Chapitre 6

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Je suis dans mon lit, je lis un livre sur les grands traumatismes liés à l'enfance.
Mon téléphone vibre.

Je n'ai pas beaucoup d'amis, personne ne prend de mes nouvelles. Mon père ne m'appelle que pour mon anniversaire. Mes parents sont divorcés, ma mère a refait sa vie avec un homme de vingt ans son cadet.
Il me dévore des yeux quand je lui rends visite.

Je récupère mon téléphone. Un numéro non répertorié. J'ouvre le message.

Je t'obsède Hailey?

Comment a-t-il eu mon numéro? Mon coeur bat la chamade, je suis prise de tremblement.

Comment avez-vous eu mon numéro?
Ne fais pas ta timide « Hailey ».
C'est interdit! Vous allez avoir des sanctions.
Tu ne diras rien car tu as envie que je te saute.
Vous êtes complètement malade .

Il m'appelle, je sors de la chambre, Roy dort.
Je m'isole dans mon bureau.

— Allo.
— Allo Hailey. D'une voix sensuelle.
— Comment avez-vous eu mon numéro?
— J'ai mes contacts.
— Vous ne pouvez pas avoir de téléphone !
— Détends-toi . Je pense à toi Hailey.
— Arrêtez-ça! Vous allez avoir des problèmes.
— Putain Hailey, je m'imagine te faire les pires choses inimaginables.

Je respire fort.

— Hailey, j'ai envie de lécher chaque centimètre de ta peau.
Ma respiration se fait de plus en plus forte.

— Sean, il faut arrêter ça! Il faut qu'on vous soigne.
Il rit.

— Soigne-moi Hailey! Et moi je vais te faire découvrir le sexe comme tu ne l'as jamais connu.
— Vous devriez aller dormir Sean.
— Tant que je ne t'aurais pas goûté, je ne dormirais pas.

Il raccroche.

Je suis médusée, un patient m'appelle et me fait des avances sexuelles au téléphone. Je suis chamboulée et presque excitée. Je ne comprends pas mon corps.
Sean en une conversation a réussi à allumer un feu en moi, je rejoins mon lit, complètement frustrée. Je mets de longues minutes à trouver le sommeil, la conversation tourne en boucle dans ma tête.

Le matin, je m'apprête plus que d'ordinaire, j'enfile une jupe en cuir et une blouse . J'ondule mes longs cheveux bruns, je me maquille plus que les autres jours. Roy me dévore du regard. Je file au centre psychiatrique.

Je prends ma tasse de thé, je rejoins la chambre de Sean. Je vais occulter la conversation téléphonique de la veille. Je frappe, aucun bruit suspect. J'ouvre, il regarde par la fenêtre.

— Bonjour Sean.
— Bonjour Hailey.

Il ne me regarde pas, je ne comprends pas son changement de comportement.

— Nous allons commencer?
Il s'assoit sur son lit.

— Comment étaient vos rapports avec les autres enfants de votre âge?
— Ton mec te fait grimper aux rideaux?
Je suis surprise par sa question.

— On ne parle pas de ma vie intime. Vous êtes le patient. Répondez à ma question!
Il reste dans un mutisme. Il ne répond plus à mes questions. Je souffle fort.

— Est-ce que tu prends ton pied avec ton mec?
En criant.

— Non.
— Maintenant, on peut reprendre la séance. Je n'avais pas beaucoup d'amis. J'étais quelqu'un de solitaire. Un haut potentiel mêlé à des abrutis.
— C'est le ressenti que vous aviez des autres?
— Ce n'est pas un ressenti c'est un fait. A huit ans, je résolvais des équations, pendant que mes petits copains jouaient au policier et au voleur.
— Je ressens une pointe de frustration.
Il rit.

— La frustrée est en face de moi.
— Je ne suis pas frustrée. Auriez-vous aimé avoir une enfance normale?
— Avec moi tu ne simuleras pas. Non, mon enfance était parfaite.

Je suis déboussolée. J'ai l'impression qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert.  J'écourte la séance et sors de cette atmosphère anxiogène. Je retourne à mon bureau. Je sors son dossier et regarde le compte rendu du résident qui s'est occupé de lui.
Il y décrit une personne totalement hermétique à toute conversation. Il restait l'heure de consultation à le fixer silencieusement et refusait de suivre sa thérapie cognitivo-comportementale.

Je file à la salle commune, je discute avec mon patient Zak Nevers. Le traitement est une réussite, il ne se sent plus à sa place dans cette structure. Je ferai passer son dossier au staff. Il souhaite réintégrer son foyer et retrouver sa petite famille.
Kristen frappe à mon bureau, honteuse.

— Kristen ma première pensée a été de te dénoncer.
— S'il te plait ne fais pas ça. Je risque de perdre mon doctorat.
Je souffle fort.
— Tu ne t'approches plus de lui. Tu changes d'affectation.
— D'accord. Je vais demander mon transfert. Merci merci Hailey.

Elle sort du bureau soulagée.  Je rentre chez moi à reculons. Je prépare le dîner Roy finit tard. On mange et on se met au lit. Il essaye d'avoir une intimité, je prétexte une fatigue, il s'endort frustré.
Mon téléphone sonne, je sors de la chambre.

— Allo.
— Hailey. Je n'arrête pas de penser à toi. Ça me rend fou.
— Calme-toi Sean!
Je viens de le tutoyer, une erreur.

— J'ai envie de te baiser, dès que tu franchis le seuil de ma chambre. Putain.
— Il faut que tu te reprennes Sean. Je suis ton médecin.
— Je m'en fous de ta blouse. Je te veux.
— Je vais t'aider à gérer tes émotions.
— Je n'ai pas d'émotions.
— Si l'envie est une émotion. C'est positif.
— Arrête avec tes conneries de psychiatre. Je suis un sociopathe.
— Je vais t'aider à aller mieux. Mais il ne faut pas m'appeler.
— Dis-moi que tu as envie de moi Hailey!
— Sean arrête-ça!
— Non dis-le !
— Je ne peux pas, je suis ton médecin.
— Je ne te parle pas en tant que patient.
— Sean ne complique pas ton cas.
— La ferme la frustrée!

Il raccroche, mon cœur bat la chamade.

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