Chapitre 28 : Joyeux Noël

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Le repas se déroulait à merveille, et tandis que tous les soldats allaient revenir à table, deux d'entre eux apportèrent la buche au chocolat. La rousse s'était assise délicatement à sa place, repliant sa robe sous ses genoux. Mais elle fut surprise de sentir la main de son supérieur, s'asseyant à côté d'elle, presque en train de frôler la sienne. Dans ce doux frisson parcourant son échine, elle posa prestement ses avant bras sur la table. Ils n'osèrent même pas se regarder tout le long du repas, et détournèrent les yeux à chaque contact entre leurs jambes ne profitant pas de beaucoup d'espace.

Les conversations fusaient et les yeux de la jeune femme brillaient devant la nourriture exposée sur la nappe. Livaï, quant à lui, ne supportait que difficilement la fatigue qui s'était emparée de son corps depuis quelques minutes, et il se leva de table faiblement pour s'échapper de cette assemblée.

Petra le remarqua tout de suite, à cause du vide qui avait prit la place de celui à côté d'elle. Elle le vit passer la porte, dans son costume de jais. Mais elle résista à son envie de le suivre et termina rapidement son assiette. Seulement, sa démarche ne l'avait pas rassuré, et elle céda à ses doutes en quittant discrètement l'assemblée sous le regard malicieux d'Hanji.

Elle le suivit sur le toit du quartier général, et monta jusqu'au ciel étoilé de ce réveillon de Noël. Il observait le ciel, les bras croisés sur les créneaux du sommet des tours. Chaque étoile scintillante semblait sortie tout droit d'un autre univers tant elle brillait. Elle s'approcha, toujours en talons bas, pour se placer à sa droite tout en regardant vers les astres planants au dessus de leurs têtes.

-Bonsoir. Dit-il d'un air détendu comme un chuchotement s'évanouissant dans la nuit.

-Bonsoir caporal, alors cette soirée ? Qu'en avez-vous pensé ? Demanda-t-elle en jetant un regard à ses épaules sveltes.

Il ne savait quoi répondre à ça, elle se montrait si naturellement insouciante envers lui, qui était empli de remords et de dilemmes.

-Ce n'était pas mal. Le repas était très bon. Déclara le brun comme s'il faisait un simple constat sur le moment si chaleureux qu'il venait de passer.

Il n'avait même pas réellement fait attention à la saveur de la nourriture servie ce soir-là, il avait été bien trop occupé à penser au frôlement de leur jambe sous la nappe blanche, et à regarder son profil si souriant.
Il préférait la dévorer du regard quand elle ne s'en rendait pas compte, pour ne pas avoir à détourner honteusement les yeux de sa silhouette et faire comme s'il ne s'était rien passé. Sa subordonnée rit de sa voix cristalline résonnant dans la nuit noire à la réponse de son supérieur. Elle souffla sur ses doigts qui se refroidissaient à mesure qu'elle restait ainsi découverte dans cet air glacial.

-Tiens, prends ça. Ce n'est pas normal de sortir en robe avec une telle température dehors. Lui reprocha-t-il en lui posant sa veste noire sur les épaules.

Il ne portait plus que sa chemise blanche sur le dos, préférant la savoir au chaud plutôt que de rester avec sa veste. Elle serra le vêtement autour d'elle de ses mains fines et délicates, en remerciant le caporal d'un mouvement de tête. L'heure avait tourné, et le réveillon devait déjà être achevé étant donné les cris de joies se faisant entendre dans le réfectoire.
Petra rit une fois de plus en écoutant les rires chaleureux de ses camarades alcoolisés, qui fêtaient minuit comme si c'était l'heure de la nouvelle année.

-Ah, je pense que c'est le 25 décembre ! Bon anniversaire caporal-chef. Murmura-t-elle au brun la dévisageant à l'entente de ses paroles.

Elle y avait pensé à la seconde même, et il se dit que cela devait faire une éternité que quelqu'un ne lui avait plus souhaité son anniversaire. Il ne savait pas quoi dire, et restait inconsciemment bouche bée face à la jeune femme lui tendant un petit paquet.

-Tenez, ce n'est pas grand chose, mais j'ai pensé que vous aimeriez.

Sans un mot, il saisit délicatement le paquet, d'une main presque tremblante, et défit le ruban en tissus autour de celui-ci. Il avait pensé à elle à la seconde où il avait vu le bracelet rouge qu'il lui avait offert, et se mit à se demander si elle avait pensé à lui autant qu'il l'avait fait. Ce moment semblait tout bonnement irréel, comme à chaque sourire qu'elle lui adressait et qui faisait disparaître le décor qui les entourait. Dans ses mains se trouvait un petit sachet de thé parfumé aux fleurs et aux fruits rouges. Il releva des yeux mélancoliques vers la jeune femme rousse, attendant impatiemment sa réaction.

