu es une enfant particulière. Si tu ne réalise pas ce qu'il te demande, nous mourrons tu comprends ? Tout ceux que tu as connu, tes amis, tout. Mais James n'a pas compris quelque chose. Celui qui dirige cette quête est bien plus dangereux que n'importe qui sur cette terre. Je ne lui ai jamais fait confiance, et tu devrais en faire de même.
- Ce n'est pas March qui dirige cette quête ? demandais-je à Oliver.

Il sourit et répondit :

- March n'est qu'un pion, comme chacun de nous. Seule toi pourra nous aider si tu le décides. Il est bientôt temps. Ce que nous te demandons n'est pas simple, nous le savons. Mais c'est légitime. J'ai un jour entendu Jude dire "tout les monstres sont humains". Je ne voudrais pas être à ta place, mais souviens-toi d'une chose. Jude a tord.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now