Il y a le temps des grands soirs et le temps des blessures

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31 octobre.
Neuvième semaine de grossesse.
Je ne sais pas qui était le plus pressé de revoir Oliver : James, pour connaître un petit peu de répit et de soutien, ou moi.
Le moment tant attendu était enfin arrivé. J'étais vêtue de ma plus belle robe, je m'étais même bouclée les cheveux pour l'occasion, à l'aide d'Elizabeth. Certains hôtes de James étaient déjà arrivés. Après une autre longue heure d'attente, Oliver n'était toujours pas parmis nous. James commençait à perdre patience :

- Je ne comprends pas, dit-il d'un ton irrité. Oliver n'a jamais été en retard, pas une année. Richard est même arrivé avant lui.
- Il va venir, James. J'en suis sûre, dis-je en m'asseyant près du canapé bordeaux de la réception.

La réceptionniste aux immenses lunettes nous regardait du coin de l'œil. Son fils, Donovan, avait encore dû sortir sans même lui adresser la parole. Soudain, me sortant de mes pensées, j'entendis le bruit particulier de la porte qui s'ouvre et de la petite cloche qui s'enclenche.
James et moi nous retournèrent en même temps.
Oliver.
C'était Oliver.
Le bras dans le plâtre. Des hématomes sur le visage. Le verre de sa lunette brisé.
Armé de son éternelle valise beige, il essayait de se débarrasser de la buée sur ses lunettes. Il les replaça sur son nez, rougis par le froid de cette fin d'automne. Il était trempé jusqu'aux os, la tempête fesait rage à l'extérieur.
James me regarda rapidement, puis me demanda d'aller chercher Liz tandis qu'il rejoignait rapidement Oliver, encombré par ses valises.











- Que t'est-il arrivé, enfin ? demanda James, inquiet malgré lui.

Oliver releva la tête dans un sourire.

- Désolé, avec mes lunettes, je ne t'avais pas reconnu, dit Oliver.

James embarqua ses valises.

- Pourquoi avoir emmener tant de d'affaires ?
- Je vais rester plus longtemps que prévu, dit alors Oliver.

James le questionna du regard mais n'insista pas.

- Manon est ici, tenta James. Chambre 64.
- Réellement ? demanda Oliver dans un grand sourire.

Avant que James ai eu le temps de répondre, Oliver lui lança sa veste et monta quatre à quatre les grands escaliers menant à la chambre.
Liz se trouvait dans ma chambre avec moi. La porte s'ouvrit tout d'un coup, découvrant le bonheur sur le visage du psychiatre.
Je lui rendis son sourire et lui sautait dans les bras, ce qui lui arracha un souffle de douleur.

- Désolée, dis-je, gênée. Qu'est-ce qui s'est passé ? ajoutais-je, paniquée.
- Je vais tout vous raconter. Et toi ? Tu as réussi ? C'est incroyable, je suis si fier de...
- Oliver, coupais-je. J'ai aussi des choses à t'expliquer.

Oliver fronça les sourcils.
James nous rejoignit, les bras chargés de valises et de la veste d'Oliver. Il avait l'air mécontent.

- Je ne travaille pas ici, Oliver. Il y a la réceptionniste pour ça, dit-il en montrant les valises.

Je me mis à rire, suivie de Liz et Oliver.
James leva les yeux au ciel.

- Allons dîner, dit-il froidement.












Nous avons attendu la fin de la petite réception de James pour dîner tous ensemble. Nous voilà tout les quatre à table. J'insistais pour qu'Oliver commence à raconter ce qu'il lui était arrivé.

