Chapitre 37

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Je foule ce long couloir avec mes sneakers et ma tasse de café.  Je regarde le tableau de transmission, rien à signaler concernant mes patients.  Je continue de feuilleter mon livre sur les relations interpersonnelles des sociopathes.
Antoine entre et se dirige vers moi.

— Tu portes des lunettes Hailey?
— Ce sont des lunettes de repos. J'ai quelques douleurs.
— Ça te donne un air coquin.
— Tiens donc.

Il sourit avec malice, je me dirige vers Sean.

— Tu es seule aujourd'hui?
— Oui comme tu vois.
— Il veut te baiser.
Je ricane.

— Tu arrives à voir ce genre de chose?
— Il avait ses yeux sur tes magnifiques seins.
— Il n'est pas contre pour une augmentation mammaire.
— Il ne sait pas reconnaître la perfection quand elle est devant ses yeux.
— Ça te dérange qu'il veuille faire l'amour avec moi?

Il est détaché, il est inexpressif.

— Non.
— Il est peut-être aussi doué que toi.
Il ricane.

— Je suis le meilleur sans conteste.
— Oui, j'oubliais ce détail.
— Hailey, il ne veut pas faire l'amour, il veut juste te mettre dans son lit.
— Du pareil au même. Tu m'as fait pire.
Il sourit.

— Qu'est-ce que tu as ressenti dans ces moments-là?

Il inverse les rôles, je redeviens sa patiente.

— De la douleur et du plaisir. C'est ce que tu voulais me faire ressentir?
— Non, c'est ce que je perçois.
— Parle-moi de ton enfance Sean.

Il est perturbé, je vise juste. Il reprend son infaillible air arrogant.

— Tu devrais rejoindre Antoine.

Il se rattache à son mécanisme de défense, l'éviction. Il fuit toute confrontation à son événement traumatique. Je le laisse reprendre ses marques.

Antoine ne me lâche pas d'une semelle, il souhaite connaître mon  avis sur plusieurs de ses patients.
En toute objectivité ce métier n'est pas fait pour lui, il est dénué d'empathie envers ses patients. Il les dépersonnalise . Ils les classent au rang d'une seule même pathologie. Il ne fait pas de psychanalyse au cas par cas. Il englobe l'ensemble de ses patients dans une même case: la psychopathie.  Je le trouve inquiétant, ses patients auront une mauvaise prise en charge.

Je suis de garde, Antoine a tenté d'échanger sa garde avec un collègue, il n'a heureusement pas réussi.  Je suis soulagée, j'ai besoin de voir Sean, sans entrave, ou chaperon. Je frappe à sa porte, il fait son sport, je le regarde, sa beauté me donne du baume au cœur.

— Tu vas continuer à me reluquer encore longtemps Hailey?
— J'aime la façon que tu as de prononcer mon prénom.
Il sourit.

— J'aime la façon dont tu cries mon nom.
Je rougis et souris.

— Tu aimes?
— Je peux apprécier les sons, tout comme toi.
— Redis mon prénom.

Je ferme les yeux pour en apprécier la sonorité.

— Hailey.

Il pose ses lèvres sur les miennes, je refuse d'ouvrir les yeux. Je veux  apprécier chaque seconde.

— Tu veux que je te baise Hailey?
J'ouvre les yeux.

— Sean!
Il ricane.

— « Que je te fasse l'amour »? En faisant les guillemets avec ses doigts.
— Et toi Sean, tu veux me B.A.I.S.E.R. J'épèle lettre par lettre.
Il sourit.

— Dès que je pose les yeux sur toi.
— Tu ne ressens rien pourtant pendant l'acte.
— C'est ce que la psychiatre névrotique pense?
— Je ne sais plus, tu me désarmes Sean.
— Je devrais ressentir de la culpabilité.
— Sans doute. Mais tu ne ressens rien.

Je me tourne pour sortir de cette pièce, la porte se referme, j'ai cru entendre une phrase.
Je fixe de longues minutes cette porte.

PSYCHOWhere stories live. Discover now