Eidos · Deen Burbigo

Chapitre 22

Mikaël

Est-ce que j'ai fait une dinguerie ? Je crois bien.

- Putain de merde ! Je balance mes lunettes de soleil sur la table en jetant un énième regard au "vu" en-dessous de mon vocal, qui traîne là sans réponse depuis hier soir.

J'ai craqué en plein milieu de la nuit, j'étais seul sur le balcon, Mila dormait, j'avais besoin d'elle, j'ai craqué. Je lui ai fait un vocal. Je sais pas ce que j'ai cru, que c'était bien de prendre ses couilles et de dire les choses, sûrement, pourtant je sais très bien comment Romy fonctionne. C'est pas parce qu'elle accepte d'avancer plus vite depuis deux semaines, que j'ai le droit de prendre l'autoroute carrément.

Et hier soir, j'ai craqué, je la voulais près de moi, qu'on parle tous les deux sur le balcon, j'ai craqué. J'ai pas pris dix milles chemins différents, je lui ai fait la même proposition que celle que j'ai présentée à Eff l'autre jour : qu'elle vienne chez moi, avec Mila et moi, le temps que les choses se règlent avec son ex, et qu'elles se calment chez les Samaras.

Peut-être que j'aurais dû évincer la partie du vocal où je rajoute que j'aurais grave aimé qu'elle soit près de moi dès hier soir. La proposition en elle-même est déjà rapide, j'en ai juste rajouté une couche alors que c'était clairement pas nécessaire. Et maintenant, comme un con, je me retrouve là, devant son "vu", et je sais très bien que la suite de ma journée va pas être bien mieux.

Parce que y a très peu de chances que je la vois à la sortie de l'école dans 15 minutes, si elle n'a déjà pas osé me répondre par messages.

- Putain, je murmure en fermant les yeux.

J'ai fait le mec vénère contre lui-même toute la journée, j'ai fait genre je voulais me per-ta tout seul pour avoir foirer les bails comme ça, c'est que du bluff. Depuis que je suis à l'appart, sans Mila, les masques sont retombés : j'ai peur de fou. Elle m'avait enfin donné une chance avec elle, une chance de l'avoir près de moi, de pouvoir la rendre heureuse, la vie de ma mère j'ai tout gâché en une soirée.

Mais je sais pas, sur le balcon ça sonnait différemment, ça sonnait logique, ça sonnait juste. J'étais là, assis seul, à mater les toits de la ville, et j'aurais voulu qu'elle soit dans mes bras, truc méga simple. Je vois la scène tellement nettement, elle, couchée entre mes jambes sur le transat, dans une de ses tenues qu'elle utilise pour traîner à la maison comme je vois passer sur son Insta, ma main qui joue avec la sienne, à parler de trucs de tous les jours, à lui poser toutes les questions que je rêve de poser depuis que je l'ai vue le premier jour.

Je pouvais pas garder ça pour moi, ça sonnait trop beau et trop juste. Mais apparemment, j'ai juste halluciné. Et je crois bien que mon seum absolu va se poursuivre, quand je vais poser les pieds devant l'école.

***

- Papa ! Mon petit soleil court vers moi, à peine la grille passée.

- Wesh ma princesse, je la soulève en rigolant quand elle me tend ses bras grands ouverts, ça va ?

Le sourire aux lèvres, elle hoche la tête, tout en ouvrant sa compote à la fraise.

- Maîtresse elle était trop jolie aujourd'hui Papa, elle me termine avec quelques mots seulement, même que le grand directeur il lui a souri en grand grand.

J'avais bien dit que ma journée allait empirer. Je sais très bien à quoi Romy ressemble, je suis le premier à dire qu'elle est juste magnifique, je savais dans quoi je me lançais. Ça change rien à la façon dont mon estomac se tord en l'imaginant sourire à un autre gars comme elle le fait avec moi.