Chapitre 32

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Il ne m'a plus recontacté depuis trois semaines, il gère seul ses interventions. J'ai une réunion avec mon père, il souhaite discuter de ma patientèle.
J'entre dans son bureau, il me fait asseoir.

— Du café chérie?
— Oui merci papa.

Il me sert ma tasse de café. Il dresse un bilan négatif de ma patientèle. Il n'accepte pas que j'aide des gens démunis, au profit de son cabinet. Cette patientèle représente 30% . Il souhaite que j'arrête de les suivre, je refuse, il menace de les mettre dehors. Je ne lâche rien, je ne veux plus être son pantin.
J'emballe mes affaires, je me retrouve au point de départ, sans rien. Je n'ai pas assez d'argent pour ouvrir mon cabinet, je vais devoir chercher du travail.

J'ai reçu de nombreuses propositions. Je devrais être reconnaissante envers mon père, de porter un nom qui m'ouvre des portes. Mike en a parlé à son associé, il me propose de m'associer à eux.
Je n'ai pas réfléchi une seconde. J'aurais la liberté de pratiquer les prix que je souhaite et de choisir ma patientèle. Je m'installe dans mon nouveau bureau. Il ne paye pas de mine, il est spacieux dans un immeuble de haut standing à Manhattan. J'accroche fièrement ma plaque, je me sens à ma place.
Mon père a essayé de m'appeler, j'ai ignoré ses appels, je coupe contact avec mes parents toxiques.

Mes patients m'ont suivi dans mon nouveau local, mon père doit être hors de lui. Je vois Sean venir deux fois par semaine pour ses séances de suivi, il me salue. C'est mieux que rien.

Je déjeune avec Mike au cabinet, on discute de mes premières semaines dans le cabinet. Puis la conversation dévie sur Sean.

— Je sais que tu n'as pas le droit de me parler de son cas. Mais dis-moi si c'est grave.
— Tu étais son médecin, tu connais son dossier.
— Quand il s'agit de Sean je perds le fil.
— Tu l'aimes?

Je n'ose pas lui répondre, par peur qu'il me juge.

— Hailey?
— Oui.
— Il faut l'oublier. Tu souffriras.
— Je sais.

Je m'épanouis au travail, je me sens enfin libre. Aujourd'hui, c'est le jour de la Saint-Valentin, j'ai décoré mon bureau avec des coeurs. Josh entre dans le cabinet avec un bouquet gigantesque de rose et un sac de lingerie féminine. Je comprends ce signal, Roy était moins dans la finesse quand il s'agissait de me faire comprendre qu'il fallait accomplir mon devoir. Je le raccompagne jusqu'à la porte.

Sean sort au même moment de sa consultation. Josh m'embrasse langoureusement, j'essaye de m'extirper, il me retient fermement. Puis après de longues minutes dans ses bras, il finit par me relâcher et s'en aller.

Sean s'approche de moi, il est indifférent.

— Je vois que ton puceau de copain a sorti le grand jeu.
— Jaloux?
Il ricane.

Je ne peux m'empêcher d'être blessée. Je ne laisse rien paraître.

— Bonne journée.
— C'est tout Hailey?
—Oui .
— Le rituel c'est que tu prononces mon prénom.
— Je ne veux plus de ces rituels.

Son indifférence s'efface et réapparaît juste après.

— Bonne journée « Hailey ».

Je retourne à mes patients. Je tourne la page. J'ai besoin de me reconstruire émotionnellement et psychologiquement. Je commence une thérapie chez un confrère, l'arroseur arrosé, je me sens nulle. Une psychiatre qui tombe dans ses propres filets.

PSYCHOWhere stories live. Discover now