Chapitre 24 : Marché d'hiver

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Ils marchaient tous dans cette atmosphère apaisée et douce comme une fine brise qui caressait le visage. Erd et Gunther, les deux soldats de l'escouade d'élite, discutaient en voyant leur chef et leur amie s'éloigner du groupe. Gunther paraissait soucieux au sujet de sa camarade, tout comme Erd qui se comportait comme un grand frère attentionné avec elle.

-Erd, tu ne trouves pas que le caporal est un peu... étrange avec Petra ? Lui demanda-t-il en faisant baisser les yeux de son ami vers la rousse et leur supérieur, partageant leur boisson chaude.

-Je crois que je vois ce que tu veux dire, oui. Même si ça n'est peut-être pas le cas, c'est vrai qu'il agit bizarrement avec elle. Enfin, elle aussi mais ça tout le monde l'avait remarqué. Déclara le blond comme si c'était l'évidence même.

Erd, encapuchonné, leur jetait des coups d'œil furtifs, jusqu'à ce qu'ils les voient s'éloigner vers une autre ruelle amenant vers une autre zone de la ville. Le marché était présent absolument partout, et l'ambiance battait son plein entre les musiciens créant un fond sonore et les marchands criant pour attirer les passants.

-J'espère seulement qu'il ne la laisse pas se faire trop d'idées. Il ne faudrait pas que ça crée des problèmes au sein de l'équipe. Dit finalement Gunther ne se laissant pas attendrir par les yeux pétillants de la jeune femme qui suivait aveuglement leur supérieur.

-Ne t'en fais pas. Je suis sûr que Petra est une fille intelligente, elle sait ce qu'elle fait. Elle ne mettra pas l'escouade ou son poste en péril pour ses sentiments. Enfin, j'espère...

Livaï et sa subordonnée traversaient la rue sombre les faisant rejoindre la grande place où tous les habitants du district s'étaient réunis et tapaient en cœur des mains devant des musiciens enjoués. Un joueur d'accordéon lança un discret clin d'œil à la jeune femme, qui ne le remarqua même pas, mais qui ne manqua pas d'irriter quelque peu le caporal à ses côtés. Il ne l'avait apparement pas reconnu, et tant mieux, car le brun collait discrètement son épaule à celle de la rousse, comme pour signifier clairement qu'elle était déjà accompagnée.

« Mais qu'est-ce que je fais moi ?! Il peut bien lui faire des clins d'œil si ça lui chante, ce ne sont pas mes affaires ! » S'énerva-t-il intérieurement sans pour autant se détacher d'elle qui souriait candidement à la jeune femme tenant sa guitare.

Derrière les deux jeunes gens, absorbés par la musique, se trouvait un petit groupe d'enfants s'amusant à se jeter des boules de neige. Ils se cachaient derrière les façades des bâtiments et tiraient à l'aveuglette sur leurs amis, riant aux éclats. Mais soudain, le caporal chef sentit un étrange courant froid et humide dans sa nuque.

Il y posa sa main et se retourna, l'air furieux face aux trois gamins terrifiés devant son expression sévère. Petra, sentant le mouvement de son accompagnateur, leur fit face également. Elle vit leurs doux visages enfantins et eût une immense envie de leur pincer les joues tant ils étaient mignons.
Un des garçons s'approcha de Livaï ayant adouci son visage en voyant le sourire de la rousse, et il s'adressa à lui sous son bonnet en laine.

-Je suis désolé, monsieur. S'excusa-t-il d'une voix tremblante face au militaire qui baissa les yeux vers lui.

Petra, amusée de voir une telle situation, attendait impatiemment la réponse de son caporal. Elle se demandait comment il allait parler à cet enfant, presque effrayé devant sa prestance. Si elle avait bien un critère en matière d'homme, c'était qu'il ait l'esprit paternel. Elle désirait avoir des enfants dans ses fantasmes les plus fous et se plaisait un peu à imaginer à quoi ressemblerait sa vie de mère. Mais elle se reprit prestement en réalisant à quoi elle pensait face à cette scène attendrissante, et se remit immédiatement les idées en place. « Ce n'est pas ton mari, ni le père de tes enfants, Petra ! Réveille toi, bon sang ! »

Livaï s'accroupit face au petit, et lui parla de son ton le plus calme et le moins effrayant possible.

-Ce n'est rien, va maintenant. Dit-il en faisant un petit signe de la main, pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave.

