Chapitre 8 : Amitiés

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Le soleil se levait dans ce ciel de Septembre et venait chatouiller les yeux endormis de Petra dès le petit matin. Elle se réveilla doucement, se redressa dans son lit et mit quelques minutes à réaliser ce qui s'était déroulé la veille. Elle avait ouvertement avoué qu'elle admirait grandement son supérieur qui avait changé d'attitude envers elle. Elle l'avait trouvé attentif, et bien moins méprisant lorsqu'elle s'était confié de la sorte sur ses sentiments.

Parler de sa mère, de son engagement dans l'armée, et lui poser des questions lui auraient semblé tout bonnement insensés deux semaines plus tôt. Mais elle avait la sensation étrange de retrouver et redécouvrir la facette de sa personnalité qu'il lui avait montré à leur rencontre. Elle devait rapidement chasser ces sentiments. Rien de toute cette sensibilité n'avait sa place à l'armée. Ce n'était pas approprié de se rapprocher ainsi de son supérieur, et elle avait des responsabilités simples. Elle devait se racheter pour sa maladresse, pas faire de lui son confident nocturne. Mais elle appréciait tant sa compagnie que ces pensées étaient vite remplacées par des souvenirs agréables tournant en boucle dans sa tête.

Prestement, elle se leva et se ressaisit, ce n'était pas le moment de gâcher tous les efforts qu'elle avait fourni pour obtenir un tel poste.

Elle se souvint, alors qu'elle se préparait et enfilait son uniforme avec précaution pour ne pas avoir mal à sa taille, que quelqu'un devait certainement attendre son petit-déjeuner.

Il n'avait jamais eu une hygiène de vie irréprochable, bien au contraire. Il ne dormait que très peu, ne mangeait pas équilibré et n'avait peut-être même jamais pris de petit-déjeuner. Mais Petra l'ignorait, et s'occupait de lui avec un très grand sérieux.

Après avoir toqué, elle entra, un plateau portant un sablé qu'elle avait déposé plus tôt dans le réfectoire et un énième thé qu'elle avait parfumé avec un peu de vanille.

-Bonjour caporal.

Elle poussa la porte, et fut surprise de le retrouver, se tenant difficilement debout en train d'essayer d'attraper une chemise.

-Caporal-chef ! Vous devez vous reposer ! Asseyez-vous je vous apporte vos affaires. Hanji a bien précisé que vous ne deviez vous lever sous aucun prétexte.

-Tu es bien autoritaire ce matin. Remarqua-t-il sachant pertinemment qu'elle n'allait pas tarder à trembler avec ses lèvres roses.

Elle reprit ses esprits, elle venait effectivement de lui hurler dessus avec un sacré aplomb. Lui qui était le supérieur le plus impressionnant du bataillon venait de se faire gronder comme un enfant par sa gentille subordonnée souriante à souhait.

-Veuillez m'excuser, mais j'applique les ordres. Hanji a clairement dit que vous deviez vous reposer pour être rétabli au plus vite.

-Et toi, comment va ta brûlure ?

-Ça fait beaucoup moins mal. Ce n'est pas grand chose.

Elle commença à farfouiller dans son armoire pour lui trouver des vêtements propres et confortables. Mais soudain, elle sentit sa main effleurer sa taille gracile pour voir si elle ressentait une quelconque douleur. Mais par réflexe elle éloigna ce contact d'une petite tape, qui signifiait littéralement "bâts les pattes".

Il se firent face, droit dans les yeux d'une expression perplexe ne semblant pas comprendre leurs agissements mutuels si familiers. Il avait rangé sa main sur les draps, et maintenait le contact visuel avec insistance se plongeant de plus en plus dans ses iris oranges.
Ils détournèrent machinalement les yeux lorsque Hanji entra sans même toquer dans la chambre du caporal, des bandages et des pots de pommades à la main.

-Ah, Petra je vois que tu es déjà là ! Je vois que tu ferais une super infirmière dis donc ! S'exclama celle qui était sensé représenter l'autorité, et qui semblait bien trop enthousiaste de trouver les deux jeunes gens dans la même pièce.

-Merci Hanji c'est gentil, je vais descendre, tu t'en occupes ?

-Arrêtez de parler de moi comme un enfant à garder, j'aurais pu me préparer ce thé et changer ces bandages seul.

