Chapitre 17

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Romy

Heureusement que personne vient jamais dans les toilettes du deuxième étage. Je crois qu'ils se demanderaient clairement ce qui est en train de se passer.

- C'est pas vrai, je soupire en essayant de reprendre une respiration normale.

Et là, tout de suite, les mains serrées autour du rebord du lavabo, je commence à comprendre ce que Lara a essayé de me dire pendant des mois : tu pourrais avoir bien mieux que ce que tu as avec Jules. Ça fait trois jours à peine que je suis célibataire, deux jours à peine depuis que j'ai revu Mikaël, et je vois déjà parfaitement ce qu'elle a essayé de me dire.

Parce que j'ai jamais eu le cœur au bord du gouffre, la respiration aussi lourde, avant de voir Jules. Mais là, je m'apprête à descendre dans la cour pour faire la sortie d'école, et je sais que Mikaël est déjà là, je l'ai vu en passant devant la fenêtre. C'est cette idée qui me met dans cet état-là.

Et je peux pas me permettre de rester enfermée ici jusqu'à ce qu'il parte, j'ai raté l'arrivée des enfants ce matin, si je rate la sortie ce soir, il va croire que je l'évite à nouveau. Mais je l'évite pas, j'ai juste pris deux heures à choisir ma tenue ce matin. Et accessoirement, j'ai discuté avec Thanos un peu trop longtemps au petit-déjeuner.

Sauf que Tan, il est arrivé à l'heure, pas moi. Quand je suis descendue de mon vélo à toute vitesse, que j'ai balayé les environs de la grille du regard, que j'ai vu que Mikaël n'était plus là, j'ai eu envie de faire demi-tour et de rester sous la couette toute la journée. Naïvement, je me suis dit que, le connaissant, il serait resté jusqu'à ce que j'arrive.

- Romy ? La voix d'Isla arrive jusqu'à mes oreilles quand elle toque à la porte. Y a plus que lui tu sais, il t'attend je crois.

Je sais même pas combien de temps je suis restée ici.

- Tu lui as dit ? Je rajuste ma queue de cheval avant d'ouvrir la porte. Que j'étais toujours là ?

- Non, elle me lance un sourire en coin, juste que j'allais voir. Tu es trop belle arrête, elle stoppe ma main quand je m'apprête à lisser les plis de mon haut. Tu me raconteras demain, son rire me détend un peu, avant qu'elle finisse par faire demi-tour, et disparaître au bout du couloir.

Il est toujours là. Rien que cette phrase suffit à réimprimer son visage sous mes paupières, et je sens déjà mon cœur s'emballer à nouveau. Mais je peux pas faire demi-tour une nouvelle fois, je peux pas le laisser croire qu'à chaque fois que je parle, c'est juste du vent.

Chaque marche qui me fait descendre jusqu'au rez-de-chaussée augmente un peu plus mon stress, et c'est pire encore quand je pousse la porte qui mène à la cour, et que je le vois là, assis sur le petit banc dans la cour, à regarder Mila jouer à la marelle. Il est tellement absorbé par le spectacle, qu'il ne me remarque même pas.

- Mikaël, je lâche, sans m'avancer bien plus loin que le seuil de la porte, je sais même pas si j'en serais capable.

De sa fille, ses yeux passent à moi, et je sens ma poitrine à la limite d'exploser quand il balaie mon corps du regard, sans vraiment s'en cacher.

- Romy putain, il me lance un grand sourire avant de se lever du banc.

Le reste, j'ai l'impression de le voir en étant simple spectatrice. Ses mains dans les poches de son pantalon, il parcourt la distance qui nous sépare comme si ça ne lui causait aucune difficulté, avant de s'arrêter à à peine un mètre de moi.

Eidos · Deen BurbigoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant