Chapitre 64

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Mikaël

Je sais pas ce que je tape, c'est probablement du suicide. Deuxième point important, c'est absolument pas ma salle de sport habituelle. Pourtant, je suis là, assis sur le banc de muscu, ma serviette autour des épaules, à la regarder entraîner un tipeu aux sacs.

- Relève les yeux, Pruski glisse son index sous le menton du petit blond, je t'assure que tu voudras toujours voir la tête que tire celui que t'arrives à frapper.

J'aurais souri d'habitude. Parce que je m'entends méga bien avec la go de Polak d'habitude. On a la même meilleure amie. Sauf qu'aujourd'hui, je jure que j'ai pas les couilles de sourire, je sais même pas comment j'ai eu les couilles de venir.

- Je te laisse deux secondes, je me redresse quand Lili sourit au tipeu, et je crois que je peux sentir chaque muscle de mon corps se tendre quand elle pose directement son regard sur moi.

Je suis de l'autre bout de la salle, un peu caché parmi les machines, là depuis déjà au moins 40 minutes, si elle a posé les yeux sur moi aussi facilement, c'est qu'elle m'a repéré depuis longtemps.

- Polak, ta femme c'est une machine de guerre, je murmure tout seul.

Elle se presse pas. Elle prend le temps de choper une serviette dans son sac, de tamponner délicatement sa nuque, son front, juste histoire de rendre le truc encore un peu plus long, que le chemin qu'elle fait jusqu'à moi soit juste un peu plus douloureux que ce qu'il est déjà aussi.

- La salle de mon frère, elle lâche en arrivant finalement devant moi, est réservée à ceux qui savent ce qu'ils veulent Ahma.

- Tu veux pas qu'on sorte tous les deux du coup ? La pique sort toute seule quand je me lève, et elle ricane doucement quand je me place devant elle.

- Tu crois te la péter avec quoi ? Ton mètre soixante-quinze ? Elle hausse les sourcils.

- Quatre-vingts, j'fais la même taille que ton gars.

- Peu importe, elle pouffe, je l'ai déjà mis au sol, ça me fait pas peur, donc pas besoin de te lever pour jouer au caïd devant moi.

C'est elle qui m'a raccompagnée à la porte hier soir. Sans Romy. Sans Mila.

- C'est satisfaisant de jouer au chien de garde après l'avoir ignorée pendant des semaines ? Je lâche.

- C'est satisfaisant d'être sur le banc après avoir été titulaire pendant des semaines ? Elle me quitte pas des yeux. C'était quoi ton objectif en venant ici Ahma ? Que j'ai l'impression que t'aies assez de couilles pour que je te ramène à la maison avec moi après ?

- J'vois pas en quoi tu serais légitime à en juger.

- Pourquoi t'es venu alors ? Elle hausse les épaules.

Parce qu'aussi fort que ça me nique d'avouer ça, hier soir, j'étais soulagée quand j'ai vu Romy appuyer sa tête contre l'épaule de Lili, de savoir que même si moi j'ai merdé, elle est pas toute seule.

- Me la lâche pas dans deux jours, je murmure. Lili, s'il te plaît.

- Oh t'inquiète pas, Pruski sourit, c'est pas la voir patiner avec Martin jeudi soir qui me fera changer d'avis, je suis pas comme ça. Qu'est-ce que ça donne bien quand ils sont tous les deux, t'imagines même pas, elle secoue la tête de droite à gauche théâtralement, et même si je sais que c'était son objectif, j'arrive pas à empêcher ma mâchoire de se contracter.

Eidos · Deen BurbigoWhere stories live. Discover now