Chapitre 5

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Le dimanche, nous sommes conviés chez les parents de Roy, deux anciens médecins qui profitent de leur luxueux train de vie.
Nous entrons dans leur somptueuse maison. Ils accueillent leur fils avec bonheur, ils n'ont pas un regard pour moi, ils ne m'aiment pas. J'ai pourtant fait des efforts, je souris mécaniquement en leur présence. J'essaye de paraître joviale, mais les relations sont toujours aussi froides. Surtout depuis que Roy m'a demandé en mariage, ils espéraient mieux pour lui.
Une psychiatre qui côtoie des personnes psychotiques ne leur convient pas. Je prends sur moi, je fais plaisir à Roy.

Le déjeuner se passe au ralenti comme à chaque fois. Ses parents ne s'intéressent qu'à Roy , je me mets en veille , je mange en silence. Jusqu'à ce que Roy me secoue le bras, je reprends mes esprits.

— Mère voudrait savoir si nous avons fixé une date.

Elle me regarde avec mépris, je reste calme et je réponds sereinement.

— Oui, nous nous marions l'été prochain.
— Il ne vous reste que 11 mois pour tout planifier.
— Mère, calmez-vous, nous avons tout notre temps.

Roy est très rassurant, il n'est pas alarmiste. J'apprécie sa maîtrise de soi en toute circonstance.
Il me sourit, je suis apaisée.
Fin de soirée, nous rentrons chez nous, il se jette sur mes lèvres, je le laisse faire. Il prend son pied, mes pensées sont tournées vers Sean. Je suis déstabilisée. Je fantasme sur un sociopathe pendant une relation intime avec mon fiancé. Il jouit et il me prend dans ses bras. Je suis toute retournée, par cette pensée furtive de Sean et moi. Je mets de longues minutes à m'en dormir.

Le matin, je choisis une tenue plus branchée, je lâche mes cheveux bruns, les lisse et me maquille. Roy me trouve renversante. Je commence à me poser des questions sur les raisons de mon changement de style. Je n'ose pas aller au bout de mon raisonnement. Je me rassure en me disant que c'est pour mon bien-être personnel.

J'arrive au centre psychiatrique, les infirmiers me complimentent. Je ne mettais pas assez en valeur selon eux. Je mets ma blouse, mais la laisse ouverte.
Je reprends confiance en mon corps, après tous ces compliments.

Je prends ma tasse de thé et me dirige vers la chambre de Sean. J'entends un bruit que je reconnais assez distinctement, le bruit de coït. Je frappe à la porte. J'entre et ce que je vois me donne la nausée, Kristen en dessous de Sean . Il affiche un sourire plein d'arrogance. Kristen est morte de honte, elle le repousse et se rhabille . Elle sort de la pièce en courant.

Il referme sa braguette, il se lève et s'approche de moi. Je recule, il continue d'approcher, je suis collée au mur.

— Le spectacle t'a plu Hailey?
— Non. Vous venez de mettre un terme à son stage.
Il rit.

— Oh on va garder ce petit secret entre nous. J'aurais nettement préféré que ce soit toi qui soit en dessous.
Il sourit.

— Vous ne pouvez pas séduire les médecins qui vous traitent. C'est contre l'éthique. Vous venez de briser sa carrière.

Il soulève ses épaules d'un air détaché.

— Elle a pris son pied, ça valait le coup.

J'essaye de reprendre mes esprits. Il me reluque, je referme ma blouse, il rit.

— Bon asseyez-vous. Je m'occuperai de Kristen plus tard.

Il s'assoit docilement, ce qui est étrange. J'avale mon thé sous son regard déstabilisant.

— Comment étaient vos parents avec vous?
Il réfléchit.

— Très aimant. Surtout mon père avec la voisine.
— Il trompait votre mère avec la voisine?
— Avec tout le quartier.
Il rit.

— Vous avez assisté à ces scènes?
— Ces scènes?
Il feint de ne pas comprendre.

— De tromperies.
— Ah de baise?

Je rougis. Merde, il veut me pousser dans mes retranchements.
Il sourit, s'il était au moins horrible, mais il a le physique d'un dieu grec. Je chasse cette pensée, je me reconcentre.

— Oui. J'ai assisté à certaines de ses « chorégraphies ».
— Qu'avez-vous ressenti?

Il me regarde, le visage froid, il a changé de comportement. J'ai touché une corde sensible, un événement traumatique. Il revit la scène et il reprend cet air détaché.

— Ça m'a excité.
— D'accord. Quelle relation aviez-vous avec votre mère?
— Très fusionnelle.
— Dites-moi s'en plus!
— Une merveilleuse mère.

Il n'en dira pas plus. C'est dans son enfance qu'il y a eu un événement traumatique qui a fait de lui ce sociopathe. Sa pathologie est le fruit d'un mécanisme adaptatif à un traumatisme.

— Bien Sean, je crois que nous en avons fini pour aujourd'hui.
— C'est vous le docteur.
— Vous l'êtes aussi. Majeur de votre promo à 24 ans.
— Un simple chirurgien esthétique.
— Vous n'avez pas été radié. Si vous vous soignez, vous pourrez probablement exercer votre métier.
— Je t'obsède Hailey?
— Non, je me renseigne sur tous mes patients.

Il sourit, il ne me croit pas, il a raison, ma curiosité n'a été tournée que vers son profil. Je quitte la chambre, je rejoins mon bureau pour m'occuper de mes autres patients. Ma concentration a été mise à rude épreuve. Je dois parler à Kristen, mais elle s'est portée souffrante, je ne sais pas quoi faire, s'il faut la dénoncer ou fermer les yeux. La morale voudrait que j'en informe le chef de service.

PSYCHOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant