Aux portes de la délivrance

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Courir. Encore. Toujours plus. Ne pas s'arrêter.
Mes poumons allaient exploser. Je me forçais à courir, encore et encore. Je ne dois pas m'arrêter.
Me revoilà dans la forêt. Plus que deux heures et je serai de retour dans le bunker.
Courir.
Courir.
Courir.
Le sang battait à mes tempes. J'ai bien cru imploser pendant un moment. Je savais que j'étais suivie, de près ou de loin, par la fée. Et plus sérieusement par les sorcières, si Constance les avait prévenues.
Des milliers de choses se bousculaient dans ma tête. Michael m'avait menti. Et je n'en connaissais pas encore la raison. Mais je devais continuer de courir.
Après quelques minutes encore, cela était devenu trop dur. J'optais donc pour la marche rapide (très rapide) jusqu'au bunker.
Enfin arrivée, je me ruais sur les portes pour les ouvrir.
Elles étaient fermées.
À clé.

- Michael ? Ouvre-moi ! C'est Manon !

Pas de réponse.
Je frappais le plus fort possible sur les portes en métal, jusqu'à m'en ouvrir les phalanges.
Michael ne répondait pas. Serait-il possible que ...
Non.
N'y pense pas.
J'ai frapper, encore et encore. Jusqu'au moment où j'entendis un bruit. Un bruit que je reconnaitrais entre milles.
Un coup de feu.









Le coup de feu provenait de l'intérieur du bunker. Logiquement, Michael était seul dedans. Michael se serait-il... Non. Non, ça suffit. N'y penses pas.
Je continuais de m'acharner sur les portes du bunker, en vain. Je n'entendais plus aucun bruit à l'intérieur.
Cela fesait deux heures que j'étais assise près du bunker, à attendre un quelconque signe de vie de Michael. Mais rien. Rien du tout.
Je fondis en larmes.
Tout était clair à présent.
Michael m'avait écarté de lui pour pouvoir en finir avec cette vie. Et que je n'ai pas à assister à ça. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, incapable de me contrôler. Puis, je me mis à hurler. Comment ai-je pu être si naïve et le laisser seul dans cet état ? Je l'avais à présent perdu, pour toujours. Je ne reverrai jamais sa bouille d'ange, ses cheveux en bataille et ses magnifiques yeux bleus qui m'ont permis de tenir jusqu'ici. Quand je le voyais me sourire tout les matins, à mon réveil, je me disais qu'il restait encore de l'espoir.
L'espoir est mort à présent.
Dans un bunker, au milieu d'une forêt.
Seul.
J'étais brisée.
Je pris alors l'enveloppe dans mes mains.
« Manon, je suis désolé ».
J'ouvrais la lettre avec empressement.









« Manon,
Si tu lis cette lettre, c'est que j'ai réussi. Tu ne vas sûrement pas bien prendre la nouvelle, mais oui, je t'ai menti. Je t'ai menti pour te protéger. Pardonne-moi. Je sais que ma grand-mère n'aurait jamais ouvert cette lettre, je serai déjà bien supris qu'elle t'ouvre la porte. Elle ne m'a jamais aimé, tout comme le reste de ma famille de sang. Finalement, je n'ai connu que le rejet avant de te rencontrer.
J'ai toujours su la solution pour que tu retournes auprès de tes proches. Et que plus personne ne craigne l'Apocalypse. Je ne pouvais pas te laisser détruire ta vie dans un vieux bunker abandonné. Tu as encore tellement de choses à vivre. Alors, j'en ai finit avec tout ça.
Il y avait une autre option, mais si tu as récupéré cette lettre, c'est qu'elle n'a pas fonctionner.
J'ai fait un vœu. D'autres nommeront ce vœu “ prière ”, mais moi, j'ai encore du mal avec ces mots. J'ai voulu devenir un autre que moi. Peut-être que mon père n'a pas apprécié ce vœu, et dans ce cas, je ne dois pas être dans un bel état. Et tu sais que je ne parle pas de Tate quand je dis “ mon père ”. Je crois que je suis vraiment l'Antéchrist. Cela me conforte dans l'idée que je dois mourir.
Pardonne-moi.
Je serai devenu n'importe qui pourvu qu'on m'accepte. Tu voulais que je devienne meilleur, même si tu ne me l'a jamais dit directement.
J'ai essayé de devenir meilleur. J'ai été contre ma nature. Et cela à mener à ma perte.
Manon, oublie-moi. Ne t'encombre pas de souvenirs et de regrets. S'il-te-plaît, brûle cette lettre et oublie-moi. Continues ta vie. Retrouve tes amis, ta famille. Ta vraie famille.
J'ai passé les, presque, deux plus beaux mois de ma vie à tes côtés, même si nous étions le plus souvent enfermés.
À présent, tu dois rejoindre ta famille, chose que je n'ai jamais connu. Je t'en supplie, fais le pour moi. Retrouve Oliver et Jimmy. Vivez heureux.
Et si je te manques trop, si tu n'arrives plus a concevoir une vie dans le regret, assieds-toi dehors, un soir. Assieds-toi à même le sol comme je le fesais si souvent. Et regarde les étoiles. Si tu en vois une briller plus que les autres, c'est que ça sera moi. Je serai là.
J'aurai voulu t'écrire encore plusieurs pages, mais tu vas bientôt sortir de la douche. Et je dois essayer de changer.

Je t'aime.

Michael.

PS : j'aurai aimer te léguer mon petit carnet. J'y écrivais des chansons. Mais au final, je préfère que tu ne gardes aucun souvenir de moi. Je suis désolé. »

Angelorum resonareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant