Chapitre 33

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Six mois que je suis cette thérapie, je me sens sereine, elle a été bénéfique. Je me suis détachée émotionnellement de Sean, je le vois de nouveau comme un patient. J'ai revêtu ce masque d'indifférence envers lui.
Je ne laisse rien paraître, je ne suis plus avec Josh, je préfère rester seule.
Sean m'a rappelé des dizaines de fois, je coupe court à la conversation, je ne lui laisse aucune place dans ma vie.

Je me dirige vers ma voiture quand deux personnes habillées en costume se dirigent dans ma direction.

— Melle Spitzer?
— Oui.
— Veuillez-nous suivre!
— A qui ai-je l'honneur?
—FBI.

Ils me montrent leur carte. Merde, je revêts mon masque de détachement. Je les suis dans leurs locaux, ils me laissent dans une salle d'interrogatoire.
Je prie pour qu'il ne se soit pas fait prendre. Ils me laissent de longues minutes dans cette pièce. Ils essayent de me déstabiliser, je garde contenance, je ne flanche pas.

Deux agents finissent par entrer, ils s'assoient en face de moi et me fixent.

— Melle Spitzer, vous devez vous demander ce que vous faites là?
— Oui.
— Vous connaissez Sean Millers.
Je dois garder mon air détaché.

— Oui c'est mon ancien patient.
— Uniquement ancien patient?
— Que sous-entendez-vous?
— Vous l'avez aidé dans des opérations clandestines.

Je reste digne, je ne me laisse pas déstabiliser.

— En quoi le FBI est compétent dans ce dossier?
— Coriace. Ce qui va vous être révélé dans cette salle devra rester entre ces mûrs.
— Je vous écoute.
— Sean Millers est un agent infiltré.
— Quoi? Je n'ai pas bien saisi.
— Il est rattaché au département du FBI.

Ma respiration est saccadée, j'ai du mal à comprendre ce qui se joue dans cette salle.

— C'est un chirurgien.
— Oui dans sa vie civile.
— Vous voulez quoi de moi? Que je vous aide à le mettre derrière les barreaux?

Les deux rient.

— Tout ce que vous avez accompli est un petit privilège qu'il s'octroie, nous fermons les yeux.
C'est un des meilleurs agents. Il a été recruté à sa majorité.
— Je ne comprends plus rien.
— On va vous expliquer.

Ils me révèlent que l'hospitalisation de Sean était une couverture pour une de leurs enquêtes avortées. Ils ne peuvent pas m'en dire plus . Ils souhaitent mon aide pour aller au bout de cette enquête.
Je dois intégrer cet hôpital psychiatrique avec Sean. Je conserve ma fonction de psychiatre et Sean de sociopathe.

— Sean est oui ou non un sociopathe?
— C'est vous la psychiatre.
Il me dit ça d'un air condescendant.

— Le FBI embauche des sociopathes? Vous êtes tombés bien bas.
— Comme une psychiatre qui couche avec son patient sociopathe.

Ils savent, il a dû le mettre dans son rapport. Je me sens salie et bafouée. Je ne sais pas quelle position adopter face à l'absurdité de la situation, je garde contenance.

— Il n'est plus mon patient.
— Mais vous passez du bon temps avec quelqu'un d'instable émotionnellement.
— Pour le faire travailler au FBI, il est l'élément qu'il vous faut, mais pour le traiter en tant qu'être humain à part entière, il n'est qu'un vulgaire malade.
— Il sera ravi d'apprendre que vous lui portez autant d'intérêt.
— Je n'entretiens aucun intérêt.

Je demande un délai de réflexion, je suis soumis au secret, je ne peux rien révéler de ce qui a été dit durant nos échanges.

Quand je sors du bureau du FBI, il m'attend devant ma voiture adossée. Je ne fais pas attention à lui. J'ouvre la portière, il la referme, je le fixe.

— On va discuter.
— On? Tu as mis de côté ton narcissisme démesuré?
— Donne tes clefs, je conduis.
— Non.
— Le petit papillon est sorti de sa chrysalide. Papa ne doit pas être très content.

Je me décompose et me ressaisis, il tombe toujours juste, c'est troublant.

PSYCHOWhere stories live. Discover now