Chapitre 21 : Discussion pluvieuse

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Les gouttes de pluie avaient laissé place à une ambiance chaleureuse au sein du quartier général. En effet, l'escouade Livaï ainsi que beaucoup d'autres ayant vu leurs entraînements annulés, restaient dans l'immense bibliothèque, assis sur des fauteuils avec leur supérieur, discutant autour d'une bonne tasse de thé chaud. Nanaba avait préparé des boissons pour les trois garçons qui avaient eux aussi sympathisé avec l'équipe de Mike, mais ils remarquèrent très vite l'absence de Petra. Celle de leur caporal les préoccupait moins car ils s'étaient habitués à ne pas le voir dans les pièces bondés de monde, mais leur amie restait pourtant introuvable.

-Vous n'auriez pas vu Petra les gars ? Elle n'est ni ici, ni dans le réfectoire. Déclara Nanaba, avec ses cheveux argentés humidifiés par la pluie.

-Non, pas depuis ce matin en tout cas. Mais elle ne devrait pas tarder. Affirma Erd faisant un peu plus confiance à la jeune femme depuis qu'elle s'était faîtes sermonnée par leur caporal.

-Au pire, le caporal-chef sera là pour partir à sa rescousse ! Riait Gunther avec Nanaba et Erd, laissant Auruo perplexe face à l'étrange absence de ces deux là, pile au même moment.

Il se demandait ce qu'ils pouvaient bien faire, ayant depuis longtemps remarqué le rapprochement qui s'était opéré entre eux. Il était secrètement un peu jaloux de leur supérieur à qui Petra s'était énormément attachée depuis leurs arrivées. En effet, la jeune femme n'avait jamais regardé son ami avec la même lueur, et il se doutait bien qu'elle ne parlait pas de la même manière de lui lorsqu'il n'était pas présent aux repas. Il ne se demandait pas le pourquoi du comment, même un aveugle aurait constaté le charme et la prestance que portait le caporal-chef en permanence avec lui. Il aurait seulement aimé ne pas perdre son amie en intégrant cette escouade.

Pendant ce temps, les deux soldats restaient assis sagement sur le banc en face de la table. Livaï remarqua la lettre que tenait Petra, et supposa qu'elle était venue la chercher avant d'être effrayée par l'orage. Il vit que, malgré le silence, elle ne la lisait pas pour autant. Il songea au fait qu'elle pourrait provenir d'un proche, ou d'un fiancé et qu'elle ne souhaitait pas lire ce genre d'écrit devant lui.

-Cette lettre, tu peux la lire tu sais. Je ne regarderais pas ce qu'il y a dedans.

-Oh, c'est seulement une lettre de mon père ! Mais j'avoue que je l'avais presque oublié.

Elle avait souri inconsciemment, tout en rassurant son supérieur qu'il s'agissait de son père et non pas de quelqu'un d'autre. Elle s'était justifiée pour ne pas laisser sous-entendre qu'elle attendait impatiemment les réponses d'un quelconque compagnon, et elle se sentit un peu stupide de l'avoir fait. Mais pour mettre fin à ce malaise qui régnait dans la pièce, elle déchira l'enveloppe et se plongea dans sa lecture.

Lui, face à elle, observait ses yeux défilant sur le papier fin et fragile. Il ne recevait jamais de lettre à part celles des dirigeants du mur Sina pour des affaires administratives. Il ne se retint pas, une fois de plus de dévorer du regard le visage de sa subordonnée. Ses yeux s'assombrissaient peu à peu, sans qu'il ne sache pour quelle raison sa mine rassurée tournait subitement à la déception.

-Oh... Soupira-t-elle en arrivant à la fin de la lettre, un air plus que déçu.

-Ça ne va pas ? Demanda-t-il, tout de même intimement curieux de savoir de quoi parlaient les lettres que pouvaient s'envoyer un père et sa fille.

Il ne connaitrait jamais cette sensation, celle de savoir qu'un être au loin s'inquiétait éperdument pour vous, que vous soyez bon ou mauvais. Il avait perdu sa mère mais une part de lui espérait tant qu'elle veillait en permanence sur lui, qu'elle le protégeait comme elle avait dû le faire en le portant avant sa naissance et même après pendant son enfance. Il aurait presque pu laisser ses yeux s'assombrir mais resta indéchiffrable pour ne pas la perturber, elle pour qui il s'inquiétait tant.

-Mon père ne pourra pas revenir à Karanese pour Noël. Je vais devoir le passer ici au quartier général. Mais ce n'est rien, on m'a dit que les fêtes se passaient très bien et que l'ambiance était irréprochable. Affirma-t-elle soudain, comme si elle ne voulait pas l'offenser, lui qui passait ses réveillons dans son bureau.

-Le 25 décembre, ce sera mon anniversaire. Déclara-t-il comme s'il balançait la première chose qui lui avait traversé l'esprit.

Il se mit à espérer pouvoir fêter sa naissance, pour une fois, avec elle. Hanji avait déjà essayé de le convaincre d'organiser quelque chose, mais c'était peine perdue car il n'avait jamais imaginé faire ce genre de chose avec ses camarades du bataillon. Ils étaient tous adultes, et avaient déjà énormément de problèmes à gérer alors ajouter l'organisation d'une fête inutile dans le lot n'était pas dans son intention, et puis étant né le jour de Noël cela perdait encore plus d'intérêt.

-Vraiment ? Je pourrais le passer avec vous dans ce cas. Dit-elle très doucement pour ne pas brusquer son supérieur qui venait de lui avouer une chose si importante à ses yeux.

Elle restait étonnée de l'aveu qu'il venait de lui faire, et aussi de sa réponse irréfléchie.

« Il va certainement me rembarrer en me disant que l'armée n'est pas faîtes pour les anniversaires... » Se dit-elle alors qu'il ne détachait pas ses yeux de sa mine pensive.

-Pourquoi pas... Soupira-t-il intimement très touché qu'elle ait pensé instantanément à ça.

Il ne savait pas si elle était sincère, car elle aurait pu répondre ça seulement par pure politesse. Mais ça lui était allé droit au cœur qu'elle prenne une telle initiative. Il ne comprenait plus ses propres pensées, comment pouvait-il se réjouir d'une telle réponse alors qu'il s'interdisait formellement de se rapprocher d'elle depuis quelques temps.

« Comment j'en suis arrivé là bon sang... » songea-t-il alors que les yeux ambrés de la rousse étaient désormais plongés dans les siens.

-Et toi ? Tu es née quel jour ?

Elle fût surprise qu'il ne la remette pas à sa place après qu'elle ait affirmé si naturellement qu'ils passeraient un moment ensemble, et encore plus maintenant qu'il s'était mis à s'intéresser à elle plus personnellement.

-Le 6 Décembre, les garçons pensent que Hanji va organiser une soirée ou quelque chose dans le genre, mais je ne suis pas sure que ce soit une très bonne idée avant l'expédition.

-Hanji pourrait organiser ça sans alcool pour une fois, d'autant plus que tu n'as pas l'air de tenir debout après ce genre de boisson. Dit-il en faisant référence à la soirée où il avait dû remarqué sa légère ivresse.

Elle passa sa main froide dans sa nuque, embarrassée qu'il ait fait une allusion à ce moment dont elle se souvenait à merveille. La honte lui montait doucement aux joues, les faisant rougir sous les yeux intimement amusés de Livaï.

-Je suis vraiment désolée pour ce soir-là. C'était seulement pour fêter la promotion de Erd, je crois que je n'ai pas fait suffisamment attention. Mais ce n'est pas leurs fautes, j'aurais dû-

-Hé, tout va bien. La coupa-t-il dans son élan. Je ne vous ai pas sanctionné parce que je savais pourquoi vous étiez sortis. Il ne faut pas que ça devienne fréquent c'est tout.

-D'accord, je comprends. Dit-elle rassurée par les mots de son caporal plein de tranquillité.

Elle baissait la tête, observant la lettre qu'elle tournait dans ses mains pour laisser passer le temps. La pluie commençait à se ralentir pour le plus grand bonheur de la rousse qui pensait déjà à la bonne infusion qu'elle allait pouvoir boire une fois arrivée au quartier général. Elle voulait lui poser une dernière question qui semblait lui bruler les lèvres, mais avait peur de la réaction qu'il pourrait avoir.

-Caporal-chef ? Je voulais savoir... Pourquoi êtes-vous parti à ma recherche ce soir-là et comment m'avez-vous retrouvée à temps ? Demanda-t-elle finalement sans croiser les yeux persans de son supérieur, restant interdit face à cette soudaine interrogation.

Il ne savait pas ce qui était le plus juste à répondre, il ne pourrait évidement pas lui dire la vérité. Car, même si elle était en partie vraie, une force tout autre l'avait poussé à chevaucher inconsciemment dans la nuit noire, à la recherche de la rousse. Il n'en était pas sûr lui-même, il s'était simplement laissé pousser par son instinct qui lui dictait intimement de partir la sauver. Mais que penserait-elle en apprenant une telle chose, si interdite et déplacée ? Il risquait bien moins qu'elle en se laissant emporter par ses envies les plus profondes, mais il avait tout de même peur que cela ne lui plaise pas.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Where stories live. Discover now