Chapitre 42

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Romy

J'ai limite couru en passant devant le bureau de l'accueil, pas besoin qu'une personne supplémentaire voit mes joues trempées, les gens dans le métro, c'était largement suffisant.

La situation est en train de me filer entre les doigts. J'ai essayé de le nier cette semaine, la semaine d'avant aussi, mais c'est juste plus soutenable. Je crois que voir Mathieu au cimetière, apprendre que Lili ne va pas aussi bien que ce qu'elle a pu montrer chez Alya l'autre soir, c'était juste la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Mila, sa peur de me voir partir, l'envie débordante de Mika pour le mariage, les enfants, le fait de savoir que Jules est sur Paris, c'était déjà beaucoup trop pour que j'arrive à tout assimiler à mon rythme. Il a fallu que tout s'accélère encore un peu plus en apprenant pour Lili.

Pourtant, jusqu'à ce midi, je gérais encore.

Au moins jusqu'à ce que Mila se mette à pleurer en comprenant qu'elle allait manger chez Alya avec Thanos, mais sans moi. Si les paroles de Mikaël ne m'étaient pas revenues en tête à ce moment-là, jamais je n'aurais pu la laisser, j'aurais juste pas pu partir. Ça aurait été le mauvais choix, le mauvais exemple, ça n'a pas rendu la situation plus facile pour autant.

- Romy ? Je relève la tête quand la voix d'Adeline stoppe ma descente du couloir.

Quand elle remarque mes larmes, mes bras serrés autour de mon ventre, ses sourcils se froncent, ses yeux me demandent silencieusement si je vais bien. Le problème, c'est qu'à aucun moment je me sens de lui répondre.

- Pause déjeuner avec moi ? Je sens un poids juste énorme se soulever de mes épaules quand elle s'approche pour glisser sa main dans le bas de mon dos, avant de me pousser jusqu'à son bureau.

Elle a déjà tellement à gérer, tellement de personnes qui comptent sur elle, mais c'est quand même son sourire et sa douceur qui me sont venues à l'esprit en premier.

- Tu dois en avoir marre, je murmure en essuyant mes joues avec les manches du pull que j'ai emprunté dans le placard de Mika.

- De quoi ? Elle s'installe sur le petit canapé, avant de me tendre la main pour que je la rejoigne.

- Tu t'occupes déjà des autres toute la journée, et je viens t'embêter pendant ta pause, mes yeux se perdent sur la table basse, une fois installée contre elle.

Adeline laisse le silence s'installer la seconde suivante, juste perturbé par le bruit régulier de l'horloge sur le mur en face de nous.

- Je vais faire une remarque, elle écarte délicatement une mèche de mon visage pour la placer derrière mon oreille, tu la prends comme tu as envie, mais écoute-la Romy, ça vous ferait beaucoup de bien à toutes les deux.

- Toutes les deux ? Je fronce les sourcils.

- Peu importe ce qu'elle essaie de montrer, Adeline soupire, je ne suis pas idiote, je la connais par cœur, Lili ne va pas bien non plus. L'autre jour, je lui ai dit ce que j'ai rarement osé lui dire, elle resserre son bras autour de moi. Elle m'a offert la chance d'être maman, alors que ce n'était absolument pas dans mes plans. Mamie même, d'un joli petit garçon aux yeux gris, je l'entends presque sourire. J'ai juste omis le fait qu'à mes yeux, elle a une grande sœur, grande sœur qui a la même manie de venir me voir dès qu'elle n'arrive plus du tout à gérer ses problèmes.

- Adeline, je chuchote, la lèvre entre mes dents, j..., elle me stoppe en posant sa main sur la mienne.

- Je vous aime toutes les deux comme si vous étiez les miennes, elle dépose un bisou dans mes cheveux, ton petit frère, Ben, c'est la même chose. Je serai toujours là quand vous avez besoin, mais s'il te plaît Romy, Lili aurait vraiment besoin d'une grande sœur. Et toi d'une petite. Vous n'avez pas été les plus chanceuses, vos familles c'est compliqué, mais crois-moi si je te dis que tu pourrais être la sienne, et elle la tienne. Elle attend que ça, elle se balade dans Paris juste pour espér..., je l'arrête en serrant ma main dans la sienne.

Eidos · Deen BurbigoOnde histórias criam vida. Descubra agora