Bambino

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Nous avons fait la route en silence, Michael et moi. Il marchait devant moi, les mains dans les poches et la tête dans les nuages. Le jeune garçon n'avait plus dit un mot depuis notre discussion au parc.

- On est arrivé, dit-il en s'arrêtant devant une immense demeure sûrement abandonnée, entourée de grandes grilles en fer. On y sera en sécurité.
- Michael ? dis-je en lui attrapant le poignet.

Il jeta un regard noir sur ma main, arrêtant aussitôt mon geste. Il m'interrogea alors :

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je m'excuse pour tout à l'heure. Je voulais savoir... On se connaît à peine, pourquoi est-ce que tu fais tout ça pour moi ?
- J'ai aussi besoin d'un toit pour la nuit, dit-il en passant le grillage.
- Oui mais, dis-je difficilement en escaladant la grille, pourquoi m'y emmener également ?

Michael m'aida à descendre puis m'observa.

- Parce que tu as l'air aussi perdue que moi.






Michael entra en premier. Il connaissait les lieux et se dirigea directement vers le salon. J'admirais les lampes Typhanie quand un bruit attira mon attention vers l'escalier. Une jeune fille y était assise. Michael avait dû m'emmener dans un squat. La jeune fille me sourit et me fit signe de la rejoindre, ce que je fis aussitôt.

- Salut, dit-elle en souriant. Moi, c'est Violet, et toi ?
- Manon, lui répondais-je en lui tendant la main.

Sa main était glacée.
Michael passa la tête par l'embrasure et paru paniqué. La jeune fille disparu tout d'un coup, et Michael se précipita vers moi.

- J'aurai dû te prévenir.
- Me prévenir de quoi ?
- La maison, elle est habitée, dit-il doucement.
- J'avais remarqué, ajoutais-je en riant.
- Non. Pas par des vivants.










Je fis mine d'être surprise. Après ma visite à l'hôtel Cortez, je n'étais plus perturbée par les esprits. Et Michael avait l'air d'être habitué également.

- J'ai vraiment envie de te montrer quelque chose, me dit Michael.

Il m'entraina alors à travers les escaliers et de nombreux couloirs, et se stoppa devant une porte grisée.

- C'est ma chambre. Enfin, c'est la chambre de mon père, mais je dors ici d'habitude.

J'entrais alors dans cette pièce et découvris une chambre d'adolescent. Des posters tapissaient les murs, le lit était défait et des bandes dessinées traînaient sur le sol.
Michael s'assit sur le lit et me regarda. Son regard avait changé. Il était apaisé, calme.

- C'est pour ça que j'habite chez ma grand-mère, dit Michael en regardant une bande dessinée qu'il venait d'attraper sous le lit. Mes parents sont morts. Enfin, c'est une longue histoire, ajouta le jeune homme en relevant son regard vers moi.

Je m'assis près de lui. Les traits de son visage étaient si fins et parfaits qu'ils semblaient être ceux d'un bambin. Il se tourna alors vers moi et me regarda dans les yeux.

- Moi aussi, je suis désolé pour tout à l'heure. Je n'ai pas l'habitude qu'on me touche, alors j'ai mal réagi.

Il regarda ses baskets et ajouta :

- Tu veux toujours savoir pour la tâche de sang ?

Angelorum resonareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant