Chapitre 50 : Souvenirs de Printemps

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Un bruissement d'arbre, le souffle du vent, ou encore le chant d'un oiseau, tels étaient les seuls bruits résonnant dans la nuit printanière et sombre qui obscurcissait les territoires entre ces murs. Des terres qui pouvaient paraître immenses pour une vision extérieure, et qui pourtant, étouffaient les rêves des plus braves soldats de l'humanité.

Parce qu'ils n'avaient droit qu'à une vie, un seul essai, une seule chance à chacune de leur sortie, et parce qu'ils avaient déjà frôlé la mort, elle courait. Elle dévalait à toute vitesse les escaliers, pressée de s'assurer de sa présence, de vivre et de sentir ce moment qui s'emparait de son esprit.

Elle n'avait plus qu'une seule chose en tête, et pour la toute première fois, pas une once de culpabilité n'osait venir perturber la vision qu'elle portait.

Il était là, vivant dans ses songes jour et nuit, cohabitant avec des remords et des peurs constants qui empêchaient la jeune femme de respirer, comme si elle avait toujours suffoqué, emprisonnée entre ces murs et ses problèmes.

Mais lorsqu'il se leva, face à elle, les yeux écarquillés, parce qu'il savait pertinemment ce qui allait arriver, ce fut comme un subit évanouissement de toutes ces barrières.

Ils étaient debout, elle, haletante, et lui, ne se permettant plus la moindre respiration à cause de l'attente se faisant plus longue. Car ils l'avaient tout deux attendu, ce moment, où ils se dévoileraient peut-être enfin, sous ce ciel de printemps.

Seulement, dans son embarras, et dans ce parfait silence régnant en maître dans cette pièce, les seuls mots qui eurent le courage de franchir les lèvres de la rousse furent tels un murmure inaudible.

-Qu'est-ce que vous faîtes là ?

Elle reprenait son souffle aussitôt, stressée à l'idée de ce que son cœur allait la pousser à faire.

-Tu veux que je parte ? Demanda-t-il d'un ton hésitant et grave, en espérant presque un acquiescement de la part de sa subordonnée, pour qu'il puisse s'enfuir se réfugier quelque part.

-...Non. Hésita-t-elle avant de souffler sa réponse.

Elle ne reculerait pas cette fois-ci, elle ne pouvait plus reculer face à lui et à ses sentiments. Elle en avait abusé, en fuyant de honte dans sa chambre, en cachant ses larmes derrière cette porte. Mais désormais, elles pouvaient couler, devant lui s'il le fallait, elle ne porterait plus jamais ce secret.

Son ventre commençait à lui faire mal, à la consumer comme il l'avait fait cette dernière semaine. L'intensité avec laquelle cette flamme brulait en elle l'effrayait, et la peur montant en elle se serrait au fond de sa gorge, prête à déclencher le déferlement de tristesse sur ses joues écarlates.

Ses épaules tremblaient, et ses lèvres se crispaient rendant son visage grimaçant, et rougeoyant.

Livaï sentait sa mâchoire se serrer, et ses muscles se contractaient à la vue de cette jeune femme terriblement belle, même dans un tel état de détresse. Il avait gardé sa main posée sur une des chaises du réfectoire, et son emprise sur le dossier se faisait plus pressante au fur et à mesure que les secondes silencieuses défilaient.

Il n'avait jamais été aussi effrayé de devoir écouter les dires de Petra, cette petite rousse qu'il avait recruté dans son escouade, des mois auparavant. Et encore, elle pleurait, il ne savait même pas si cela était dans sa nature, ou seulement si elle était devenue incroyablement sensible en arrivant dans son équipe. Il était certain de deux choses uniquement, il n'aimait pas la voir pleurer, mais il la trouvait tout simplement adorable lorsque ses joues s'arrondissaient alors que l'émotion montait en elle.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant