𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼

Chapitre 37 : Fatigue

La dernière semaine de l'entraînement d'Eren, les discussions tournèrent toutes autour de l'expédition qui approchait. En effet, le major les avait une fois de plus prévenu plutôt tard, laissant les chefs d'escouade maugréer contre ses annonces tardives dans la salle de réunion.

-Nous avons enfin reçu les infos de formation pour l'expédition, pile une semaine à l'avance. Quand Erwin s'y prendra suffisamment tôt pour nous donner tout ça, on aura vaincu les titans ! S'exclama Hanji ironiquement.

Livaï se tenait à l'écart de la table où discutaient les soldats en riant aux plaisanteries de la cheffe d'escouade. Il observait toujours le visage lumineux de sa subordonnée qui s'amusait avec ses camarades, d'un air distant et indifférent. Il avait remarqué combien elle souriait avec Eren depuis son arrivée dans l'escouade, ce qui le faisait intimement le jalouser.

Il ne l'avait plus quitté des yeux durant ces sept derniers jours, tout en se faisant encore plus sévère pendant leurs épreuves physiques. Presque toutes les minutes, Petra entendait des « Concentre-toi ! », « C'est mou, recommence ! », « Tu te serais déjà faîtes bouffer là ! » ou encore « Vous vous êtes cru en pique-nique avec les titans ou quoi ?! » de la part de son agréable supérieur qui savait apparement faire preuve de tact.

À la fin d'une de leurs sessions, la brune à lunettes vint voir le caporal d'un air assez déçue, à l'abris des autres soldats qui retiraient leur équipement dans le local.

-Bah mon pauvre Livaï, tu sais t'y prendre avec les filles toi ! Tu trouves pas que t'es un peu dur avec elle quand même ! Déclara-t-elle de son ton réprobateur.

-Je traite tous mes soldats de la même manière, et puis je ne vois pas en quoi ça te regarde. Répondit le brun irrité de savoir au fond de lui, que sa camarade avait entièrement raison.

-Écoute moi pour une fois, tu ne te rends pas compte qu'elle se met en quinze pour toi. Elle t'es entièrement dévouée, elle se surpasse aux entraînements, elle nous prépare presque tous les soirs les repas, elle nettoie chaque recoin de la base, elle te fait même le thé et tu trouves encore des trucs à dire ! Sincèrement, à sa place je t'aurais collé mon poing dans la figure ! S'écria la brune indignée de voir qu'il ne réalisait pas à quel point sa subordonnée pouvait être exténuée à la fin de la journée.

Le caporal s'arrêta net à côté de la jeune femme qui le réprimandait, et baissa les yeux d'un air consterné en écoutant ses accusations.

-Je fais ça pour qu'elle survive Hanji. Les titans ne seront pas aussi tendres et tu le sais aussi bien que moi. Laisse moi maintenant. Ordonna-t-il à son amie qui s'en alla aussitôt chercher Eren.

En fin d'après-midi, Livaï partit chercher sa subordonnée pour l'informer personnellement des horaires du lendemain. Il aurait pu envoyer Auruo, mais désirait intimement faire les choses lui-même après le discours de la cheffe d'escouade. Arrivé devant sa chambre, il toqua doucement pour ne pas la surprendre mais se retrouva contraint de pousser la porte sans recevoir de réponse.

-Petra, je-

Le brun se stoppa dans ses paroles en voyant la rousse étalée sur son lit, et paisiblement endormie. Elle n'avait pas prit la peine de retirer son équipement, et s'était seulement allongée sur le matelas sans se blottir dans les draps. Le supérieur attendri, referma la porte derrière lui, et s'approcha du corps de la jeune femme pour s'asseoir à côté d'elle.

Il la regardait, se sentant terriblement coupable après les remarques qu'il avait pu lui faire, et se permit de poser délicatement sa main dans ses cheveux roux.

-Pardon d'être aussi dur avec toi... Murmura-t-il avec douceur et regrets, en retirant délicatement les mèches qui couvraient son visage apaisé avant de quitter la pièce.

Le grand jour était arrivé. Les camarades de promotion d'Eren avaient rejoint le quartier général quelques jours plus tôt, et à présent chacun d'entre eux enfourchaient leur monture aux milieu de ces soldats courageux qui dévouez leur cœur.

