Chapitre 31

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Quatre jours plus tard, Sean me rappelle pour une autre intervention. Il me récupère, je monte dans sa voiture en silence. Il écoute de la musique classique, je suis surprise, il a l'air détendu.
On se dirige vers le Bronx, je regarde les alentours, inquiète, et reporte mon attention sur Sean.

— Tu nous emmènes où?
— Dans un dispensaire.
— Tu vas opérer dans un dispensaire?
— Oui.

Mon cœur bat la chamade.Il stationne la voiture, on récupère son matériel dans le coffre. On se dirige vers le dispensaire, le coin est mal famé. Un médecin nous accueille et nous conduit vers une pièce qui fera office de bloc. Ils ont stérilisé la salle.

— Tu peux poser la perf Hailey.
— Ok.

La patiente est stressée, je la rassure en lui posant la perfusion. Elle a une cicatrice qui part de l'oreille jusqu'à la joue.Il injecte le produit anesthésiant, je lui pose un masque. Elle s'endort, il intube la patiente. Il soulève le drap, elle porte un pansement à l'intérieur de  la cuisse, il l'enlève délicatement.
Il pose ses yeux sur moi, j'ai envie de lui sauter dessus. Il sourit, il lit en moi comme dans un livre ouvert.

On se dirige vers le lavabo . On se lave les mains à l'aide d'un savant désinfectant et d'une brosse chirurgicale . Il prend un scalpel et découpe la peau autour de la cicatrice, je panse les saignements. Il dépose la chair dans la poubelle, il me demande un bistouri, je lui tends. Il découpe le greffon à l'intérieur de la cuisse. Il dépose le greffon au millimètre près, il ne tremble pas, il sait ce qu'il fait.

— 89 pulsations, 12,8 , 99 sat.

Il se saisit d'une aiguille , il suture bord à bord par des points cutanés. Il y pose un pansement gras qui recouvre le greffon, il enroule des compresses stériles et les dépose sur  le pansement gras. Il finit par nouer chaque brin laissé long à son opposé au-dessus des compresses.
Il a fini.

— Cette technique de chirurgie réparatrice se nomme le bourdonnet.
— D'accord.

Je suis impressionnée. Il est tellement doué.
On attend que la patiente se réveille pour donner les consignes des  soins. Le médecin lui changera tous les deux jours un pansement de propreté sans toucher le bourdonnet.

Nous prenons le chemin du retour. Dans la voiture, j'enroule ma main à la sienne. Je viens de réaliser que je suis amoureuse de lui. Ça me détruit, mes sentiments ne seront jamais partagés.  On arrive devant chez moi, avant de descendre, je souhaite lui poser quelques questions sur ses opérations clandestines.

— On risque quoi si on se fait prendre?
— De tout perdre. Si tu veux arrêter c'est maintenant.

Je prends un sacré coup au moral. Je me doutais de ce que je risquais en l'accompagnant et en l'assistant.

— Laisse-moi réfléchir.
— Bien.
— Sean.
— Oui?
— Je veux être avec toi.
— Tu es avec moi.
— Non pas comme ça.
— Tu sais bien que je vais te décevoir. Je ne pourrais jamais t'aimer, comme toi tu le voudrais.
—Bien.

Je rejoins ma voiture. Je rentre chez moi et prends une douche. Je prépare une tisane, mon téléphone sonne.
Sean.

— Oui Sean. Encore une intervention?
— Tu serais partante pour un second round?
— Là non.
Il ricane.

— Tu veux quoi Sean?
— Je ne sais pas Hailey. Je devrais sans doute dire toi.
— Sans doute. Est-ce que tu vois d'autres filles?
— Non.
— Pourquoi?
— Je devrais sans doute dire à cause de toi Hailey.
— Sans doute.
— Bon je te laisse . Je te rappelle si tu es toujours disposée à m'aider.
— Bonne nuit Sean.

Il raccroche.

PSYCHOWhere stories live. Discover now