Chapitre 57

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Je m'assois derrière mon bureau, il s'allonge sur le sofa pour les patients. Il ne cesse de trifouiller ses mains, il est nerveux, un autre trait de lui que je découvre.

— Comment ça va Sean?
— Comme un homme qui a raté sa vie.
— Quel genre de raté?
— De t'avoir blessé, de m'être servi de toi pour réprimer mes peurs.
— Quel genre de peurs?
— De me confronter à la réalité.
— Où étais-tu Sean?
— Chez moi.
— Où!
— Chez mon père.

J'ai du mal à saisir ce qu'il a pu faire chez son père, il le détestait encore, il y a quelques mois.

— On a beaucoup discuté Hailey, on a été sur la tombe de ma mère et de mon petit frère.

Je l'observe, une tristesse se lit sur son magnifique visage, il est profondément touché. Il ne triche pas.

— Qu'est-ce que tu as ressenti Sean?
— J'ai tout foiré Hailey!
— Non tu as réussi Sean, je pensais pourvoir t'aider à guérir mais je me suis trompée. Je ne faisais que retarder ta guérison.
— J'ai toujours autant besoin de toi Hailey.
— Moi aussi Sean.

Il se relève, ses yeux sont larmoyants de chagrin, j'ai l'impression de ressentir chaque émotion qu'il affiche . Je me sens connecté à lui.

— Je suis désolé Hailey.
— Je suis contente de te l'entendre dire.
— Je ne te mérite pas.
— C'est vrai.

Il change de comportement, il semble peu sûr de lui. Il se dirige vers la porte, je ne comprends pas bien sa réaction.

— Où est-ce que tu vas?
— Je vais sortir de ta vie, tu mérites d'être heureuse.
— Je t'interdis de te défiler. Si tu quittes cette pièce, c'est terminé!

Un silence anxiogène envahit l'atmosphère, aucun de nous ne semble vouloir rompre cette ambiance étouffante.
Je me relève et me dirige vers lui. Je décide de faire un pas vers lui, il s'approche. Je suis à quelques millimètres de lui, je sens son souffle me chatouiller. Il lève sa main et me caresse les lèvres, je ferme les yeux pour apprécier son toucher. Je sens ses lèvres se poser sur les miennes, son baiser est doux, rien de comparable à nos précédents baisers. Je perds le fil de mon existence, j'en oublie même mon prénom, mon chagrin. Je sens mon cœur battre à tout rompre, et j'aurais juré qu'il l'a aussi entendu.

On finit par se détacher l'un de l'autre, son front posé contre le mien. J'examine chaque millimètre de son visage, j'observe un grain de beauté juste en dessous de son œil que je n'avais jamais remarqué. Ses fossettes accentuent son magnifique sourire. Je pose mes mains sur ses boucles qui retombent sur ses yeux. Je dégage une de ses boucles de son front, il frémit.

— Tu vas encore me reluquer longtemps ou tu préfères baiser ?
— Sean!

Il ricane. C'est naturel, doux, exquis à écouter. J'ai du mal à réaliser que je suis devant le même Sean.

— On a un bébé à mettre en route et pour ça il faut qu'on baise à fond.
— Sean!

Il rit de plus belle et je ne peux plus me contenter de moins. Il me prend dans ses bras,  je revis.

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