Chapitre 50

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Je rejoins le salon, je tourne en rond. Je me dirige et entre dans son bureau, je m'assois. J'ouvre le premier tiroir, il est vide, le deuxième tiroir contient des dossiers.
Je ne trouve rien, je me dirige vers la bibliothèque, je parcours les dizaines de livres sur la chirurgie esthétique. Mes yeux sont attirés par une photo, je la ressors, une photo de lui à huit ou neuf ans avec ses parents. C'est la première fois que je vois à quoi ils ressemblent, il ne parle jamais de son enfance. Je la remets à sa place, je quitte son bureau, j'efface toute trace de mon passage. Je ne sais pas s'il l'utilisera à l'avenir.

Je rejoins ma chambre, j'allume mon ordinateur, je me rends sur un célèbre réseau social. Je ne trouve rien. Je commence à faire les cartons, je dois rendre les clefs de ce logement dans moins de quinze jours et je n'ai pas avancé dans la préparation. Je me saisis du premier carton, je souffle, mes mains tremblent, c'est plus difficile que je le pensais. Je me saisis des premiers objets qui me tombent sous la main, j'y mets le premier objet symboliquement. Je suis envahie par tout type d'émotions, de tristesse, de haine, de rage et puis d'acceptation. Je me résigne, je refuse d'espérer, des semaines que j'attends le moindre signe d'amélioration.

Je me saisis du deuxième carton, mes mains ne tremblent plus, j'y dépose des cadres photos, je m'arrête sur un des cadres. Sean et moi sourions avec plein de belles promesses. Je ne m'attarde pas, sinon je n'irai pas au bout de la démarche, je suis à deux doigts d'abandonner.
Mon téléphone sonne, Sean.

— Hailey.
— Sean. Qu'est-ce que tu veux?
— Faire mouiller ta petite culotte!
— Sean!
Je l'entends ricaner.

— J'ai reçu ton message, je passerai demain.
— Merci.
— Je te dois bien ça.
— J'ai vu mon père.
— Pourquoi? Tu veux fouiller dans ma vie Hailey?
— J'essaye de comprendre!
— Comprendre que tu es une paumée de psychiatre qui en demandait trop à son petit ami déséquilibré?

Il arrive encore à m'atteindre, je suis anéantie, ses mots sont plus poignants que son absence.

— Tu finis quand ta mission?
— Dans deux semaines, j'aurais ensuite assez de temps pour te faire chanter!
— Sean!
Il rit.

— C'est terminé tout ça Sean!
— Tu en es sur Hailey, ce n'est pas l'impression que tu donnais, quand tu me demandais de te baiser encore et encore!
— Sean!

Il adore me provoquer par ses mots crus, cet aspect de la relation n'a pas changé, c'est devenu son hobby préféré de dire ce qui m'offusquera le plus.

— J'ai besoin de comprendre Sean.
— Tout a été dit.
— Non tu as décidé qu'il n'y avait pas d'autres alternatives.
— Bien. Je dois te laisser Hailey!
— Sean!

Il raccroche, il coupe court quand je tente d'en savoir plus, je suis devant un mur infranchissable. Il ne baisse pas sa garde, il reste imperturbable, rien ne semble l'atteindre. Je souffre en silence, communiquer ne semble pas être bénéfique. J'ai tenté tout ce qui était inimaginable, mais rien ne semble fonctionner.
Je me couche le cœur lourd, j'ai l'impression d'avoir perdu cette bataille une fois de plus.

Quand je me lève, j'entends du bruit dans la maison, je me relève en sursaut, et je repense à la conversation de la veille. Il est déjà là. J'entre dans le séjour, sa beauté me foudroie comme au premier jour, j'ai l'impression de le redécouvrir, ses yeux verts sans émotions me fixent avec arrogance. Mais j'ai appris à aimer ce qu'il s'en dégage, derrière cet air plein de dédain se cache un enfant blessé. Je ne suis pas assez remontée dans sa blessure, c'est plus profond, plus destructeur.
Je l'observe adossée au mur, il range consciencieusement ses affaires dans les cartons, il a occulté ma présence dans la pièce, je n'arrive plus à attirer son attention. Je suis à deux doigts de verser les larmes que je retiens depuis des jours. Il finit par poser ses yeux sur moi de nouveau et je sens mes poumons se gonfler d'air, il est à la fois celui qui me tue et me redonne la vie. Il me sourit avec cet air autosuffisant.

— Tu veux baiser Hailey?
— En langage normal?
— Discuter?
— Oui.

Il s'assoit sur notre canapé, ou du moins ce qui aurait dû l'être. Je m'assois en face de lui. Je ne peux pas m'empêcher de nous imaginer enlacés l'un contre l'autre. Il ne semble pas perturbé par ma façon de le fixer.

PSYCHOWhere stories live. Discover now