Chapitre 5 : L'accident

136 9 30
                                    

Deux semaines avaient passé depuis le premier jour d'entraînement, et les liens ne cessaient de se renforcer entre les quatre soldats qui avaient pris l'habitude de déjeuner ensemble à chaque repas.
Le mois de Septembre annonçait déjà la saison automnale et les rues se refroidissaient de plus en plus forçant les civils à sortir les pulls en laines et les bottes rembourrées.

Livaï entraînait toujours plus ses soldats, malgré la fraîcheur de l'air, à manier leurs équipements tridimensionnels avec vitesse et précision. Au bout de plusieurs heures, il les laissa aller se débarbouiller et prendre une pause pour déjeuner dans le réfectoire avec le reste des soldats.

-Je vous ferais passer le message si j'ai encore besoin de vous, mais partez du principe que je vous laisse ce temps pour vous reposer un peu. Déclara-t-il avec son sérieux militaire qui semblait s'adoucir au fil des jours qu'il passait en leur compagnie.

Avoir sa propre équipe, avec des soldats en qui l'on peut avoir confiance lui rappelait douloureusement la mort de ses deux acolytes avec qui il avait combattu autrefois.
Il observait ses courts cheveux roux pendant qu'elle discutait avec Auruo. Il n'arrivait pas à être agréable avec elle, elle le déstabilisait et cela ne lui plaisait absolument pas. Un caporal ne pouvait pas se permettre de manquer de sérieux ou de sévérité avec l'unique femme de son équipe à cause des rumeurs que cela pourrait déclencher, malgré le fait qu'au fond de lui, il ait bel et bien conscience de la façon dont elle le regardait également.

Mais il préférait ignorer l'effet qu'elle produisait en lui en faisant passer ça pour de l'exigence naturelle d'un supérieur envers sa subordonnée. La rage qu'elle créait chez lui n'était dirigée en réalité que contre lui-même, mais l'évacuer contre la rousse le faisait se sentir beaucoup moins coupable de tout ce qu'elle provoquait involontairement dans l'esprit de son supérieur.

Il regrettait malgré tout, les remarques désobligeantes qu'il avait pu lui adresser, ou encore le mépris avec lequel il l'observait parfois pour ne pas laisser échapper un soupçon de l'admiration qu'il éprouvait réellement.

Chassant ces pensées de son esprit, il se dirigea vers le bureau d'Erwin et toqua à la porte du Major. Il lui vouait un grand respect et une loyauté très profonde, ce qui le poussait à attendre l'autorisation du blond pour entrer.

-Tu voulais me voir Erwin ?

Le supérieur releva les yeux de son bureau et fît face à celui qu'il considérait en quelques sorte comme son bras droit.

-Oui Livaï, alors que penses-tu de ton escouade ? J'ai remarqué des compétences offensives assez remarquables. Tu as bien choisi.

-J'essaie déjà de réfléchir à certaines formations qui pourraient optimiser la sécurité avant tout mais mes compétences stratégiques n'égaleront jamais les tiennes Erwin. Avoua l'homme aux cheveux noirs en s'approchant du meuble sur lequel reposait son interlocuteur.

-Et sur le plan social ? Ils s'entendent bien tu as remarqué des affinités ?

-Auruo et Petra ont l'air proches, j'ai lu qu'ils combattaient depuis un moment ensemble. Quant aux deux plus âgés Erd et Gunther, on sent que l'expérience leur fait de l'effet ils ont une meilleure maîtrise de leurs équipements.

-Bien, que dirais-tu d'organiser la 47ème expédition extra-muros dans ce cas ? Je me suis entretenu avec Hanji et Mike, ils y sont tous les deux très favorables.

Le chef d'escouade resta étonné à l'entente de cette proposition inattendue. En effet, ce n'était que le début de leur entraînement en équipe et le caporal se demandait quels arguments avaient poussés Hanji et Mike à accepter aussi facilement. Mais, malgré les réticences de celui-ci, il ne pouvait se résoudre à confiner son escouade alors que tout le reste du bataillon s'en allait explorer l'extérieur.

-Quand se déroulerait-elle ?

-D'ici un mois de cette façon, ça nous laissera le temps de nous préparer et d'établir une stratégie plus précise avec les membres de chaque escouade.

-Hmm, bien, compte sur nous.

