Eidos · Deen Burbigo

Chapitre 48

Mikaël

Je devrais pas me marrer comme je suis en train de le faire dans ma tête, pourtant je trouve la situation exceptionnellement drôle. Je suis toujours en pyjama, appuyé contre le comptoir de la cuisine, à regarder ma blonde fixer le vide du frigo, la bouche entrouverte, parce qu'elle vient de réaliser qu'on a oublié d'acheter du lait. Parce que je l'ai pas laissée faire une liste.

- Romy, je souris en la voyant rester bloquée devant le frigo.

- J'aurais dû faire une liste, elle souffle. On a oublié le lait et les gâteaux que Mila elle aime bien quand elle prend son goûter dans la cour en m'attendant.

Ça m'impressionne autant que ça me rend triste, réellement. Ça m'impressionne qu'elle ait été assez organisée ces dernières années pour ne pas oublier ne serait-ce qu'un tout petit truc en allant faire les courses. Ça me rend triste parce que je trouve que y a rien de mieux que quand les choses prennent une tournure que j'avais pas prévue, et que je me retrouve à trouver une solution avec ma princesse, encore mieux maintenant, avec ma princesse et ma go.

Tout a toujours été quadrillé à la perfection dans la vie de Romy, et je suis méga déter à changer ça, c'est pas une façon de vivre pleinement.

- Bienvenue dans le monde des humains moyens, je l'entoure de mes bras, avant de déposer mes lèvres sur sa tempe, on oublie tous des trucs, t'as pas besoin d'être une machine. Et Mila t'en voudra ni pour le lait et les crêpes, ni pour les gâteaux du goûter, elle t'aime comme t'es.

- Mais j'ai pas de quoi faire les crêpes, je souris doucement quand elle vient poser ses mains toutes douces sur mon avant-bras, en appuyant sa tête contre mon torse.

- Elle est chez Eff, on se détaille en souriant, elle a pas besoin de crêpes tout de suite, et vu qu'on est tous les deux, je me détache pour aller attraper ma veste, on peut sortir et se pointer à l'épicerie. Tu viens ?

Les sourcils levés, elle observe mon pyjama, maintenant recouvert de ma veste.

- Où est passé Deen ? Elle rigole. Tu te rends compte que y a rien qui va dans ta tenue là ?

- On s'en tape, on va à l'épicerie, je hausse les épaules.

Puis perso je m'en tape, on verra encore plus qu'elle si elle marche à côté de moi. Évidemment qu'elle est déjà habillée, putain de bien en plus, elle a peut-être plus ses carnets et ses listes, mais ça reste Romy quand même, elle a bien plus de discipline que n'importe qui d'autre.

- On y va maintenant ? Elle hésite en attrapant son manteau.

- Tu veux ton lait ? Je souris.

- Tu me dégoûtes, elle secoue la tête en grognant, et il me faut au moins 30s pour capter sa réponse.

- Wesh, je souris comme un con en la suivant dans les escaliers qui mènent à la cour, là par contre c'est pas moi qui ait eu des idées sales, juste toi. J'suis refait, mon sourire s'élargit quand ses allusions la font rougir, j'ai même plus besoin de te faire des blagues sales, tu les fais toi-même.

C'est tout ce qui lui faut pour enfouir le bas de son visage dans son écharpe, avant d'accélérer pour me semer. C'est mort. Ce matin, j'sais pas ce que j'ai, mais la vie de ma mère je pourrais soulever des montagnes, j'ai envie de courir partout, et c'est pour ça que je me retiens pas des masses quand j'attrape ma go par la taille avant de la soulever, la faisant crier au passage.

- Mika ! Je la vois écarquiller les yeux quand elle passe le passage piéton dans mes bras. Qu'est-ce que tu fous ? Son rire sonne dans la rue, et je crois que je peux pas sourire plus.