Chapitre 65

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Romy

J'ai jamais cru que garder des cartons remplis d'affaires de quand j'étais encore avec Jules serait utile à ma survie. Aujourd'hui, oui. Il viendra jamais me chercher derrière, c'est la meilleur cachette de toute la maison.

- Mais wesh, j'arrête de respirer en entendant Mika pester dans le couloir, Romy, j'te jure que tu vas pas capter ce qui va t'arriver quand je vais te mettre la main dessus. Littéralement, il rajoute en grognant, mes deux mains.

Vendredi après-midi. Je suis censée être à l'école, mais mes élèves sont en sortie sans moi, ça m'était complètement sorti de la tête, alors évidemment que j'avais pas dit à Mika non plus que j'avais la moitié de ma journée de libre. Il l'a découvert en rentrant y a 10 minutes, figé sur le seuil de la porte d'entrée quand il m'a trouvée dans un de ses t-shirts, avec juste une culotte, allongée sur le canapé devant un film que j'ai vu 1000 fois.

Et je voulais voir mon film. Mais, Mika s'est mis devant l'écran avec d'autres idées d'occupation de mon après-midi dans sa tête. Sauf que je voulais voir mon film.

J'arrive pas à retenir mon sourire en rejouant les secondes d'après dans ma tête : le ton sans appel avec lequel je lui ai dit non, la manière dont il a haussé les sourcils, ses mains qu'il a essayé de venir poser sur mes hanches pour me convaincre, mon rire dans le couloir quand je me suis échappée en courant pour venir me cacher ici.

- C'est quoi même maintenant ? Il souffle en repassant au même endroit où il est déjà passé 1000 fois sans me trouver pour autant. Tu crois au bail du "on couche pas avant le mariage" ? Parce qu'on a un peu niquer le truc Romy déjà.

C'est la chose la plus drôle que je connaisse. Mikaël quand je le repousse. Même quand c'est juste pour un bisou ou sa main dans ma nuque, même quand c'est parce que je suis pleine de transpiration après une séance de cardio avec Lara, il se prend toujours la tête à essayer de trouver des explications complètement tordues à mon refus.

99% du temps Mikaël, la seule explication c'est que j'ai envie de t'embêter.

- Romy, plus le temps avance, plus sa voix devient rauque, faut que je te ramène le fauteuil du salon comme preuve ?

Cette fois, je souris pas, je sens juste mes joues brûler.

- T'sais qu'Eff il m'a demandé ce qui était arrivé pour que l'accoudoir soit déformé comme ça ? Je ferme les yeux quand il ricane, en s'appuyant contre le mur du couloir à quelques mètres de moi. J'allais lui dire quoi ? J'imagine son sourire fier sans aucun problème. Frère, y a r, c'est juste que j'ai tellement rendu Romy folle qu'elle a serré le bail trop fort, le truc il a jamais repris sa forme normale.

Ça me plaît tellement. De jouer avec lui. Pourtant, avant de le rencontrer, je l'avais jamais fait, que ce soit avec Jules ou quelqu'un d'autre, j'avais jamais ressenti le mélange d'impatience, de rires, d'amour, de légèreté et d'envie qui menace de faire déborder mon coeur depuis tout à l'heure.

- Romy, il expire, y a pas Mila, j'veux entendre mon prénom sans que tu te retiennes.

Je me suis pas retrouvée dans ses bras depuis que je l'ai demandé en mariage. Même si je sais que ça ne change rien à qui il est et à qui je suis, à mes yeux ça rajoute juste une profondeur de plus à tout ce qu'il y a entre nous deux.

- La vie de oim Romy, mes poumons se bloquent quand je l'entends tracer une ligne droite jusqu'au tas de cartons derrière lequel je me cache, j'voulais éviter de m'en approcher mais j'te jure que j'en ai plus rien à foutre, mes pieds décollent du sol plus vite que ce que j'avais pu imaginer, et il perd pas une seconde pour virer les trucs qu'il y avait sur son bureau pour m'y déposer.

Eidos · Deen BurbigoWhere stories live. Discover now