Chapitre 56

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Quatre mois qu'il laisse un vide dans ma vie. Je vais mieux, la rupture est moins douloureuse, je me concentre sur mon travail, réussir là où j'ai échoué avec Sean. Je me prépare devant la glace, j'ai encore sa brosse à dent, je me sens ridicule, je maintiens cet espoir qui s'évapore de jour en jour.

Je retrouve Andreane, elle me tend la liste de mes patients du matin, je commence ma journée machinalement. J'ai ouvert d'autres créneaux, je me plonge tête baissée dans le travail. A la pause déjeuner, je bois un café avec Andréane dans notre salle de repos.

— Comment ça va Hailey?
— D'habitude c'est moi qui te pose ce genre de questions.
Elle rit.

— Aujourd'hui, tu sembles en avoir plus besoin que moi.
— Non ça va vraiment. Je ne dis pas ça pour te faire plaisir.
— Je suis contente de l'apprendre.

Je rentre chez moi, je ne vois quasiment plus personne, je me suis isolée volontairement pour me focaliser sur moi . J'ai décidé d'être égoïste.
Je me réchauffe quelques restes qui traînent dans le frigo et me place devant la télé en bruit de fond. Une fois le dîner avalé, je me saisis de ma télécommande et mets ce qui est devenue ma chaîne préférée pour m'endormir, la chaîne animalière.
Ce soir, ce seront les fonds marins, mes yeux s'alourdissent, je suis sur le point de sombrer quand j'entends la sonnette de chez moi. Je me redresse, je regarde l'heure 22 heures.
Qui peut venir à cette heure-ci? Je me dirige vers la porte et ouvre.

Mes espoirs s'évanouissent, ce n'est pas Sean, un livreur qui me tend un bouquet de fleurs. C'est sûrement un de mes patients qui me remercie, je hume l'odeur des roses et me dirige vers la cuisine pour les mettre dans un vase. Je remplis le vase à moitié d'eau, retire les roses du sachet, un petit mot en tombe, je le ramasse, l'ouvre et les fleurs tombent au sol.

« Tu veux baiser Hailey? ».

Sean est de retour en ville. J'ai investi beaucoup de mon temps pour essayer de savoir où il se trouve, mais en vain. Mike a refusé de m'aider. Le temps a fait son travail, j'ai tourné la page, j'ai encore échoué avec lui.

Mes yeux ne cessent de relire ces quatre mots qui donnent un sens à ma vie. J'ai ce poids sur les épaules qui disparaît instantanément. Je m'assois et j'ai envie de le retrouver, mais je ne sais pas où il peut être. L'euphorie semble redescendre, je regagne ma place pour dormir.

Le matin, je me rends dans la cuisine, j'observe ces roses qui me donnent du baume au coeur, je n'ai peut-être pas tout foiré avec lui. Il est revenu, il n'était pas sûr de pouvoir le faire à son départ.
Je me mets en route pour le cabinet, Andreane m'informe que nous avons un patient qui a demandé à être vu de toute urgence. J'ouvre la porte de mon bureau, il est là.

J'ai encore peur de me tromper avec lui, quand il s'agit de Sean, je ne sais pas faire.
Je le détaille, il a laissé pousser ses boucles, il a pris du muscle, son style de vêtement est différent, il est décontracté, je me focalise sur son visage. Mes yeux se posent sur ses yeux verts qui m'ont fait perdre la tête. Il me fixe avec tendresse, j'ai l'impression de rêver, ce n'est pas le Sean que j'ai connu. Il m'observe en silence, il me détaille , j'ai maigri depuis qu'il est parti, il a dû le remarquer. Il semble inquiet, une autre émotion. J'ai du mal à réaliser. L'effet qu'il produit sur moi quand il m'observe avec ces yeux-là est mille fois plus intense que notre histoire en dents de scie. Il me déshabille du regard, j'y lis du désir, encore une autre émotion, j'ai l'impression de perdre la tête.

— Hailey.

C'est bien lui, c'est sa voix qui provoque un brasier en moi. J'aimerais l'entendre le dire encore et encore. Je suis trop captivée par sa façon de se tenir, de me regarder.

— Hailey.

Je souris, j'ai envie de sourire. Mon sourire est communicatif. Il affiche un vrai sourire et ses fossettes, je crois que je n'ai jamais vu quelque chose de plus magnifique de toute mon existence.

— Sean.

Il affiche un autre sourire, un sourire de soulagement. Il semblait inquiet, il paraît plus détendu.

— On doit discuter Hailey.
— En langage normal?

Et je réalise mon erreur, il vient de le faire, il l'a dit sans passer par notre petit jeu de mot.

PSYCHOWhere stories live. Discover now