Chapitre 6 : Excuses

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Il entrouvrit doucement ses yeux bleus et sentit une douleur insistante le long de son torse sculpté et de sa cuisse. Eblouit par la blancheur des murs qui l'entouraient, il prit quelques secondes à distinguer l'endroit et la posture dans lesquels il se trouvait. Il était allongé sur un des matelas de cette salle de soins, observé par sa subordonnée et ses yeux ambrés inquiets.

Il la reconnut instantanément et tenta de se relever comme si aucune douleur ne pouvait l'en empêcher, mais il se ravisa en sentant le sang s'accélérer dans tout son corps à ce simple geste.
Le dernier souvenir qu'il avait eu avant de s'écrouler, était celui de la jeune fille se précipitant dans les escaliers abrupts d'un pas très peu assuré.
Il tourna uniquement sa tête vers elle et s'amusait intérieurement à la voir détourner les yeux au moment même où il posait les siens sur son corps uniquement couvert d'un bandage au niveau de la taille.

Hanji camouflait sa silhouette féminine dénudée de la vu de Livaï, mais il devinait des bleus sur son abdomens ainsi qu'une trace rougeoyante de brulure entourée d'un bandage blanc immaculé.

Elle n'osait plus lui faire face, tandis que lui ne se gênait pas d'analyser les expressions de ses yeux à chaque mouvement expert d'Hanji.

-Et voilà ! C'est terminé ! S'exclamait sa collègue comme si elle venait d'annoncer l'achèvement d'un autre de ses projets étranges.

Hésitante, la jeune femme finit par faire face à son supérieur blessé pour s'excuser officiellement envers lui.

-Je vous présente mes plus plates excuses caporal-chef ! C'était un accident et je ferais tout le nécessaire pour me racheter ! Je vous prie de m'excuser caporal-chef !

Cette habitude qu'elle avait de l'appeler par son titre militaire deux fois dans la même phrase l'avait quelque peu surpris au début des entraînements. Elle était la seule à se montrer si formelle envers lui, non pas que cela lui déplaisait, au contraire il s'en amusait sans le montrer à la soldate.

-Arrête de t'excuser, tu es pardonnée si c'est ce qui t'inquiète. À part ça, quand devrais-je être capable de marcher à nouveau Hanji ?

Elle fût heurtée par l'agacement qu'il lui avait exprimée alors qu'elle se sentait tellement coupable de la posture dans laquelle il s'était retrouvé. Tout semblait être de sa faute et elle n'avait pas tout à fait tort quand elle le pensait.

-Hum, c'est dur à estimer, étant donné que les brûlures sont mêlées à des coupures, mais vu que je suis une professionnelle, je dirais environ un mois maximum. Répondit l'infirmière pleine d'assurance. Mais j'y pense ! Petra pourrait s'occuper de toi pendant cette période. Enfin ne t'en fais pas, tu n'auras qu'à apporter ses repas à ce grincheux. Je m'occuperais des bandages sur mon temps libre. Vu que tu tiens tant à te faire pardonner, et que j'ai mon escouade à gérer, ce serait un bon compromis.

La voilà bien embarrassée devant une telle initiative, car certes, cela était une bonne manière de dépanner Hanji étant donné qu'elle était dispensée d'entraînement, mais se retrouver en tête à tête avec son supérieur si intimidant ne l'enchantait pas plus que ça. Elle se retrouvait un peu dos au mur et n'avait pas d'autre choix que d'acquiescer poliment, ne voulant plus recevoir de remarques désagréables du caporal.

-Hum, peut-être allons nous devoir reporter de quelques jours l'expédition dans ce cas. Dit Livaï en s'adressant à sa collègue ayant l'air tout aussi pensive.

-L'expédition ? Quelle expédition ? S'écria la subordonnée le sourire aux lèvres alors que quelques secondes auparavant elle baissait la tête couverte de honte.

Elle lui faisait penser à une de ces fleurs qui ne peuvent s'épanouir sans soleil, qui ont toujours ce besoin de rayonner. Même si elle semblait agréable et souriante en n'importe quelle saison. Mais il conservait son air exécrable qui effrayait presque le rayon lumineux que représentait la jeune fille. Il n'avait pas un bon pressentiment à propos de cette maudite expédition, elle arrivait bien trop tôt à son goût, et son équipe ne serait jamais assez prête si on l'écoutait.