Le brun s'en alla sans demander son reste, et partit s'installer dans son bureau pour terminer les lettres de condoléances destinées aux familles des soldats morts durant la dernière expédition.
Il s'attela à la tâche et ne pouvait s'empêcher de raturer chaque mot au fur et à mesure qu'il les écrivait. Il ne trouvait jamais les mots pour expliquer à des parents le décès de leur fille ou de leur fils, ayant toujours eu des grandes difficultés à comprendre et à exprimer des émotions. C'était à ses yeux, de loin la plus grande corvée qu'il devait subir au sein de ce corps d'armée.

Il se sentait étrangement fatigué et s'affaissait sur sa chaise de manière négligée en se perdant  dans ses pensées lointaines.
Il ne réussissait pas beaucoup à dormir en temps normal, mais depuis quelques jours, ses nuits semblaient de plus en plus courtes. Il n'aimait pas s'allonger seul, dans un lit à ne rien faire car ses pensées le rattrapaient au fil des heures qui défilaient. La seule manière qui l'empêchait de de sombrer dans un endormissement douloureux était de travailler des nuits entières, ou de s'en aller boire des thés amers devant des lectures ennuyeuses de rapports de mission qu'il devait rendre à Erwin.
À cette idée, il décida d'aller justement s'en préparer un dans le réfectoire presque vide en ce début d'après-midi.

Après avoir terminé leur repas, Auruo avait dans un élan de courage, proposé à sa camarade de sortir voir le marché d'automne. C'était bien la première fois qu'ils se verraient hors du cadre militaire dans lequel ils s'étaient rencontrés. Petra semblait quelques peu étonnée de sa proposition mais avait accepté poliment ayant sincèrement envie de participer aux festivités de la ville.
Elle se préparait dans sa chambre en enfilant une tenue de civil à la place de son uniforme bien trop reconnaissable. Elle recoiffait ses cheveux roux d'un coup de brosse et fît un peu de rangement dans sa chambre complètement désordonnée.

Elle allait devoir se comporter comme une jeune femme normale et non comme une soldate dévouant son cœur à l'humanité, ce qui n'allait pas être une mince affaire étant donné qu'elle allait être accompagnée de son plus fidèle compagnon d'arme.

Elle repassa une ultime fois devant la glace et fut frappée d'un choc. Sa tenue lui rappelait énormément celle qu'elle arborait à l'époque où elle travaillait en tant que serveuse avec son tablier plein de tâches de vins. Etrangement elle n'aimait pas lutter contre ces souvenirs lui rappelant cette soirée durant laquelle son supérieur s'était montré si avenant.

« Arrête voyons, tu n'as plus 15 ans Petra ! » Se disait-elle en se dirigeant enfin vers les escaliers menant au hall d'entrée. Mais, alors qu'elle se dépêchait de descendre ne souhaitant pas faire patienter son ami, elle sentit ses pieds s'entrechoquer et vit la dizaine de marche qu'il lui restait à dégringoler ainsi.

Son allure s'était accélérée et la pente des escaliers la poussa à tomber irrémédiablement vers le sol froid du hall. Elle sentait sa chute arriver, et fermait instantanément les yeux à la vue de sa descente maladroite.

Mais au contact du sol, celui-ci lui parut moins dur que habituellement et extrêmement... brulant ? Elle ne savait comment mais elle s'était brûlée en tombant sur ce qu'elle pensait être Auruo, mais en s'écartant sous le choc, elle vit des cheveux noirs finement coupés étalés sur le sol, qui était d'ailleurs trempé d'une eau noircie, et ce fut après s'être frotté les yeux une seconde et avoir reprit ses esprits qu'elle vit son caporal trempant dans du thé bouillant mélangé à du sang venant de coupures causées par des bouts de porcelaines. Elle mit ses mains devant sa bouche, tellement honteuse de ce qu'elle venait de faire. Elle avait littéralement assommé et ébouillanté le caporal-chef Livaï devant Auruo et plein d'autres soldats du Bataillon.

Elle se redressa rapidement, en sentant une vive douleur sur sa taille, et laissa deux soldats bien plus grands et massifs qu'elle porter le corps de l'homme abasourdi pour l'emmener vers l'infirmerie. Elle venait de mettre la pagaille dans le hall en l'espace d'un instant et s'empressait de suivre les soldats à l'infirmerie sous les ordres d'Hanji.

L'infirmière et cheffe d'escouade avait été prévenue par Moblit Berner, son commandant adjoint qui avait assisté à la scène. Elle s'occupa avec grand soin de soigner la blessure assez superficielle de la soldate se confondant encore en excuses après avoir retiré les bouts de porcelaines plantés dans la cuisse de son supérieur.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant