Les sourires volés qui te raccrochaient à la vie

130 9 1
                                    

Nous entendîmes le verrou s'enclencher. Nous étions à nouveau enfermés dans cette chambre. Je frappais sur la porte avec force :

- Non ! Nous laissez pas là ! Pas dans cette situation ! Soyez humains, merde ! Y'a du sang partout, c'est de la torture !

Michael se leva et se plaça derrière moi. Il fit une petite mine avant de me dire :

- Je sais ce qui va se passer. Tu vas pouvoir retrouver Oliver, dit-il en s'asseyant sur le lit.

Je regardais intensément Michael.

- Qui t'as parler d'Oliver ?

Michael passa sa main dans ses cheveux et parût gêné  :

- J'ai fouiller dans ton sac, quand on est arrivé ici. T'étais avec Cordelia et je cherchais si t'avais pas une barre de céréales, je t'avais déjà vu en sortir de ton sac. Et j'ai vu une lettre. Alors, je l'ai lu, dit-il en baissant les yeux. Et tu parlais aussi d'un certain James. J'avais déjà vu ton arme dans ton sac. C'est là que j'ai compris que tu étais là pour me tuer. Mais tu l'as pas fait alors, merci, dit-il en souriant tristement.

Je m'assis à côté de lui et lui prit la main.

- Je trouve pas de solution, Michael. J'ai essayé d'éviter ce moment, ou de le repousser tout du moins. Mais j'ai échoué, dis-je en laissant couler une larme.
- C'est pas ta faute, dit-il en me regardant. Alors, tu veux bien me dire qui c'est, Oliver ? dit Michael en se forçant à rire.

Ma gorge était nouée. Mes larmes coulaient en silence. C'était donc la fin. La fin de ma quête. J'allais retrouver mes amis, ma famille. Et voir Michael mourir.

- Oliver, dis-je d'une voix tremblante... Rien que de prononcer son nom est difficile, dis-je en riant à mon tour. Oliver m'a aidé et recueilli. C'est une longue histoire. Je t'ai dit la vérité quand je t'ai dit que je suis orpheline. Mes parents adoptifs sont morts. James et Oliver m'ont recueillis quand j'étais bébé. Et ils m'ont élevés un petit moment, surtout James. Finalement, j'ai retrouvé Oliver, il y a peu de temps. Et il me manque beaucoup, dis-je en éclatant en sanglot.
- Mais pourquoi est-ce qu'ils voulaient me tuer ?
- Parce qu'ils savaient que tu étais l'Antéchrist, et puis James a un sacré ego, il voulait que ce soit nous qui s'occupions de ta mort.
- Mais attend, pourquoi t'avoir envoyé toi ? dit Michael en fronçant les sourcils.
- Parce qu'il est mort ! Et maintenant, Oliver doit l'être aussi.
- Attend, attend... Quoi ?

Je sortis mon médaillon.

- Je viens du futur, enfin du passé puis du futur. Oh mais non, pour toi, pas du futur mais pour Oliver et March, oui !
- Je comprend rien, Manon, dit Michael en se frottant le front.
- Michael, ils m'ont envoyés parce que j'ai la capacité physique de me déplacer à travers les âges. Je suis une enfant particulière. Comme toi.









- Alors, on peut partir, non ? On a juste à utilisé ton médaillon ! me dit Michael plein d'espoir.
- Non, ça pourrait te tuer.

En effet, à mon arrivée dans l'hôtel Cortez, James m'avait bien expliquer qu'une personne autre que moi risquerait de mourir suite à un voyage dans le temps. J'avais cette capacité dès la naissance, tout comme mon père.

- Je suis coriace, dit-il en riant.

Je le regardais avec un air triste.

- Désolée...

Michael observa la chambre de long en large. Puis, il se prit la tête dans les mains et commença à pleurer en s'arrachant des cheveux. Je le prit dans les bras et le serra le plus fort possible.

- Je suis peut-être l'Antéchrist, dit-il en relevant la tête, mais j'en peux plus de voir cette chambre. Ça sent le sang. Il y en a tellement que ça a une odeur. Et j'en ai partout. J'aurai au moins voulu mourir dignement...

Je pris mon courage à deux mains et me relevais. Je le regardais de façon déterminée, ce qui lui fit relever la tête.

- Lèves-toi, lui dis-je en lui tendant la main.
- Quoi ? demanda Michael en soupirant.
- Lèves-toi.

Il me prit la main. Je le conduisis jusqu'à la salle de bain et lui enlevais son t-shirt.

- Tu fais quoi ? Dit-il en rougissant.
- Ça va, laisse-moi faire, c'est pas la première fois que je fais ça.

Je pris un gant de toilette et commença à lui enlever toutes les tâches de sang. Quand j'eus terminé, je lui enfilais un nouveau t-shirt propre. Oui, j'avais déjà fait ça, il y a longtemps maintenant. Dandy était aussi désespéré que Michael. Mais lui s'en est sorti. J'espère.

- Penche-toi, dis-je en lui montrant l'évier.

Cette fois-ci, il ne posa pas de questions.
J'ouvrais le robinet et lui lavais les cheveux. J'observais sa cicatrice derrière l'oreille en soupirant. Je dois rester forte pour lui, le temps qu'il lui reste. Je craquerais après.

- Et voilà, c'est fini.

Michael me regarda en souriant.

- Merci, dit-il en retournant dans la chambre.







Michael passa le reste de la journée à regarder silencieusement par la fenêtre, sûrement pour éviter de voir l'état de la chambre. Et moi, je le regardais. C'était un garçon fort, mais sensible. C'était une sorte de bombe à retardement. Il était dangereux quand on ne savait pas comment le prendre. 
De temps à autre, il jouait quelques accords avant de gribouiller dans son carnet. J'eus alors une idée.

- Michael ?
- Mh ? Fit-il en se tournant vers moi avec ses grands yeux bleus.
- Tu veux que je te montre mon carnet à dessin ? Je pourrais te montrer à quoi ressemblent James et Oliver.
- Oh oui ! dit-il en se relevant soudainement.

Michael s'assit près de moi et attendais impatiemment que j'ouvre mon carnet.

- Voici James Patrick March, dis-je en lui montrant le premier portrait.
- Quelle classe, dit-il, les yeux pleins d'étoiles.

Je souris en le regardant s'imaginer des tas d'histoires incroyables, où il ferait partie de la pègre avec comme “ parrain ”, James.

- Là, dis-je en montrant du doigt un autre portrait, c'est Oliver. Oliver Thredson. Il est psychiatre en 1962.

Michael acquiesça de la tête.

- Ici, Beth et Dote.

Michael parût perturbé.

- C'est la première fois que tu vois des siamoises ?
- Des quoi ? demanda le jeune garçon.
- Ce sont des siamoises. Elles sont nées comme ça.

Michael fronça les sourcils, je continuais à tourner les pages.

- Et là, c'est qui ? demanda-t-il alors que je tournais la page.
- C'est Jimmy, dis-je en soupirant. Jimmy Darling. C'était un ami à moi.

Michael sourit tristement en tournant la page.

- Tu vas pouvoir le retrouver, dit-il en posant sa main sur mon épaule. Ça va aller, ajouta Michael en souriant.









La nuit venait de tombée. Michael comptait les étoiles et je m'amusais à l'interrompre, ce qui l'agaçais fortement puisqu'il était obligé de recommencer du début à chaque fois.
Un bruit nous fit sursauter tout les deux.
Misty venait d'entrer en trombe dans la chambre. Elle refermait rapidement la porte et nous prit par la main.

- Prenez vos affaires, vite ! On s'en va.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now