Chapitre 42 : Révélation

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Il était descendu ce matin-là dans la salle de réunion. Il était seul, vide et comme inanimé dans la pénombre qui l'entourait. Les flammes vacillaient au centre des lampes qui illuminaient la pièce, et la fumée de sa tasse de thé s'estompait à mesure que le temps passait.

La contre-attaque n'allait plus tarder, et dans quelques jours seulement, Eren, Armin et Mikasa seraient en route pour prouver la culpabilité de la dénommée Annie Leonhart. Mais comme toujours, et même plus que d'habitude, il n'avait pas trouvé le sommeil.

Il s'était disputé avec Hanji, il évitait tous les jours Petra, ne lui ayant plus adressé la parole, et s'épuisait pour suivre les directives d'Erwin à la lettre. Assis face à cette table, il fouilla dans la poche intérieure de sa veste noire, et en sortit l'objet de ses troubles. Un maudit bout de papier, voilà à quoi tenait le courage du soldat le plus puissant de l'humanité, telle était sa limite la plus extrême. Il n'y était pas arrivé, il aurait dû lui en parler, ne serait-ce qu'aborder le sujet pour en discuter avec elle, mais le faire semblait toujours plus difficile que d'escalader le mur Rose à mains nues.

Il relisait en boucle les quelques mots qu'elle avait tendrement et innocemment écrit, sans se douter une seule seconde que son supérieur finirait par les lire à son tour. Plus il recommençait, plus il la trouvait admirable et douce.

-Et même si c'est mon supérieur, je l'apprécie beaucoup... Se murmura-t-il d'une voix à peine audible en se remémorant cette phrase particulière qu'il avait appris par cœur.

-Caporal-chef ? C'est vous ?

Une petite voix timide avait brisé l'atmosphère intime dans laquelle il s'était plongé, et son pouls s'accéléra en voyant la silhouette de la rousse dans l'encadrement de la porte. Elle était vêtue de sa robe de chambre ainsi que de sa petite chemise de nuit qui lui tombait gracieusement sur les épaules, et fixait Livaï avec un air perplexe et un sourire fatigué.

Sa subordonnée s'était réveillée plus tôt que d'habitude et ne s'attendait pas à tomber sur lui à une telle heure.

Elle était gênée de le surprendre après les jours qu'ils avaient passé loin l'un de l'autre, et il l'était tout autant en imaginant qu'elle ait entendu sa petite citation. La lettre trônait toujours sur la table, et le regard de Petra tomba dessus sans qu'elle le veuille.

Le brun comprit instantanément où se dirigeaient ses yeux, et grimaça en pensant aux conséquences de ses actes. Mais il était trop tard, la rousse s'approchait de la table et son étonnement ne fût pas des moindres lorsqu'elle comprit la situation.

Elle ne semblait pas réaliser que son caporal avait pu lire, elle ne savait par quel moyen, la lettre où elle avait avoué à demi-mot combien elle admirait celui-ci. Elle avait oublié le contenu détaillé de son écrit, mais se doutait bien que chaque mot devait être plus embarrassant que le précédent.

Ses mains se plaquèrent contre sa bouche, et elle se redressa comme elle pu tout en sentant des vertiges arriver vers son crâne. Elle n'osait plus le regarder dans les yeux, et lui ne pouvait s'empêcher de guetter la moindre de ses réactions pour savoir à quel point il devait s'en faire. Mais Petra n'avait absolument pas l'intention de s'énerver contre lui, à vrai dire elle n'avait pas prévu une réaction particulière pour cette situation.

Livaï se leva prestement en la voyant rougir, et tenta désespérément de s'expliquer.

-Petra, je-

-Caporal, comment avez-vous eut ça ? Le coupa-t-elle de sa voix tremblante et incertaine.

Il fut surpris et à la fois rassuré qu'elle ne lui demande pas tout de suite de s'excuser à genoux, ce qu'il aurait pu faire sans hésiter.

-C'est ton père, il me l'a donné après l'expédition. Déclara-t-il finalement d'une voix faible et honteuse comme si tout était de sa faute.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Where stories live. Discover now