Eidos · Deen Burbigo

Chapitre 52

Mikaël (Dimanche 10 décembre 2023)

J'ai bien vu la façon dont le gars m'a regardé quand je suis passé à la caisse, ma bouteille de lait à paillettes à la main, et que j'étais presque aussi extatique que Thanos quand il voit un escargot. Bats les couilles, pas mon problème, c'est littéralement la meilleure journée de l'année.

Aujourd'hui, ma princesse a 6 ans, et y a r que je ferais pas pour qu'elle garde son sourire de la première minute jusqu'à la dernière.

Donc je me suis levé avant tout le monde, j'ai laissé à contre-coeur ma blonde sous la couette, et j'ai pris ma caisse pour aller récolter tous mes bails : le lait à paillettes, les donuts licornes que j'ai commandés à la pâtisserie la semaine dernière, et les petites guimauves en forme de coeur pour le chocolat chaud.

Je veux que ma fille se sente spéciale, je veux qu'elle se sente précieuse, je veux qu'elle sache à quel point je kiffe chaque jour avec elle depuis que je l'ai rencontrée, je pourrais courir toute la journée à droite à gauche, juste pour lui choper tous les trucs qu'elle veut et qui la feraient sourire. En plus, je vais pas mentir, ça aide si je peux me faire pardonner un peu mes conneries de la semaine, parce que ni elle, ni Romy, sont encore réellement passées au-dessus de mon absence. Et elles ont raison.

Je vais me rattraper. On a la matinée pour nous trois, le L arrive cet après-midi, je les veux juste toutes les deux près de moi, je vais les faire kiffer. Au-delà de ça, hors de question que Romy se sente à part ou quoi pour le premier anniversaire de Mila qu'elle passe avec nous, j'ai tout prévu. Et je souris déjà rien qu'à l'idée.

Encore plus quand je pousse la porte d'entrée, mes deux sacs à la main, et que l'odeur du café remplit mon nez. Elle est levée.

- Salut, je lâche doucement quand, une fois mes chaussures retirées, je pose les pieds dans la cuisine. J't'ai pas réveillée tout à l'heure, j'suis allé chercher le petit-déjeuner de Mila.

Je sais pas si j'avais rencontré quelqu'un comme elle avant. Parce que Romy, c'est juste un bail à part. Elle a juste besoin d'être dans une pièce, d'être pas loin de toi, pour te plonger dans son mood, et putain de merde, perso je pourrais juste me noyer dedans. Elle est si calme, si douce, ça a le goût et l'odeur des journées d'automne ou d'hiver au chaud à la maison. À chaque fois que je rentre, à chaque fois qu'elle apparaît près de moi.

- Je me doute, elle lève une tasse vide pour me proposer un café.

- Ouais, de fou, je m'approche, la lèvre entre mes dents, merci.

Y a deux semaines, on serait déjà collés l'un à l'autre, moi à la chatouiller, à la faire chier, elle à rire et à jouer à la meuf timide. Depuis mes conneries, y a pas moyen de rater qu'elle garde un peu ses distances. C'est léger, j'ai le droit à l'attention dont j'ai besoin, je sais qu'elle fait ça consciemment, mais elle va pas plus loin. L'extra dose de sourires, de câlins, de discussions, à laquelle j'ai le droit d'habitude, elle la garde pour elle.

- J'peux m'excuser encore une fois ? Je la regarde s'affairer derrière l'îlot central, son stylo entre les lèvres, à annoter la recette du gâteau d'anniversaire toutes les 30s.

Stylo qu'elle reprend à la main la seconde suivante, pour me sourire doucement en secouant la tête de droite à gauche.

- Pas la peine Mika, elle feuillète le livre, je préfère te voir agir, c'est plus rassurant, et tu le fais très bien pour l'instant.

- Ouais ? Je souris. Ok. Elle est debout ?

- Tu te doutes que non, ma blonde rigole doucement en jetant un oeil au couloir.