Chapitre 40 : La lettre

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Livaï consterné, avançait de façon morose droit devant lui, sans faire attention aux remarques médisantes des passants le laissant complètement indifférent. Mais cet homme d'une cinquantaine d'années, aux rides frontales et aux habits modestes, le sortit désagréablement de ses pensées, avec son sourire et sa bonne humeur.

Il pensa d'abord qu'il s'agissait d'un énième commerçants désirant faire affaire, ou d'un admirateur du bataillon d'exploration malgré le fait que le corps d'armé n'était pas très apprécié. Mais soudain, le vieil homme sortit le caporal de ses pensées en mentionnant le prénom de sa subordonnée, il ne le regarda pas pour autant, mais se fit bien plus attentif aux dires du cinquantenaire.

-Bonjour caporal-chef Livaï, excusez-moi de venir vous déranger, mais je voulais vous remercier de prendre soin de ma fille, je suis le papa de la petite Petra. J'aimerais vous parler de quelque chose mais il faut que ça reste entre nous. Ma fille m'a envoyé cette lettre et elle semble déterminée à vous suivre où que vous alliez, car elle vous admire beaucoup. Elle s'emporte un peu, elle ne se rend pas compte qu'en tant que parent on s'inquiète pour elle ! Dit-il sur un ton amusé, comme s'il ne remarquait pas le visage troublé du caporal. Enfin, je m'égare ! Je pense seulement qu'il est encore un peu tôt pour qu'elle se marie, elle a tant de chose à découvrir !

Le supérieur sentit son cœur rater un battement à l'entente de ces paroles, il finit par saisir la lettre que lui brandissait l'homme depuis cinq bonnes minutes, en lui adressant un regard presque respectueux. Il ne s'y attendait absolument pas, et le simple fait que Petra ait pu parler de mariage mais aussi de lui dans une des lettres qu'elle envoyait à son père lui paraissait complètement insensé. 

Le cinquantenaire partit rejoindre sa fille, laissant Livaï avancer aux côtés de sa monture. Il songeait à un nombre innombrables d'informations à la fois, et une certaine vanité naissait en lui à force de penser que sa subordonnée pouvait bel et bien avoir laissé sous entendre de telles choses.

Il se gifla mentalement, et se répéta que le père de la rousse avait seulement dû se faire des idées en lisant la lettre de sa fille. Hanji, en voyant son ami perplexe après l'arrivée de cet homme, s'était rapprochée de lui, en tenant son cheval par les rennes.

-Alors Livaï, c'était qui ce vieux ? Demanda la brune amusée de le trouver dans un tel état.

Il ne réagit pas à la façon dont elle avait nommé le père de Petra, et se contenta de soupirer un bon coup.

-Tch, t'occupe !

-Il t'a carrément donné une lettre ! Allez, dis-moi qui c'était ! S'exclama-t-elle, alors qu'elle avait entendu d'une oreille distraite leur conversation.

Il hésitait, ne sachant pas s'il était très judicieux d'informer sa camarade à propos de cette lettre. Mais voyant qu'elle ne le lâcherait pas, il céda au bout de quelques minutes.

-C'était le père de Petra, la ferme maintenant.

Hanji afficha une expression surexcitée, comme si elle venait d'entendre la meilleure nouvelle de toute son existence, mais sut malgré tout se tenir à carreaux. Elle avait remarqué la déception de son ami et sa mine perplexe depuis la fin de l'expédition, alors elle préféra ne pas en remettre une couche en l'embêtant de trop. Après tout, elle aurait tout le loisir de le faire au quartier général.

De son côté, Petra serrait son père dans ses bras, rassurée de voir qu'il était bien rentré au district et qu'il était en pleine santé. Il la regardait comme la prunelle de ses yeux et commença à lui demander comment s'était passé cette expédition.

Elle n'osait lui répondre que celle-ci avait été un désastre humain, et une défaite contre ces monstres sanguinaires de peur de se prendre un énième sermon de sa part.

-J'ai croisé ton caporal tout à l'heure ! Tu as raison, il m'a l'air très bien ma chérie ! Comme tu l'as dit dans ta lettre, il est vraiment admirable ! Déclara-t-il sans prévenir en lâchant un clin d'œil à sa chère fille.

Petra était rouge de honte, car ses amis n'étaient pas loin et lui lançaient des regards amusés. Erd en particulier, s'était retourné pour la regarder avec étonnement avec un faible sourire, à cause des nombreuses fois où son amie avait bougonné à propos de son père pendant leur repas.