- D'accord, d'accord, finit-il par céder. J'ai eu un accident de voiture, il y a cinq jours. C'est pour ça que je n'ai pas eu le temps de changer mes lunettes, dit-il en nous montrant l'état de ses verres.
- Mais c'est affreux, dit Liz. Tout vas bien ?
- J'avoue avoir eu une sacrée frayeur. Il n'y avait personne sur la route, pourtant ma voiture s'est retrouvée dans le fossé. Comme si une force invisible l'y avait poussée. J'ai eu le bras cassé et une côte fêlée, sinon, seulement des égratignures.
- Une force invisible ? demandais-je alors.
- Oui, dit Oliver en continuant de manger. Sûrement un problème technique de la voiture, j'aurais dû la faire contrôler depuis longtemps.

Je regardais James, qui avait bien compris le cours de mes pensées. Il semblait d'accord avec moi, puisqu'il me fit un léger signe de tête.

- Bon, et toi ? me demanda Oliver. C'est incroyable que tu aies réussi, et en plus tu es de retour pour la réception.

Je baissais la tête.
James prit la parole.

- Manon est de retour depuis fin août.
- Ah, tu es rapide en plus ! s'enthousiasma Oliver.
- Oliver, non, dis-je alors. J'ai pas tuer Michael.

Oliver fronça les sourcils.

- Quoi ? Mais comment tu es revenu ?
- J'ai rencontrer Rudolph.

Le silence se fit à table. Le ton d'Oliver se refroidit.

- Explique-moi.
- Michael s'est suicidé et Valentino m'a retrouver dans la forêt où nous étions cachés, Michael et moi.
- Où vous étiez cachés ? Quoi ?
- Oui, nous étions cachés ensemble. Une assemblée de sorcière était à notre poursuite.
- Donc, tu as préféré le sauver alors que ton but était de le tuer ? commença à s'emporter Oliver.

James et Liz observaient, sans rien dire, cette discussion houleuse.

- Bref, donc il est mort. Et Valentino ? demanda Oliver.
- Ça vous arrange bien qu'il soit mort, hein. Valentino m'a expliqué beaucoup de choses.
- Parles moi sur un autre ton, Manon.
- Pourquoi ? Tu te prends pour mon père ? Alors, quel bonheur tu vas ressentir lorsque tu vas apprendre que tu vas être grand-père ! dis-je en me levant alors.

Oliver releva la tête et me lança un regard noir. Il se leva à son tour.

- Ai-je mal entendu ?
- Tu as très bien entendu.
- Tu es enceinte ?
- Oui.

Oliver respira un grand coup, essayant de se calmer, puis serra les poings.

- Tu es enceinte de ce gamin ? De ce... Comment tu as dit qu'il s'appelait déjà ?
- Michael, oui.

Oliver regarda tour à tour Liz et James. Celui-ci essayait de calmer le jeu, mais Oliver était hors de lui.

- Tu sais ce qui va se passer là ? Tu es au courant que tu portes une monstruosité dans ton ventre ? hurla-t-il. Tu veux mourir en donnant naissance à une abomination ? Mais, tu n'as donc pas réfléchi ?

Il frappa sur la table, James se leva alors.
Mes yeux s'embuèrent.

- Je n'ai peut-être pas autant l'habitude que toi de tuer des gens, dis-je en essayant de respirer calmement. J'ai lu tes lettres, tu as recommencé.
- On ne parle pas de moi, mais de toi. Tu vas foutre ta vie en l'air ! Dit-il en me pointant du doigt.
- Parce que ce n'est pas déjà fait ? Avec tout ce que j'ai vécu, tout ce que vous m'avez demander jusqu'à là ? Me demander de tuer !

James s'essuya le front, n'osant s'interposer entre Oliver et moi qui nous trouvions à peine à un mètre d'écart à présent.

- Ce bébé doit mourir, continua Oliver.
- Rudolph veut le récupérer à la naissance et je ne laisserai personne me le prendre !
- Tu es donc complètement folle ?

Liz se leva soudainement et nous pria d'arrêter de hurler.

- Tu n'es qu'une petite inconsciente, dit finalement Oliver.

Je n'avais rien à ajouter à cela.
Je quittais la pièce en lançant un regard noir et plein de larmes à Oliver.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now