Chapitre 33 : Cœur battant

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Il ne l'avait jamais hurlé aussi fort, son cœur. Cette petite partie de lui, enfouie au plus profond de son âme depuis trop longtemps lui criait de le faire. Il voulait céder, il n'en pouvait plus, ces yeux ambrés et ce parfum enivrant lui avaient rendu la tâche bien trop dure. Il avait assez lutté contre ses envies, mais, elle pleurait.

Petra, sous le choc, avait laissé deux perles au coin de ses yeux brillants ayant l'air complètement apeurés. Livaï le remarqua, et se détacha de la jeune femme pour la laisser reprendre son souffle. Son pouls à lui ne s'arrêtait pas d'accélérer pour autant. Mais qu'était-il en train de faire en la maintenant ainsi entre ces bras, dans une position si délicate.

Il s'écarta vers la porte, et empli de trouble, il finit par quitter la pièce comme s'il n'y était jamais entré.

« Idiot, idiot caporal-chef Livaï ! » Pensa la jeune soldate pleurant seule dans cet endroit qui lui semblait inconnu, comme si sa tête ne faisait plus le lien avec ses sens.

Dans ce long couloir, le caporal se hâtait d'aller se réfugier quelque part où personne ne le trouverait. Il poussa une porte aléatoirement, et plaqua sa main froide contre son front pour souffler un bon coup.

« Espèce de... » Se dit-il en imaginant la panique qu'avait pu ressentir sa subordonnée pendant cette scène.
Il ne trouvait même plus les mots pour se définir tant il s'était trouvé irresponsable de se laisser aller ainsi à ses désirs les plus profonds, au détriment de ce qu'elle pouvait ressentir. Lui qui voulait la protéger à tout prix, se rendait de plus en plus compte qu'elle provoquait en lui des émotions plus puissantes que tout ce qu'il avait connu. Comment le faisait-elle, ça il l'ignorait toujours, mais ce qui était sûr pour lui à présent c'était qu'il ne céderait plus jamais face à elle.

C'était toujours aussi dangereux et stupide de vouloir tenter quoi que ce soit, il n'aurait jamais dû l'approcher autant, la toucher ni même respirer son parfum tant ces choses si simples le faisaient chavirer et perdre tout contrôle.

Il devait bien se l'avouer, Petra réussissait sans trop d'efforts à le mettre dans tous ses états. Il avait dû l'effrayer, elle ne le verrait peut-être plus jamais de la même façon. Il regrettait déjà ses actes, alors que si cela n'avait tenu qu'à lui, il serait aller bien plus loin.

La journée se termina sans un mot, dans un silence pesant qui laissait cette tension entre ces deux jeunes gens. Ils n'avaient pas arrêté de se lancer des regards furtifs, l'un à l'autre toute la soirée alors qu'Eren apprenait à connaître Hanji.

Leur vie avait changé du tout au tout grâce à l'arrivée de ce gamin incontrôlable, mais ce n'était apparement pas la seule chose qui avait changé pour certains d'entre eux. Ils avaient tous reprit un quotidien entre des entraînements, des expériences pour Eren, et des réunions le soir. Cela semblait convenir à tous les soldats, mais Petra ne pouvait même plus croiser la route de son supérieur si elle se retrouvait seule à seule avec lui.

Elle en avait honte, mais elle avait enfin compris la nature des sentiments qu'elle lui portait. Ces mots ne pouvaient que traverser sa pensée, mais elle les comprenait en tout points et les regrettait également. La naïveté dont elle faisait preuve la mettait dans un immense embarras et la déstabilisait bien trop. Elle l'appréciait, désormais c'était certain mais elle prenait peur de ces réactions incontrôlées lorsqu'elle le voyait, le touchait et le ressentait contre son corps. Pourquoi agissait-il ainsi avec elle ?

Elle mourait d'envie d'obtenir une réponse à tous ces questionnements, mais sa priorité actuelle restait son devoir de soldate. D'autant plus que dans le mois qui venait, le mariage d'Erd allait leur prendre une journée entière de leur entraînement. Le grand blond avait d'ailleurs déclaré qu'il avait obtenu l'accord de sa fiancée pour emmener Eren avec eux, ce qui permettait au caporal de les accompagner.

Petra s'acharnait sur une ridicule tâche tandis qu'elle faisait la vaisselle, en pensant à ce qu'elle allait bien pouvoir porter pour ne pas faire honte à son ami. Elle l'enviait d'avoir trouvé un amour stable qui pouvait être célébrer au grand jour, contrairement à ses sentiments pour le caporal, qui étaient honteux et déraisonnables.