-Papa, nous parlerons de ça plus tard... Je dois retourner avec mon équipe, prend soin de toi, d'accord ? Répondit-elle en partant avec un sourire embarrassé, en saluant son paternel.

Elle retrouva les garçons qui l'avaient attendu, et leur lança un regard noir en les voyant rire de sa gêne.

-Pas un mot devant le caporal-chef. Ordonna la petite rousse à ces deux soldats qui se comportaient comme ses grands frères.

Auruo était resté quelques mètres devant eux, et portait une mine déçue lorsqu'il entendit Petra parler encore de leur supérieur. Il admirait énormément ce grand soldat, mais il ne pouvait s'empêcher de l'envier. Il avait remarqué comment son amie n'arrêtait plus de le regarder, et se doutait bien que les sentiments de celle-ci se dirigeaient vers lui. Depuis si longtemps, il était là pour elle, il avait déjà pensé à lui dire ce qu'il ressentait, mais il était lâche.

Son cœur se brisait à chaque fois qu'il remarquait que les yeux ambrés de Petra observaient le caporal-chef, il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même. Il la connaissait, il l'aimait, il voulait la protéger, seulement la vie était injuste et la jeune femme préférait cet homme qu'il admirait également.

Les trois garçons avaient tous remarqué comment était la rousse avec leur supérieur, mais pendant qu'Erd et Gunther riaient, Auruo restait dans son coin, sans rien dire en attendant que ça passe. Toutefois, la douleur ne restait pas temporaire, et son âme regrettait toujours de n'avoir jamais eu le courage de parler à son amie de ses sentiments.

Il préféra se rapprocher du chariot où sommeillait Eren, mais lorsqu'il vit que sa camarade aux cheveux noirs lui tenait tendrement la main, il s'en éloigna. Il n'avait vraiment pas besoin de regarder plus longtemps combien ce gamin recevait plus d'attention de la part d'une fille comparé à lui.

La marche jusqu'au bâtiment avait été longue, mais ils étaient enfin rentrés. Eren fût immédiatement consigné dans une cellule du sous-sol, et le major ainsi que tous les soldats préparèrent les rapports.

L'expédition avait été remplie d'informations, de découvertes, et tous ceux ayant été en contact avec le titan féminin se devaient de revivre l'horreur en les mettant à l'écrit. Petra s'y était attelée elle-aussi, oubliant complètement le repas du soir et en se concentrant pour n'oublier aucun détail.

Les jours suivants, ils devraient à tout prix retrouver le coupable de ce massacre, où qu'il soit. Car grâce à l'escouade d'élite, ils avaient la confirmation que c'était un soldat, qui savait utiliser l'équipement tridimensionnel et qui pouvait se fondre dans la masse.

Une réunion allait avoir lieu ce soir là. Trois jours avaient passé et chacun était exténué, mais Eren allait être livré aux brigades spéciales, et ils devaient agir vite. Il allait certainement être tué pour la science et le bataillon devait empêcher une telle chose, pour le bien de l'humanité et aussi pour celui d'Eren.

L'escouade d'élite avait été convoquée au grand complet, ainsi que des jeunes recrues que les quatre soldats ne connaissaient pas. Le major, le caporal-chef et les soldats étaient tous assis autour de la table, attendant les explications du petit soldat blond qui semblait avoir une théorie à propos de l'identité de ce soldat.

Il se nommait Armin, Mikasa était aussi présente, et un grand aux cheveux châtains assez clairs s'appelait Jean. Ils étaient tous des anciens camarades d'Eren, et avaient un témoignage intéressant sur le titan féminin.

La discussion pouvait enfin débuter, et la réaction d'Eren à l'évocation d'une certaine Annie étonna grandement Petra. Cette fille était suspectée d'être le traître qui avait massacré les soldats, et pourtant le brun la défendait ardemment.

Livaï n'était habillé que d'un haut gris à manches longues, ses yeux étaient bordés de cernes et la rousse remarqua son état de fatigue affolant. Elle gardait son sérieux, mais pensait déjà au thé qu'elle lui préparerait ce soir-là.

Quant à son supérieur, il la revoyait enfin depuis leur rentrée de l'expédition, et cela lui faisait un bien fou. La lettre qu'elle avait écrite patientait encore sur son bureau, et Livaï se dit qu'il la lirait dès la fin de cette foutue réunion.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Where stories live. Discover now