Petit roi

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- James, vous avez remarquer ? dit lentement Liz.
- Quoi donc ? demanda James en finissant de ranger sa paperasse.
- La petite semble ignorer le bébé.

James et Liz s'étaient installés dans le bureau. Inquiète pour Manon, Liz décida de confier ses doutes à March, qui semblait ignorer la situation actuelle.

- Ça va passer, dit James. Elle finira par s'en occuper.
- Je ne sais pas, fit Liz. Heureusement qu'Oliver la soutient. Dès que l'enfant a faim ou pleure, elle l'ignore totalement.
- Tu en as parler à Oliver ?
- J'y vais, finit par dire Liz en replaçant son châle sur ses épaules.

Liz se dirigea vers la chambre d'Oliver, qui dormait dans son lit.
Elle le réveilla doucement. Oliver ouvrit les yeux et remit en place ses lunettes.

- Désolé, dit-il en se redressant. Avec le petit, je ne dors pas beaucoup.
- Nous te remercions tous pour ce que tu fais, dit Liz en s'asseyant sur le lit. Mais, penses-tu que c'est la bonne solution ?

Oliver soupira.

- C'est évidemment une situation compliquée. Manon fait un déni, elle ne veut pas voir son bébé. Il doit sûrement ressembler au gamin. Et, on ne peut pas laisser l'enfant mourir de faim. Surtout qu'il se met à hurler dès que je le sors de la chambre de sa mère.
- Ça fait cinq jours maintenant. James est inquiet, souffla Liz. L'enfant est né prématuré, ce qui nous laisse un petit peu de temps avant que Rudolph ne vienne l'enlever. Il ne viendra pas avant un mois, il ignore qu'il est né. Je pense qu'il faudrait que vous fuyez le plus rapidement possible.

Oliver aquiesça.

- D'accord, mais pour aller où ? Le bébé est coriace, il est en très bonne santé. Mais, on ne peut pas vivre dehors non plus, dit Oliver en se relevant.
- Je sais, finit par dire Liz. James fait comme si rien ne se passait. Il sait très bien que vous allez bientôt partir, il a de la peine mais ne le montre pas.
- Ça lui ressemble bien.
- Oliver, dit Liz d'un ton grave. Il n'y a pas que Manon et le bébé qui sont en danger. Rudolph en a après vous également. Et il sera encore plus dangereux s'il découvre que vous l'aidez à fuir.
- Je ne vais pas laisser Manon, je ne la laisserai plus jamais, dit-il en fixant le mur. Elle est comme ma fille et...
- Pour nous aussi, le coupa Liz. Il nous faut parler avec James, tout les trois.

Oliver se releva. Ils se dirigerent vers le bureau de James, encore occupé à classer ses documents.
Il releva la tête quand il les vit entrer dans son bureau.

- James, c'est important, dit Oliver en fermant la porte.

James s'assit alors. Il savait que cette discussion serait houleuse.

- Il nous faut trouver un endroit pour fuir, dit Oliver. On a des provisions, les affaires de l'enfant, mais on ne sait pas où aller.
- L'enfant est né avec presque deux mois d'avance. Pourquoi partir maintenant ? demanda James en croisant ses bras.
- C'est évident, fit Liz. Ils doivent prendre de l'avance sur Rudolph.

James fit non de la tête.

- Restez encore, dit-il. L'enfant vient de naître.
- James, continua le psychiatre, le bébé est né prématurément, mais il a une meilleure santé qu'un enfant né à terme. Il peut voyager. Alors, où allons-nous à la fin ?
- Quand.
- Quoi ? fit Liz en s'asseyant.
- Quand, pas où. Vous allez voyager dans le temps.














J'ouvrais la porte doucement.

- Oliver ne peut pas voyager, dis-je alors.

Ils se retournèrent en même temps vers moi.
Oliver se leva.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je voulais vous dire que j'avais réfléchi pour le bébé. Mais je vois que vous êtes déjà bien occuper.
- Réfléchi à quoi ? demanda Oliver en m'emmenant vers le siège près du bureau.
- À son prénom. Et aussi, je vais m'en occuper. Je suis désolée je...
- Ne t'excuse pas, fit James. Nous ne pouvons pas imaginer ce que tu as endurer. Retrouver, ne serait-ce que des traits d'expression du jeune homme que tu as connu, sur le visage de ton enfant. Cela doit être dur. Et Oliver fait une très bonne nounou.
- Très drôle, soupira Oliver.
- Bon, j'ai une solution, dit James. Lorsque vous partirez, vous laisserez le médaillon à l'hôtel. Ça vous laissera encore un peu d'avance.
- D'accord, dit Oliver.
- Et quand allons-nous ? finis-je par demander.
- Ne vous inquietez pas, j'ai déjà la solution, dit James. Il faut plutôt réfléchir à comment faire partir Oliver avec vous.

Je souris largement.

- C'est simple, dis-je. C'est dans mon sang, Rudolph l'avait dit. Oliver, c'est quoi ton groupe sanguin ?
- Euh, O+, pourquoi ? dit-il, un petit peu perdu.
- Moi aussi. On a qu'à faire une transfusion !














- Une transfusion ? Tu te moques de moi, là ? s'inquiéta Oliver. Tu viens d'accoucher !
- Je vais bien ! dis-je en l'attrapant par les épaules. C'est la seule solution !
- Manon a raison, dit James. Je ne vois pas d'autres alternatives.
- Non, non, dit Oliver en souriant nerveusement.
- Oh, le sang te gêne peut-être, dis-je en le taquinant.

Il leva les yeux au ciel.

- Que voulais-tu dire sur le bébé ?
- Je vais m'en occuper, jour et nuit, c'est promis. C'est mon petit garçon, et je l'aime plus que n'importe qui au monde. Je... J'arrive.

Je me depechais d'aller chercher mon bébé dans la chambre. Le petit ange dormait dans son lit. C'est quand je le pris dans les bras que je remarquais quelque chose d'étrange. Je retournais dans le bureau avec le bébé.

- Oliver ... Tu avais vu ça ? dis-je en tournant légèrement la tête de mon bébé.

Oliver me lança un regard triste.

- Oui.
- Pourquoi tu ne m'avais pas dit que...
- Je suis sûr que ça ne veut rien dire, me dit Oliver en me prenant dans les bras.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda James en se relevant.

Liz s'écarta légèrement.

- Regarde, dis-je en lui montrant l'arrière de l'oreille du bébé.

Un petit quart de lune se trouvait derrière l'oreille de l'enfant, tout comme Michael avait le nombre "666".

- L'enfant de la lune... dis-je doucement.
- Quoi ? demanda James.
- La prophétie, dit Oliver. “Lorsque l'enfant de la Lune naîtra, un nouveau monde viendra”. J'ai toujours cru que c'était Manon, l'enfant de la Lune. Mais, c'était donc toi, dit-il en prenant le petit garçon dans les bras.

James pâlit.

- Je pensais qu'on était déjà dans la pire des situations. Je me suis trompé, ajouta-t-il.
- C'est incroyable, dit Oliver. À quel point il est calme. Il n'a que cinq jours, regardez-le.
- Oliver, d'ailleurs... Pourquoi me l'avoir enlever à sa naissance ?
- Justement, j'ai remarqué cette marque derrière son oreille, fit Oliver. Il y avait aussi autre chose. C'était extrêmement choquant...
- Quoi ? Dis moi, s'il-te-plaît, dis-je en regardant intensément Oliver.

Oliver berçait le petit garçon, en le regardant étrangement.

- Lorsqu'il est né, ses yeux et son nez saignaient. Il pleurait des larmes de sang. Et il avait des traces étranges dans le dos. Il avait l'air de souffrir horriblement. J'ai vite été l'essuyer, c'est là que j'ai vu sa petite cicatrice derrière l'oreille.

Mes yeux se remplirent de larmes.

- Il n'avait pas les yeux bleus à la naissance. Ses yeux... Ils étaient totalement noirs.

Mes larmes coulèrent d'un seul coup. Oliver m'embrassa sur le front et me prit dans ses bras, près de mon bébé.

- Ça va aller, j'en suis sûr.
- Michael ne s'en est pas sorti quand ça lui est arrivé... dis-je lentement.
- Il s'en est sorti, ton bébé. C'est un dur à cuire, d'accord ? dit Oliver en me frottant le dos.
- Je ne veux pas le perdre, lui aussi. Je ne veux pas perdre Gabriel.
- Gabriel ? demanda James.

Je souris alors.

- Oui, je l'ai appelé Gabriel. Mon petit garçon s'appelle Gabriel Oliver James Langdon.

Ces noms arrachèrent un sourire à Oliver et Liz, tandis que James soupira.

- Tu n'es pas content ? Lui demandais-je, déçue.
- Gabriel March. C'est bien plus agréable à l'oreille, dit-il alors.

Nous nous mimes à rire ensemble, réveillant Gabriel qui nous regardait avec curiosité.

- Ou bien, Gabriel Thredson, essaya Oliver.
- Gabriel Taylor, dit Liz en prenant Gaby des bras d'Oliver.
- Non, dis-je en riant. Gabriel Langdon, dis-je en embrassant mon bébé. Il porte le nom de son papa.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now