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𝐣𝐞𝐮𝐝𝐢𝟐𝟓𝐚𝐯𝐫𝐢𝐥𝟐𝟎𝟏𝟗, 𝐩𝐚𝐫𝐢𝐬
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Ça faisait près de dix minutes que Virgil me suppliait de ne pas ouvrir les yeux. Je l'écoutais grogner dans sa moustache pendant qu'il s'amusait à rentrer un tas d'épingles dans le tissu du vêtement qu'il venait de m'enfiler. Ça n'est pas la première fois, alors j'avoue que je ne me suis pas vraiment inquiétée ; il a cette fâcheuse tendance de me prendre pour une mannequin quand il n'en a pas dans le coin. Il débarque généralement dans mon bureau pour attraper ma main et m'emmener à l'atelier de l'étage du dessous. C'est ici que je deviens un vrai objet sur lequel il peut enfiler des sweats ou des chaussures, poser des lunettes, des sacs à main ou bien des chapeaux.
La plupart du temps, ça me fait rire de m'imaginer sur un podium quand il me demande de défiler pour vérifier que le vêtement épouse parfaitement mon corps, mais cette fois-ci, je n'avais le droit de ne rien faire. Pas même de laisser mes pupilles s'imprégner de la lumière du jour.
J'ai été emmenée au milieu de la pièce où, soit disant passant, il a dû user de ses muscles pour me poser sur une petite estrade ronde. J'avais interdiction d'en descendre. Je n'ai pas essayé de me débattre ; j'ai toujours eu une confiance aveugle en Virgil et je crois que cette phrase n'avait jamais aussi bien porté son nom ; beaucoup trop aveugle pour garder les yeux fermés plus de dix minutes sans poser de questions.
- V that's beautiful, a chuchoté une voix féminine.
- I know, il a répondu avant de poser sa main sur la mienne. Ouvre tes yeux El, il m'a gentiment demandé avec son petit accent.
Le créateur d'Off-White ne s'est pas fait prier, mes yeux se sont instantanément ouverts. Je ne sais pas si la curiosité était la raison pour laquelle le flou qui formait un voile sur mes pupilles m'exaspérait, mais j'ai dû les cligner à plusieurs reprises pour constater ce qu'il y avait dans ce miroir. Je ne suis même pas capable d'exagérer ; mon souffle s'est coupé.
C'était moi, portant la plus belle robe de mariée qu'il m'ait été donné de pouvoir regarder.
- Je suis là, Ana a manifesté son arrivée derrière-moi avant de stopper son regard sur ma tenue.
- What do you think ? A demandé Virgil.
Ni elle, ni même moi avons pu laisser un son sortir de nos bouches et le temps d'un instant, j'ai presque oublié que je n'étais pas seule dans la pièce. Je crois que même si je l'avais voulu, j'aurais été incapable de poser mes yeux ailleurs que sur le reflet que renvoyait cette robe dans le miroir.