Hanji elle, était tout autant enthousiaste que Petra, elle qui avait pourtant vu les mêmes horreurs que le caporal durant ces premières sorties hors des murs. Il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir d'encourager sa subordonnée dans cet entrain qui finirait par s'évanouir à la vue de ces monstres.

-Le Major Erwin a programmé une expédition qui se déroulera d'ici un mois, évidemment l'escouade de Mike, la vôtre et la mienne en feront partie. Livaï ne vous en a pas parlé ?

-Je n'en ai pas eu le temps étant donné que l'on m'est tombé dessus.

Il prenait ce ton réprobateur presque involontairement, enchaînant les reproches contre la rousse qui se décomposait un peu plus à l'entente de chacune d'entre elles.

« Je vais un peu trop loin, elle s'est déjà excusée et ce n'était qu'un simple accident. En plus ça pourrait permettre aux autres membres de plus s'entraîner aussi. » Se dit-il sans pour autant montrer le moindre signe de remords vis à vis de ses paroles.

Il songea soudain au fait qu'elle resterait certainement plus vulnérable que ses camarades, étant donné qu'elle serait la seule en retard dans leur évolution. Officiellement il pensait que c'était inacceptable qu'une membre de son équipe retarde les autres, officieusement il imaginait devoir vivre avec une autre mort sur la conscience. Il se rendait bien compte que sa sévérité envers la jeune femme provenait surtout d'une inquiétude qu'elle perde tous ses moyens devant les titans comme elle le faisait si souvent devant lui.

-Arrête d'être ainsi Livaï bon sang, essaye de te réjouir de toutes les heures de sommeil que tu vas pouvoir rattraper pendant ton rétablissement. Petra, en tant qu'infirmière je te donne le droit de le gronder si monsieur essaye, ne serait-ce que de se lever de son lit. Tu es prévenu Livaï ! L'avertissait Hanji avec un air si sérieux que cela étonna la soldate.

Elle avait aussi était surprise de la familiarité et la facilité avec laquelle elle s'adressait au caporal-chef. Elle était bien la seule à le faire ainsi dans tout le bataillon, ce qui rendait la jeune fille intimement un peu envieuse. La femme à lunettes s'éclipsa pour aller chercher des soldats suffisamment forts pour aider le caporal à monter jusqu'à sa chambre, laissant les deux jeunes gens dans un silence pesant.

Petra regardait par la seule et unique fenêtre de l'endroit étouffant qu'était l'infirmerie, tandis que le brun se plaisait à regarder se épaules finement couvertes. Elle tourna la tête vers moi et parla d'une voix presque inaudible

-Ça ne vous dérange pas que je vous surveille le temps de votre rétablissement caporal ?

Il lui répondit avec un ton moins distant que d'habitude mais sans pourtant être très chaleureux, il voulait progresser dans les relations qu'il entretenait avec les autres membres de son équipe. Et par dessus tout, il ne souhaitait pas faire perdre en assurance la jeune femme devant surmonter son embarras.

-Non, ne t'en fais pas pour ça.

Hanji était déjà de retour avec deux jeunes soldats du bataillon qui allaient aider Livaï, alors qu'ils venaient juste de le soulever en le prenant bras dessus, bras dessous, il soufflait pour exprimer ostensiblement son agacement. La rousse suivant les autres sourit à l'entente de son irritation.

Une fois arrivés en haut, elle laissa Hanji s'occuper de son supérieur et en profita pour aller s'excuser auprès de tout ses compagnons d'armes, toquant à chacune de leurs portes. Les garçons, comme elle aimait les appeler, lui répondirent tous avec tant de gentillesse qu'elle en fût attendrie. Ils se montraient très attentionnés avec l'unique femme de leur escouade et cela la touchait énormément, elle qui n'avait pas eu de frères et sœurs trouvait en eux comme une seconde famille, qui la rassurait lorsqu'elle assommait le soldat le plus fort de l'humanité par exemple. Ils descendirent tous vers le réfectoire, Erd soutenant Petra pour ne pas la laisser souffrir de sa brûlure, pendant que Gunther et Auruo s'amusaient à lui recommander activement des tests ophtalmologiques.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Where stories live. Discover now