-Alors, vous aimez ? Demanda-t-elle hésitante face au silence de son supérieur.

Dans un élan d'émotions, il la prit vivement dans ses bras, la tenant fermement contre lui. Elle ne réalisa pas à quel point cette tendresse et cette preuve d'attention envers lui l'avait ému. Petra restait sans mot, tendue contre les muscles du caporal qui ne pouvait plus la lâcher.

Livaï savait qu'il allait regretter ces mots à l'instant où il les prononcerait, mais il ne pouvait interrompre ce contact entre leur peau et retenir cet immense sentiment qui le consumait de l'intérieur.

-Je sais que je ne devrais pas mais, merci Petra. Merci pour tout. Lui dit-il enfin, à un cheveu de s'effondrer dans les bras de la rousse.

Petra posa timidement ses mains dans le dos de son supérieur, et attendit quelques minutes ainsi, dans cette étreinte. Ce geste avait un million de fois plus de sens pour eux que pour n'importe qui, mais ceci était une chose qu'il valait mieux conserver en secret, dans un coin de leur coeur battant dans une parfaite symbiose.

Il se détacha finalement d'elle, à contre cœur, parce qu'il prit peur de ce que tout ceci pourrait engendrer au fond de lui. Il vaudrait mieux pour eux qu'ils disent qu'il ne s'était rien passé, qu'ils avaient simplement discuté, que cette veste sur les épaules de Petra n'était pas celle de Livaï, et que la jeune subordonnée n'était pas la cause de ce cœur douloureusement heureux. Petra le voyait, plus vulnérable que jamais, mais elle ressentait un profond bonheur face à cet homme qui se dévoilait peu à peu sous ses yeux.

-Voulez-vous que je vous prépare ce thé caporal-chef ? Proposa-t-elle en désirant intimement recréer la soirée qu'ils avaient passé ensemble lors de son anniversaire.

Il soupira laissant son souffle former un nuage blanchâtre, et accepta d'un faible mouvement de tête, sans sourire et en reprenant son air sérieux et solennel. Petra descendit seule vers les cuisines du quartier général, d'où elle entendait ses camarades faire la fête en chantant et en riant de plus en plus fort. Elle monta un plateau portant deux tasses fumantes, sentant toutes deux les fruits rouges et la rose. Elle les déposa sur la table basse en bois de la bibliothèque, où son caporal l'avait attendu, et s'installa dans le fauteuil en face du sien. Elle portait toujours ce veston dont émanait le parfum de sa peau, elle songea à la dernière fois qu'elle avait porté un de ses vêtements et se demanda s'il était courant pour lui de les prêter ainsi, bien qu'elle douta que ce soit le cas.

Il plongea ses fines lèvres dans la boisson chaude, et ressentit ces saveurs parfaitement bien choisies par sa ravissante subordonnée, semblant satisfaite des saveurs qu'elle avait choisi avec tant de soins.

-Je ne sais pas pourquoi je ne bois pas de thé plus souvent, c'est vraiment très bon. Déclara la rousse en s'essuyant discrètement la bouche.

-C'est reposant, mais ça n'endort pas pour autant. Répondit le caporal-chef en tant que grand habitué.

-Ça ne veut pas dire que l'on peut sauter des nuits vous savez. Dit finalement Petra, en référence aux courtes nuits que son supérieur passait, assis sur sa chaise.

-Il y a longtemps que je n'ai plus songé à m'allonger. C'est un enfer de ne pas trouver le sommeil en ne pouvant rien faire d'autre que penser.

-Je vois, pourtant vous dormiez allongé pendant votre période de rétablissement. Je ne devrais pas avoir à vous casser quelque chose pour vous endormir. Plaisanta-t-elle face au regard persan de son caporal.

-Disons que c'était différent. Déclara le brun en prenant une gorgée de son thé réchauffant, sous les yeux perplexes de sa subordonnée.

Elle n'était pas sûre d'avoir exactement saisi le sens de ce mot, mais ce qui était certain c'était que désormais, il y aurait ces petits détails entre eux, ces souvenirs, qui pourraient bien rendre leur lien éternellement différent. Mais cette pression qui pesait sur les épaules ne s'allégeait que durant ces brefs congés, et les batailles reprendraient prochainement la place qu'elles occupaient dans leur conscience.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Where stories live. Discover now