Chapitre 43

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Mikaël

Je m'en doutais. Je viens d'ouvrir les yeux, je tombe sur mon lit vide, je m'en doutais. Elle a largement dépassé ses limites hier, j'ai cru pendant un moment que j'avais rêvé la discussion qu'on a eue au centre, au moins jusqu'à ce que je la voie détailler en silence sa boîte de médicaments juste avant d'aller dormir, le regard dans le vide et les mains serrées autour de son peignoir.

Ça a pas duré longtemps, Mila est revenue à la charge juste après en entourant les hanches de ma blonde avec ses bras, son sourire est revenu.

Ça me tue à petit feu qu'un sujet qui devrait lui apporter masse de bonheur, la mine comme ça. Je crois que je pourrais tout donner pour qu'elle puisse sourire en s'imaginant être maman l'année prochaine, avec moi, près de Mila, mais je sais que c'est plus compliqué que ça. Sinon elle serait encore dans mes bras, il est encore trop tôt pour que son réveil ait sonné.

- Romy ? Je me redresse, mais la chambre est vide, la porte entrouverte.

Ces derniers jours, elle a jamais été très loin, jamais plus loin que la porte d'entrée. Ça change rien au fait qu'elle est rarement dans mes bras au réveil, elle a trop de trucs dans le crâne pour rester calmement allongée. Faut pas me prendre pour un attardé non plus, je sais qu'elle fuit aussi avant que je sois levé histoire d'éviter que je la lance dans une discussion qui la mettrait mal à l'aise.

Je kifferais juste qu'elle soit consciente que toutes les discussions ne sont pas forcément des parties de plaisir, et que la plupart du temps, ça sert à rien d'essayer de s'y préparer, faut juste tenter et gérer au fur et à mesure.

J'attends pas plus longtemps avant de me sortir du lit, pas plus longtemps avant de sortir dans le couloir. Vide aussi.

- Romy ? Je lâche, en prenant le chemin de la cuisine.

Parce que si y a bien un truc qui la rassure plus que tout, c'est de préparer le petit-déjeuner de ma princesse, qu'elle a pas le temps de voir avant de partir à l'école le matin. Sauf que la cuisine est toute aussi vide que le reste de l'appart, les ingrédients sont même pas sortis.

- Wesh, je fronce les sourcils en ouvrant le frigo de l'arrière-cuisine. Putain, le juron sort tout seul quand je trouve la pâte ou les crêpes déjà faites nulle part.

Mauvais bail, archi mauvais bail. Elle les fait tout le temps, qu'elle se sente mal ou bien, ça change r, le petit-déjeuner de Mila est toujours prêt bien avant que ma princesse se lève.

- Romy ? Je nierai pas que mon rythme cardiaque vient d'augmenter très largement quand je passe de la cuisine à l'entrée de l'appart. Nan, je souffle quand je remarque que sa veste est absente du porte-manteaux.

Fais chier. C'est toujours le même feeling qui me prend aux tripes quand elle fuit : j'ai juste l'impression de pas avoir été assez. Si elle s'est barrée, c'est forcément que d'un côté, elle était pas assez l'aise pour juste me réveiller et me dire que ça allait pas, et ça me fout un seum considérable à chaque fois.

Quand je lui ai dit que j'étais prêt à être papa avec elle, je rigolais de r, j'étais archi sérieux, archi conscient de ce dans quoi je me lançais. Je savais que ça allait pas être facile, que ce soit médicalement ou psychologiquement, je pensais juste qu'elle avait compris qu'elle pouvait se reposer sur moi.

- T'es partie où ? Je murmure, en m'appuyant contre le mur qui donne sur le salon. Salut, la silhouette de Jarvis, assis devant la baie vitrée, me ramène un semblant de sourire, étonnamment.

Eidos · Deen BurbigoWhere stories live. Discover now