Angelorum resonare

Descensum

En retournant dans ma chambre ce soir-là, des milliers de questions se bousculaient dans ma tête. Michael dû le sentir car il me sourit d'un air compatissant.

- Alors, me demanda le jeune homme, comment ça s'est passé ?
- J'ai appris beaucoup de choses. Mais, tu sais, je crois que tu mérites de connaître certaines choses que m'a dit Cordelia également.
- Oui ? dit Michael en relevant légèrement sa pommette.

Comment est-ce que le garçon devant moi a pu détruire le monde dans le futur ? En attendant ma réponse, il gribouilla quelque chose dans son calepin.

- Les sorcières te connaissent.

Il releva alors la tête vers moi.

- Comment ça ?
- Elles sont revenues dans le passé pour te tuer, donc maintenant. Tu te souviens du 4×4 noir ? Bah, c'était Mallory, la jeune fille brune. Dans le futur, tu es très puissant et tu...
- Je ... quoi ?
- Tu es l'Antéchrist.

Michael se mit à rire.

- Bon, et sérieusement elle t'a dit quoi ?
- Michael, je suis sérieuse, lui dis-je.

Il se mit alors à réfléchir.

- J'ai deux choses à dire.
- Je t'écoute, dis-je en m'asseyant à côté de lui.
- Premièrement, si c'est des vraies sorcières, pourquoi est-ce qu'elles ont voulu me tuer en m'écrasant avec une voiture ? Déjà, c'est lâche. Et ensuite, elles devraient avoir des pouvoirs, il y aurait eu pleins de façons de me tuer. Alors, j'ai du mal à comprendre.
- Et deuxièmement ?
- Deuxièmement, je me suis toujours senti différent. Mais pas différent de façon cool, comme un artiste ou un super intello. Non, je me sentais... Étranger. Étranger à moi-même. Je fais des choses et elles me paraissent normales, sauf que tout le monde ne le fait pas. Comme quand j'ai tuer le prêtre parce qu'il me fesait mal aux oreilles à force de parler, ou que j'ai manger ce monsieur. Mais ça, j'avais faim c'est pas pareil.

Je soupirais.

- Je veux dire, pourquoi ? J'arrive pas à trouver ma place dans ce monde, continua-t-il, j'ai l'impression que tout le monde me rejete. Toute ma famille et j'ai jamais eu d'amis. Et maintenant, des femmes que je ne connais même pas veulent me tuer. Moi, je veux pas détruire le monde. Des fois, oui, je m'emporte et je fais des choses mal. Mais après je m'en rend compte et des fois je regrette. Et des fois, non. Mais je veux pas détruire le monde.
- Je voulais te mettre au courant, mais c'est pas fini. Cordelia a une amie qui est bloquée en enfer.

Michael me regarda étrangement.

- Je sais pas si c'est une blague ou non, du coup, dit-il en réfléchissant.
- Non, promis, pas de blague, dis-je en riant. Elle voudrait que tu la ramènes.
- Quoi ? Mais je sais pas faire ça moi !
- Cordelia m'a assurée que si. Et tu dois faire ça ce soir.

Michael était en totale panique, jusqu'au moment où Cordelia vint nous chercher.

- Rappeles-toi, dis-je à Michael. C'est peut-être notre seul moyen de sortir.

Michael acquiesça en silence.
Une jeune femme regardait Michael de loin. Elle était blonde et très maquillée. Elle s'approcha alors, pendant que nous entrions dans le grand salon.

- Salut, moi c'est Maddison. T'es vachement plus mignon maintenant, dit-elle en lui fesant un clin d'œil.
- Oh merci, répondit Michael. Du coup, je ne me présente pas, dit-il en riant.

Ils rièrent alors ensemble. Elle le prit par le bras et s'écarta avec lui. Ils s'installèrent sur un sofa et elle se colla à lui. Au vu des gestes de ses mains, elle devait lui poser des questions sur sa passion de la guitare, et, voyant le phénomène, devait se forcer à rire à chacune de ses phrases.
Sans que je l'ai vu, Cordelia s'était placée à côté de moi. Elle croisait les bras et observait le spectacle avec moi.

- Nous allons devoir commencer Manon, dit-elle gentimment.
- Oui, commencez.

Elle appela alors Michael qui se prépara. Il se coucha par terre et écouta les conseils rigoureux de Cordelia, sous le regard attentif de Mallory et Maddison.
Cordelia avait terminé.
Le silence se fit, puis un seul mot se fit entendre.

- Descensum.

Nous sommes restés assises là plusieurs heures. Les filles alternaient les gardes pendant que je restais éveillée. Le sommeil me gagna environ une heure plus tard.
Les heures passaient et Michael ne revenait pas. Je sentais les regards appuyés de Cordelia sur moi. Elle s'assit alors :

- Tout va bien ?
- Oui, répondis-je froidement.
- Il va revenir, j'en suis sûre.
- Peu importe, de toute façon au moins s'il ne revient pas, tout le monde sera content, n'est-ce pas ? Vous aurez eu ce que vous voulez, tous.
- Je change d'avis sur Michael et tu le sais. Mais ta colère est compréhensible et ...
- Je ne suis pas en colère. Je préfèrerais que tout s'arrête maintenant. Des gens que j'aime m'attendent quelque part.

Cordelia me sourit tristement.

- Ne garde pas tes émotions pour toi. Tu sais...

Michael se réveilla alors et se rassit rapidement, ce qui coupa court à notre discussion. Cordelia se rua vers lui :

- Alors ?

Michael était exténué et n'arrivait pas à se lever. Il regarda alors derrière lui avec un sourire et se retourna vers Cordelia d'un air angélique.

- Je l'ai ramenée.