Un jour de plus entre l'enfer et le ciel

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Je remontais les escaliers, furieuse, lorsque je fus prise de fortes douleurs dans le bas ventre. Liz, qui m'avait suivie, me rattrapa. J'en avais le souffle coupé, les douleurs s'intensifiaient au fur et à mesure que Liz essayait de me faire remonter dans ma chambre. Je me tenais le ventre aussi fort que possible, mais la douleur n'était plus soutenable.

- Je reviens, ne bouge surtout pas, me dit Liz, totalement paniquée.

J'acquiescais de la tête et la regardais partir, tandis que je tentais de m'allonger sur le lit. Quelques minutes plus tard, Liz, Elizabeth, James et Oliver entraient.

- Je ne veux pas le voir, articulais-je en montrant Oliver.
- Manon, ça suffit, il est médecin, me répondit James.
- Écoute... commença Oliver.
- Ce n'est pas le moment de parler, s'écria Elizabeth.

Oliver s'empressa de m'examiner, c'est alors que du sang commença à couler entre mes jambes.
Je fus prise de panique et essayait de me débattre tandis que Liz et James me retenait.

- N'oubliez pas, dit la comptesse, que le grand-père de ce bébé est un vampire et s'il a faim...
- Non, il doit y avoir une explication rationnelle ! dit Oliver.
- Rationnelle ? Vous êtes dans un hôtel remplit de fantômes, Monsieur Thredson. Ce bébé à des origines profondément compliquées à cerner. Il faut tout essayé.

Je me sentais défaillir, alors que tout le monde était en train d'hurler autour de moi.

- Soit vous donnez du sang à ce bébé, soit il va manger sa mère de l'intérieur ! cria Elizabeth.

Ce fût la dernière phrase que j'entendis, puis je perdis connaissance.















À mon réveil, je vis Oliver à moitié endormi, assi près de moi et serrant ma main.

- Coucou, dis-je doucement.

La douleur au niveau de mon ventre se raviva. Oliver releva la tête, de larges cernes teintaient son regard. Il sourit et resserra son emprise.

- Comment vas-tu ? me demanda Oliver.

Je me redressais sur mon oreiller et vis une immense trace de sang sur les draps. Mon coeur s'accéléra.

- Le bébé va bien, finit par dire Oliver. Tu as dû faire une petite hémorragie, mais rien de grave. Tu as besoin de repos.
- J'ai entendu ce qu'à dit Elizabeth. Vous avez...
- Non. Nous n'avons pas donner de sang au bébé. Le sang a cesser de couler tout seul. Ne t'inquiètes pas, d'accord ? me rassura le psychiatre.
- Oliver... Si tu savais dans les conditions qu'est mort Michael, je ...

Oliver baissa les yeux.

- James m'a expliqué. Et j'ai lu tes lettres. Je suis désolé. Sincèrement, rajouta-t-il.
- Je m'excuse aussi. Je peux comprendre que tu aies été en colère, mais je l'aimais vraiment. Je n'arrive pas à passer à autre chose, le bébé grandit et j'ai tellement peur qu'il vienne au monde.
- Pourquoi ça ? Je suis certain que tout va bien se passer, dit-il en passant sa main sur ma joue.
- J'ai tellement peur que le bébé lui ressemble, de le revoir dans ses yeux.

Oliver me regarda tristement.

- Je reste avec toi, finit-il par dire.
- Quoi ?
- Je reste. Je comptais rester un petit peu suite à l'accident. J'ai des doutes concernant le petit problème de ma voiture. La vérité étant que j'ai cru apercevoir quelqu'un devant chez moi, quelques nuits auparavant. C'était peut-être ton père.
- Je suis certaine que c'est lui qui t'as fait ça, James également. Quand je l'ai vu, il m'a d'ailleurs parler de toi.
- Bon, dit-il en écartant les mains. Je reste complètement. Alors, désolé pour Kit...
- Ne t'en veux pas, et ... Es-tu sûr de ton choix, Oliver ?
- Tu n'éleveras pas ton enfant seule. Ange ou démon, je participerai à son éducation, dit-il avec un sourire se voulant rassurant.

Je passais la main sur mon ventre. Oliver y posa sa main également.

- C'est normal d'avoir peur, me dit-il. Je suis sûr qu'il serait fier de toi. Il continue de vivre à travers toi. Et à travers la petite chose qui grandit la dedans, dit-il en me tapotant le ventre.

J'acquiescais silencieusement.














Le temps passe plus vite depuis qu'Oliver nous a rejoint, et l'ambiance est bien meilleure. Cela fait maintenant six mois que je suis enceinte. Les maux de dos sont très fréquents, le bébé se développant rapidement. Celui-ci est très vorace, je mange tout le temps et Liz commence à saturer de faire la cuisine. Je n'ai plus eu de problème particulier, sauf les insomnies. Le bébé bouge tellement et donne des centaines de coups, comme s'il ordonnait de sortir.
Oliver fesait des centaines de listes de naissance, de peur que le bébé ne manque de quelque chose, et Liz allait faire les courses. James, lui, se préparait psychologiquement à entendre des hurlements et des pleurs toute la journée.
Moi, j'essaie de continuer une vie normale. Je fixe mon attention sur le bébé, dans l'espoir d'oublier, ne serait-ce qu'une heure, Michael. Je souris, tout les jours, devant tout le monde. Ils sont tous adorables avec moi. Mais, le soir, seule dans mon lit, je fais tomber le masque. Je peux enfin supprimer ce satané sourire et laisser mes pensées vagabonder. Et dès que je commence à penser à Michael, le bébé se met à bouger dans tous les sens, comme s'il savait que je pensais à son papa.
J'aurai tellement voulu qu'il soit auprès de moi, qu'il connaisse son enfant et qu'on vive tout les trois, heureux, comme dans un conte de fée. Mais, je ne vivais pas dans un conte de fée, voilà bientôt un an et demi que je l'avais compris.
Je ne sais toujours pas si je porte un petit garçon ou une petite fille, je n'ai réfléchi à aucun prénom. Ni à aucun lieu où fuir à la naissance du bébé.

Angelorum resonareМесто, где живут истории. Откройте их для себя