Il ne pouvait pas s'énerver contre les mioches, ayant été des plus énervants et bagarreurs, il ne se permettait pas de réprimander des âmes si innocentes n'ayant jamais connu la violence ou la terreur des bas-fonds. Il prit discrètement un peu de neige dans sa main nue et déjà glaciale, et commença à former à l'abris des regards, la meilleure boule de neige qui soit.
Et puis, tandis que les gamins s'étaient déjà un peu éloigné, il la balança sur celui qui lui avait parlé avec tout son courage. Il visa, et en une seule seconde, la boule atterrit dans le dos de sa cible.

Petra rit aux éclats en voyant son chef s'amuser ainsi, elle n'aurait jamais penser le voir de cette façon un jour mais elle se réjouit d'en avoir la chance. Elle ne détachait plus ses yeux ambrés et complices du visage du brun qui concentrait son attention sur les trois enfants ayant reprit leur bataille.

-Je ne vous savais pas si joueur caporal-chef ! Dit-elle tout sourire, en prenant son ton malicieux qu'elle avait un peu emprunté à Hanji.

-Ça peut m'arriver. Répondit-il simplement, ne pouvant pas justifier autrement sa spontanéité et ses agissements.

Il se plut à la voir rire en sa présence, elle qui souriait tout le temps, mais ne riait ainsi qu'avec ses camarades. La rousse remarqua les pupilles bleutées de son supérieur qui l'observaient fixement et détourna les siennes, en rougissant.

Ils finirent par rejoindre le groupe comme si de rien n'était, et le brun rejoignit les vétérans. Petra, elle se mit à marcher aux côtés de Nanaba qui restait très souvent avec Mike, son chef d'escouade. Elle passèrent le reste de la balade à discuter et à rire des blagues d'Hanji à propos des expériences fantastiques à mener à propos des titans. Erwin qui continuait sa route, à côté de Livaï remarqua qu'il s'arrêta devant des étalages de bijoux et de vaisselles.

-Tu as un cadeau à offrir Livaï ? Demanda-t-il curieux de savoir pourquoi son compagnon d'arme s'éternisait ainsi devant des colliers et des bagues.

-Hm. Acquiesça-t-il comme à son habitude.

Les autres poursuivirent leur chemin, laissant le brun au milieu des habitants regardant eux aussi, les objets proposés par les vendeurs. Soudain, le caporal reconnut cette odeur assez sucrée mais très légère de camomille. Il se souvint que c'était la saveur des infusions de la rousse, lorsqu'elle avait discuté avec lui au beau milieu de la nuit ou lorsqu'ils se réchauffaient à l'intérieur. Il en prit une boite, pour son usage personnel, et continua de chercher un présent qui enchanterait la jeune femme pour son anniversaire.

Il souhaitait lui offrir quelque chose, une chose qui lui ferait penser à ce qu'elle aime, qui lui ferait plaisir. Mais il n'était pas très à l'aise avec ce genre de traditions, et cela lui faisait définitivement défaut.

Mais tout à coup, ses yeux croisèrent ce qui lui sembla être absolument parfait pour l'occasion. Il n'aurait pas pu demander mieux.

Les jours passèrent, en laissant derrière eux de plus en plus de neige qui s'accumulait sur les toits et dans les jardins. Le paysage automnal avait été définitivement remplacé par ce décor blanc et immaculé faisant ressortir les faibles lueurs du soleil. Et pendant un petit déjeuner qui semblait être aussi banal que tout les autres, Hanji s'approcha à grands pas de la table où l'escouade d'élite prenait tranquillement son repas. La brune à lunettes se plaça debout en face de la rousse qui ne comprenait toujours pas la raison de sa présence.

-Bon anniversaire Petra ! Déclara la cheffe d'escouade encore plus enjouée que la principale concernée, qui fut agréablement surprise qu'elle s'en soit souvenu.

Petra n'avait pas vu le temps passer entre les nettoyages de la cour, du grenier, du sous-sol et de tous les autres recoins possibles et inimaginables. Mais elle comprit au regard d'Hanji que ce soir, elle pourrait enfin profiter d'un peu de temps libre, en fêtant ses vingts ans. Elle avait en effet, reçu une lettre de son père le matin même, dans laquelle celui-ci lui souhaitait une excellente soirée, en parlant encore et encore de cette époque où elle n'était pas plus haute que ses genoux. Il lui parla également de mariage, d'enfants et des ses rêves qu'elle ne réaliserait peut-être jamais. Elle lâcha une larme en la lisant, songeant à ce que devait être en train de faire celui qui occupait constamment ses pensées depuis le premier jour de Décembre.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Where stories live. Discover now