Alors qu'elle pensait au grand blond, il surgit pour venir lui donner un coup de main avec la montagne d'assiettes qui siégeait dans l'évier.

-Besoin d'aide ? Proposa son camarade, en se redressant les manches tout sourire.

-Oui, merci Erd.

Le soldat remarqua l'air songeur de son amie et se pencha pour mieux apercevoir son visage maussade. Elle n'était plus aussi souriante que d'habitude à cause de cette flamme qui la brulait toute entière, et ceci n'échappa pas au grand observateur qu'était Erd.

-Quelque chose ne va pas Petra ?

-Ce n'est rien, je suis un peu fatiguée en ce moment. Mais parle moi plutôt du mariage, tout est fin prêt je suppose. Changea-t-elle de sujet habilement en secouant sa tête pour retrouver un peu de forme.

-En effet, ça nous aura demandé quelques nuits blanches mais on va pouvoir profiter maintenant. Je suis content que vous puissiez tous venir, même Eren, il est agréable lorsque l'on apprend à le connaître, même si le caporal n'a pas l'air d'en penser autant. Déclara le blond en voyant le petit changement d'expression sur le visage de Petra à la mention de leur supérieur. Sinon tu n'as pas hâte de voir comment il va se comporter pendant la soirée dansante ? Je meurs d'envie de voir si il sait danser !

Erd avait rit franchement à cette plaisanterie faisant s'étouffer la rousse de surprise. Elle ne s'y attendait pas trop, mais en effet il serait également présent pendant le petit bal qui pendrait place après le dîner.

-Je ne pense pas que le caporal-chef va danser avec nous, tu sais aussi bien que moi à quel point il peut être... Lui. Lui répondit-elle avec un peu d'exaspération.

-L'espoir fait vivre, écoute !

Ils terminèrent leur petite discussion et la soldate alla prendre une douche pour se décrasser un peu de la journée éreintante qu'elle venait de passer. L'eau chaude coulait agréablement sur ses épaules couvertes d'hématomes et de marques des lanières de l'équipe tridimensionnel.

Elle laissa ses mains savonner son buste, ses bras et alors qu'elle arrivait au niveau de sa taille, elle ferma ses yeux. Dans la vapeur de l'eau brûlante qui enivrait son corps, elle se mit à imaginer que ses mains n'étaient en réalité pas les siennes, et repensa à ce moment de proximité avec son supérieur, lorsque ce balai s'était écrasé sur le sol.

Elle rêvait que c'était lui qui lui touchait délicatement sa taille nue et écarlate, qu'il prenait soin de glisser ses doigts humides en dessinant les courbes de son corps jusqu'à sa clavicule bien dessinée.

Mais son fantasme fut stoppé bien vite par le ballon d'eau chaude qui s'était complètement vidé pendant sa douche nocturne. Elle s'extirpa prestement des sanitaires, en prenant soin d'enrouler sa serviette tout autour de sa poitrine avant de rejoindre sa chambre.

« À quoi tu penses Petra ? » Se disait-elle en grimpant dans les escaliers, tout en songeant à la dérive qu'avait emprunté son esprit pendant quelques minutes.

Les journées passèrent, les nuits étaient devenus longues pour les deux jeunes soldats qui se faisaient de l'œil à chaque croisement de couloir. Ils songeaient chacun terriblement l'un à l'autre, sans avouer le moindre sentiment qu'ils pouvaient partager. Livaï ne savait plus quoi penser de cette relation, il ne savait plus comment réagir face à cette jeune femme si pure qui lui faisait tourner la tête. Il avait déjà passé de longue soirée à penser à sa subordonnée, mais là, tous ses sens s'accordaient pour lui donner l'impression qu'elle était là, juste devant lui.

Il ressentait son cœur battant sous sa poitrine, le parfum de camomille qu'elle portait divinement bien dans sa chevelure, la douceur de ses mèches rousses, et encore et toujours il voyait son sourire sincère sur son visage parfaitement dessiné. Mais ses pensées se stoppaient rapidement lorsqu'il la revoyait pleurer, parce qu'elle ne devait pas le vouloir comme il la voulait, et que telle était la triste réalité qu'il méritait.

Mais Petra, de son côté, en était de plus en plus assurée, son cœur ne lui mentait pas. Cet homme faisait bien battre tout son être, et elle en était tombée, irrémédiablement et inévitablement amoureuse.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋  | Acte I : 𝓣𝓻𝓮𝓪𝓬𝓱𝓮𝓻𝓸𝓾𝓼Where stories live. Discover now