Chapitre 3

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Je me rends dans la chambre de mon patient Sean  Millers, il refuse de participer à sa séance quotidienne. Je frappe, il regarde par la fenêtre. Il m'ignore, je m'approche de lui. Il tourne sa tête vers moi, et détourne son regard.

— Je vous attends depuis vingt minutes dans mon bureau.
— Repartez m'attendre les vingt minutes restantes.
— Vous ne jouez pas le jeu. Vous avez évité la prison grâce à votre bilan psychiatrique. Je peux faire la marche inverse et vous envoyez finir votre peine dans un établissement pénitentiaire.

Il rit et il se tourne vers moi.

— J'aimerais goûter vos lèvres et bien plus encore.

Je suis prise de cours. Il sent mon trouble.
Il fixe mes lèvres et se tourne vers la fenêtre.

— Je veux faire mes séances dans ma chambre.
— Nous ne pouvons pas faire votre thérapie comportementale dans votre espace de  vie.
— Vous appelez ça espace de vie. En parcourant des yeux sa chambre.
— Oui c'est plus grand que la cellule dans laquelle vous auriez dû croupir.
Il rit.

—J'en aurais eu pour dix- huit mois et je serais sorti m'amuser avec « mes victimes ».

Il joue sur la corde sensible.

— Je vais en parler au chef de service . Je ne peux rien vous promettre.
— Bien. Je vous libère docteur.

Je le regarde, médusée, il vient de retourner la situation. Il sourit avec cet air condescendant.
Je sors frustrée par cet échange lunaire.

Je demande à m'entretenir avec le chef de service.
Le chef était assez réticent au premier abord, pour un souci de sécurité. Je lui ai parlé du succès d'une thérapie cognitivo-comportementale, dans un environnement propice à la guérison. Il finit par accepter. 

Je reçois mes autres patients, le suivi se passe bien.
Je dois revoir Andreane Zeeman pour évaluer l'efficacité du nouveau traitement. Je me rends à la salle commune et rejoins ma collègue Kristen. Elle se balade avec son cahier de note, la résidente modèle qui ne sort pas de sa zone de confort. Elle s'adresse à moi.

— Comment se passe tes débuts avec tes patients?
— Prometteur.
— Ton patient est très attirant.

Elle se mord la lèvre, elle parle de Sean. N'importe quelle jeune femme serait attirée par son physique.
Kristen y a succombé, elle ne cesse de poser ses yeux sur lui. Il ne serait pas contre, vu les regards provocants qui lui lance. Il pose ses yeux sur moi, je retrouve ce regard, qui fait de moi sa proie. Il a une façon très particulière de me regarder, j'ai l'impression qu'il peut lire en moi. Je détourne le regard et me concentre sur les autres patients, je l'entends rire.

— Et toi Kristen tes patients? J'ai vu que tu as prescrit de l'oxazépam à Richard Necher?
— Oui , tu as bien lu. Il souffre d'un syndrome somatique de l'anxiété.
Je souris jaune.

— Si j'étais toi je changerais de traitement.
— Tiens donc pourquoi?
— Mr Richard Necher souffre de la maladie de Myasthénie. Cette molécule est totalement contre-indiquée avec sa  pathologie.

Elle devient pâle, elle semble effondrée, elle court vers la porte. Sean a entendu la conversation, il sourit et m'applaudit. Il s'approche de moi, je suis mal à l'aise. C'est la première fois que je ressens une telle gêne avec un patient.

— Bien joué Hailey.
— Docteur Spitzer.

Il sourit. Il s'approche de mon oreille, les gardes se rapprochent de nous.

— J'ai hâte de te faire crier comme jamais.

Il s'éloigne de moi à bonne distance. Il lève ses bras en signe de bonne volonté et retourne regarder par la fenêtre. Je continue mon inspection. Les psychiatres ont eu vent de la boulette de Kristen, ils me dévisagent. J'ai toujours attisé la jalousie, la psychiatrie est une seconde nature pour moi. Certains doivent travailler dur pour réussir alors que j'ai cette facilité qui suscite l'envie.

Je rentre chez moi auprès de Roy, il m'attend comme toujours à la cuisine. Il prend soin de moi, je pense l'aimer, je n'en suis pas sûr. Je l'apprécie, c'est quelqu'un de bien, je suis heureuse qu'il fasse partie de ma vie.

Il m'embrasse avec pleins de désir, je cède à son envie, on fait l'amour . Je simule comme à chaque fois, je ne prends aucun plaisir . Je considère les relations sexuelles comme une corvée, une tâche à accomplir. Il finit par atteindre sa jouissance et s'effondre sur moi. Il me prend dans ses bras, je m'endors comme à chaque fois pleine de culpabilité.

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