Petra avait pu apercevoir les amis du brun, et avait reconnu la petite Mikasa avec ses cheveux ébènes et ses traits peu communs, dont le jeune garçon lui avait tant parlé.

La foule les regardait avec mépris, et Livaï lançait des regards sombres et terrifiants à tous ceux qui osaient balancer des insultes envers ses hommes. Il aurait bien tranché la gorge de l'un d'entre eux qui venait de hurler à Petra une vulgaire remarque, mais se détendit instantanément en voyant les yeux brillants de sa subordonnée qui observait attentivement les enfants la regardant avec tout autant d'admiration.

La porte n'allait pas tarder à se lever, et chaque soldat tentait de combattre l'envie de descendre du cheval pour courir se réfugier à l'abris des monstres qu'ils rencontreraient hors de ces murs.

La soldate faisait signe aux gamins et croisa le regard du caporal qui la fixait depuis déjà plusieurs minutes, un peu embarrassée. Ils entendirent le signal du major Erwin, et se préparèrent tous à faire partir les chevaux vers leur prochain objectif.

Les chevaux galopaient depuis plusieurs heures déjà, et l'escouade d'élite s'apprêtait à pénétrer la forêt des arbres géants, ce lieu qui avait été autrefois très touristique avant d'être envahi de titans.

Petra, Erd, Gunther, Auruo et Eren ne comprenaient absolument rien aux ordres de leur supérieur, mais ils continuaient à s'aventurer entre les arbres sombres sans savoir la raison de leur venue. La rousse sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine, la sueur froide dégoulinait lentement de ses tempes et son sang ne fit qu'un tour lorsqu'elle sentit les lourds pas faisant résonner le sol derrière eux, et c'est soudainement qu'elle croisa ce regard.

Ce monstre, aux grands yeux bleus terrifiants et aux allures féminines les coursait, certainement pour la jeune recrue qui avait la capacité de se transformer en titan. Les mains tremblantes, la rousse luttait pour tenir les rennes son cheval sans se retourner une nouvelle fois.

L'angoisse montait au fur et à mesure que des soldats se faisaient décimer par cette bête d'une quinzaine de mètres qui n'avait aucun scrupule à tuer encore et encore leurs camarades apeurés. Leurs cris glaçaient le sang des membres de l'escouade et Livaï se forçait à continuer d'avancer sans faire la moindre tentative de sauvetage malgré les supplications d'Eren.

Le jeune garçon vivait sa toute première expédition, et même si ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à des titans, son ton avait changé. Il était surveillé, ses moindres réactions prouveraient sa loyauté et seraient analysées dans des rapports interminables. L'adolescent n'était pas stupide, il en avait conscience, mais malgré toute la détermination qui l'avait mené jusque ici, ses nerfs commençaient à céder contre la pression.

La soldate de l'équipe l'entendait se mettre à paniquer, et le caporal semblait tendu en écoutant les plaintes et les inquiétudes du jeune garçon. Petra le vit prêt à se mordre la main pour entamer sa transformation sans l'autorisation de leur supérieur, et le supplia à son tour de croire en eux, laissant pour autant la menace peser sur ses camarades.

Elle était la seule ayant réussi à convaincre ce garçon effronté de les suivre au sein de cette masse végétale alors qu'une fin inexorable se dessinait peu à peu sous leurs yeux. La créature les poursuivait toujours, mais se trouvait quelques peu ralentie par les soldats qui se sacrifiaient ainsi que par les arbres formant d'immenses obstacles.

Tout à coup, les jeunes gens se retrouvèrent tétanisés à cause de la silhouette blonde et gigantesque qui paraissait prête à leur sauter dessus, et leur pupilles tremblèrent face à cette vision terrifiante.

Petra songea qu'ils allaient y passer, qu'ils étaient perdus, qu'elle n'aurait jamais dû s'engager et qu'elle aurait mieux fait d'écouter son père, mais l'homme aux cheveux de jais flottant devant elle la faisait se souvenir de pourquoi elle était là, et quel était son rôle auprès de lui.

Si elle continuait d'avancer, c'était pour le suivre, pour survivre et parce qu'il avait son entière confiance. Et brusquement, une explosion retentit, et les soldats surent qu'ils allaient obtenir des réponses à propos de ce plan loufoque qu'ils avaient appliqué aveuglément sans pour autant le comprendre.