Chapitre 25

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Romy

- C'est trop bien que tu sois là, Lara souffle en me souriant, son attèle posée sur le bord de la table basse. Avec ma mère laisse tomber, ça aurait été l'enfer.

Si tu savais où je devrais être à la place d'être dans ton salon, tu ne dirais plus la même chose. J'ai laissé mes carnets bien au fond de mon sac, j'y ai pas touché, parce que j'ai beaucoup trop peur de revenir à la réalité, de réaliser les bêtises que j'enchaîne depuis une semaine.

Je ne devrais pas être ici, à passer mon samedi matin chez Lara. J'étais pas censée être ici hier soir non plus, puis le soir d'avant, ni tous les soirs de la semaine. Sauf que ça, je l'ai pas dit à la petite brune qui mange ses céréales devant la télé en reposant sa cheville potentiellement foulée sur la table basse.

J'ai le cœur au bord du gouffre à chaque fois que j'y repense, ça me tord l'estomac. Parce que j'ai fui, j'ai fui. Samedi dernier, quand je me suis réveillée dans ses bras, après le moment sous la douche, puis la soirée sur le balcon, j'ai failli m'étouffer en me souvenant du culot que j'avais eu la veille : le pari, l'appeler à la salle de bain alors que j'étais en serviette, lui demander de fermer la porte, le laisser me regarder, lui dire que j'avais envie de lui, le laisser réaliser mon envie la minute suivante.

C'est pas moi, j'agis pas comme ça logiquement, c'était pas réfléchi.

- Tu penses que Valérie elle sera ok pour que je retourne à l'entraînement mercredi ? Lara me sort de mes pensées, la main dans le paquet de céréales.

- Ça dépend surtout de ce que le médecin va dire lundi, je lui lance le meilleur sourire que j'ai en réserve. L'important, c'est qu'on puisse reprogrammer le spectacle, pas que tu te blesses encore un peu plus.

Parce que oui, pendant que je ne savais plus où me mettre en me réveillant dans les bras de Mika samedi dernier, mon téléphone m'a fourni l'échappatoire parfait. J'en suis pas vraiment fière, mais j'ai pas hésité très longtemps quand la mère de Lara m'a appelée pour me dire qu'elle s'était probablement blessée, et que, sachant qu'elle représente à elle seule 80% du spectacle prévu à la patinoire, Valérie a décidé de le reporter. J'ai dit oui quand elle m'a demandé si j'avais le temps de m'occuper de Lara, étant donné qu'elle devait quitter Paris pour son travail cette semaine.

Je suis une enfant. Je le sais. Y a rien de logique dans ce que je fais, rien de réfléchi. Dès que Mika est concerné, j'ai l'impression que mon esprit, qui d'habitude agit calmement et avec sens, ne sait plus quoi faire. Je fais les pires choix.

Je peux même pas dire que je regrette, il n'y a aucune seconde de ce qu'il s'est passé entre nous que je regrette. Son sourire doux et confiant, la façon dont il a touché mon corps avec un respect phénoménal, sa voix, les petits moments qu'il a pris de temps en temps pour me demander si ça allait.

Ça me donne juste envie de lâcher la tasse que je suis en train d'essuyer. Toutes les émotions que j'ai ressenties, je les ai jamais eues avant lui. Ça me dégoûte profondément, mais maintenant que je sais ce que Mika est capable de m'offrir, je suis parfaitement capable de dire que je n'ai jamais aimé l'intimité que j'avais avec Jules. J'y ai jamais pris du plaisir. Ça paraissait normal après autant de temps tous les deux, je me suis juste dit que c'était parce qu'on avait commencé jeune et qu'on était tombés dans la routine, maintenant je sais que ce n'est pas le cas.

J'ai jamais vraiment eu envie de lui. Ou en tout cas même pas à la hauteur de 1% de ce que je ressens quand Mikaël est dans la même pièce que moi.

Pourtant je suis là, à essuyer la vaisselle chez Lara. Il m'a juste souri doucement quand je lui ai dit que Lara s'était blessée, et que sa mère avait besoin de moi, il m'a prise dans ses bras, et il m'a amenée ici.

Eidos · Deen BurbigoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant