Chapitre 49

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Deux jours se sont écoulés depuis cette confrontation, je l'ai croisée à l'hôpital, il m'a à peine regardé, j'ai l'impression de le dégoûter.

J'ai pris ma matinée, je suis devant la prison haute sécurité, j'ai envie de faire demi-tour, je ne suis plus très sûre de ma présence dans ces lieux. Je suis sur le point de changer d'avis quand on vient me chercher pour m'emmener au parloir.
Je m'assois, il n'est pas là, je réfléchis à la légitimité de ma présence dans ce sinistre lieu. J'aurais pu trouver un autre moyen de connaître la vérité. Il entre, s'assoit , il garde son charisme, sa stature est semblable à celle qu'il a dans son cabinet à plusieurs millions de Dollars.

— Hailey.
Je hais la façon dont il prononce mon prénom.

— Papa.
— Je suis content que tu aies enfin mis ta rancune de côté pour venir me voir.
— Je ne suis pas ici par plaisir.
— Ah c'est malheureux.
— Je veux te parler d'un de tes patients.
— Hum.
— Sean Millers.

Il écarquille les yeux, il se souvient de lui, mais il se ressaisit.

— Sûrement un parmi d'autres.
— Que tu as agressé!
— Il y en a tellement eu ma puce.
— Tu es répugnant!
— Pourtant tu es là Hailey.

Mon prénom dans sa bouche me donne des hauts le cœur.

— Pourquoi était-il ton patient?
— Oh chérie, je suis toujours tenue au secret professionnel.
— Le secret est levé quand tu as abusé de ton autorité pour imposer des relations non consenties à des pauvres enfants.
— Un gamin très intelligent avec une grande sensibilité.
— A cause de toi, il ne ressent quasiment plus rien.
— Ah. Oui il se peut qu'il ait développé des troubles schizoïde chérie! Tu connais le baratin sur les patients qui ont été en contact avec des soignants négligents, détachés ou pédophiles!
— Sale ordure!
— Un peu de respect pour ton père!
— Tu me dégoûtes!
— Maîtrise-toi chérie! Où sont passées tes bonnes manières!

Je retombe en arrière sur ma chaise. Je perds pied, je sens une crise d'angoisse arriver, je lutte de tout mon être pour ne pas lui montrer qu'il réussit à m'atteindre. Je me concentre, je fais le vide, je visualise cette bulle rose de quiétude, elle m'englobe, une chaleur réconfortante se diffuse dans tout mon corps, ma respiration se fait plus régulière, je réussis à revenir à moi.

— J'aurais tellement aimé que tu suives mes traces, une psychiatre réputée, mais tu n'es qu'une ingrate incompétente.
— De quoi tu parles?
— Passer à côté d'un détail primordial de celui qui partage ta vie!
— De quoi tu parles?
— Réfléchis! Ton père n'est qu'un pédophile répugnant. Bon, je pense qu'on en a fini!
— Dis-moi ce qu'il a!
— Si tu reviens, peut-être que je serai plus loquace.

Il se lève et quitte le parloir, je reste prostrée sur la chaise. Je suis incapable de savoir si j'ai chaud, froid, quel jour sommes-nous. Je suis déboussolée, cette entrevue est bien loin de ce que j'imaginais. Il a retourné la situation contre moi, comme dans mon enfance. J'ai l'impression d'être de nouveau la petite fille qu'il a brisée.

Je rentre chez moi, totalement bouleversée, je n'ai qu'une envie c'est d'avaler un anxiolytique, mais je me retiens de le faire.
Je finis par rejoindre la salle de bain, sous une douche brûlante, les flashs recommencent, je n'en avais pas eu depuis des mois. Je revois cette petite fille fragile, manipulée, agressée. Je tombe au sol, j'ai le souffle court, ma tête va exploser. J'ai besoin de lui, c'est trop dur.
Des centaines d'images tournent en boucle dans ma tête, je frisonne. Je me relève, je sors dégoulinante d'eau et je me jette sur les toilettes, mon corps évacue ces images répugnantes.

PSYCHOWhere stories live. Discover now