-Livaï, tu n'es pas fichu de descendre manger le soir et tu veux nous faire croire qu'avec une jambe en moins tu vas réussir à aller te préparer un thé ? Un peu de sérieux voyons ! S'exclama la brune avec un sourire malicieux.

-À toute à l'heure. Dit la rousse en s'éclipsant discrètement.

Elle riait de les voir se chamailler. Ils semblaient très proches et elle trouva original le fait qu'une personne aussi extravertie soit si appréciée de quelqu'un comme le caporal. Elle descendit les fameux escaliers et s'en alla vers le grand réfectoire où elle retrouva Auruo à une des nombreuses tables en bois sombre.

-Où étais-tu Petra ? Lui demanda-t-il surpris de la voir aussi en retard.

-J'étais avec Hanji et le Caporal, désolée de ne pas être descendue plus tôt j'ai traîné pour me préparer ce matin.

-Hum d'accord. Gunther et Erd vont aller s'entraîner avec l'escouade de Mike. Je vais aller les rejoindre, qu'est-ce que tu vas faire toi pendant ce temps ?

-Je sais que il y a pas mal de travail en cuisine, alors je pense que je vais aller aider. Au moins, je pourrais me sentir un peu utile.

-D'accord, prépare nous un bon repas dans ce cas, et tu seras la femme à marier parfaite.

-Hum, c'est ça oui ! Allez cesse donc de dire des bêtises et va t'entraîner ! Tu en as bien besoin.

-C'est ça ! Parle toujours ! Lui lança-t-il alors qu'elle s'éloignait déjà vers les cuisines vides à côté de la grande salle.

Les cuisines du bataillon formaient une sorte de large couloirs et tout le monde pouvait y avoir très facilement accès. La réserve où était entreposée la nourriture était au fond de la pièce et était séparée par une lourde porte en bois.
Il n'y avait pas de fenêtre, mais on n'y étouffait pas pour autant, il y a avait un bel équipement de couverts, de couteaux de cuisines, d'outils métalliques en tout genre, ainsi que des fours, et deux lavabos destinés à faire la vaisselle.

Elle commença par débarrasser son assiette et retroussa ses manches pour ne pas les tremper de l'eau glaciale.

Puis une jeune femmes aux cheveux rouges foncés lui arrivant aux épaules arriva accompagnée d'une autre plus grande avec des cheveux argentés très courts.

-Bonjour ! Les salua Petra avec son enthousiasme si contagieux. Je suis venue pour aider en cuisine, vous savez ce qu'il faut préparer, c'est la première fois que je prépare pour le bataillon.

-Oh bonjour, comment tu t'appelles ? On peut se tutoyer si ça ne te dérange pas. Je m'appelle Nanaba, je suis dans l'escouade de Mike. Dit la grande aux cheveux d'argent.

-Et moi c'est Nifa, escouade Hanji ! Enchaîna la rousse avec le même entrain. Eh ! Mais je te reconnais tu es la soldate qui a blessé le caporal-chef Livaï dans les escaliers.

Elles s'étaient déjà mises au travail, et ladite Nanaba leva les yeux de la marmite dans laquelle elle avait plongé des légumes avec un air ébahi.

-Attends !? C'est toi qui a causé un tel accident. Chapeau, je ne pense pas que j'aurais survécu au regard meurtrier du caporal.

Nifa et elle rirent sous l'expression embarrassée de Petra qui ne pensait pas s'être faite à ce point remarquer.

-Je m'appelle Petra, et en fait je suis dans l'escouade Livaï. Mais je me suis brulée en chutant alors j'ai était dispensée d'entraînement.

-Et bien, enchantée Petra ! Tu veux bien me couper ces légumes s'il te plaît ? Et par pitié, raconte comment ça se passe dans cette escouade ! Comment est le soldat le plus fort de l'humanité ? Demanda Nifa sur un ton un peu ironique qui amusa beaucoup la rousse qui s'empressa de couper les légumes qu'elle lui avait tendu.

Elle leur raconta qu'il n'était pas aussi terrible qu'il le laissait paraître en évitant de parler de leur discussion de la veille. Les trois jeunes femmes s'amusèrent à se raconter les rumeurs circulant dans le corps d'armée, et Petra passa un très bon moment en leur compagnie les jours suivants où elles s'étaient toutes organisées pour se retrouver à la même heure, au même endroit.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant