Chapitre 8

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Je suis dans mon bureau, je retarde la confrontation avec Sean. Je reprends mon détachement habituel et je me dirige vers sa chambre.

Quand j'entre dans sa chambre, il effectue des pompes torse nu. Il continue, sans lever le regard, je  l'observe. Son corps est une œuvre d'art, il a le teint hâlé qui met ses yeux verts en valeur. Il finit sa série, se relève et se dirige vers la salle de bain. Il ressort dix minutes plus tard, douché et habillé cette fois.

— Dites-moi quand vous serez disposés à parler.
Il sourit.
— Pourtant ce n'est pas moi qui fuis mon patient.

Je me décompose, il a compris, je me ressaisis.

— Je ne vous fuis pas. J'étais occupée.
— Occupée à reprendre votre frigidité?
— Non, je gérais un cas urgent.
Il rit.

— Bien Hailey, assieds-toi! Ah moins que tu ne veuilles encore un peu te rincer l'œil?
— Comment était votre première relation amoureuse?
Il fait semblant de réfléchir, je le sais.

— Ennuyeuse.
— Dites-moi en plus!
— Niaise, romantique, vomitive, sans intérêt.
— Qu'est-ce qui donne de l'intérêt à vos relations?
— Le plaisir.
— Uniquement cet aspect?
— La douleur.
— Avez-vous déjà éprouvé une forme de culpabilité?
Il rit.

—Aucune.

Il me reluque, il essaye de me déstabiliser.

— Vos partenaires étaient-elles vos patientes?
— Je ne mélange jamais le plaisir et le travail, docteur. Vous le savez mieux que quiconque.

Il vient de toucher un point sensible, il sait où viser. Je chasse cette pensée de ma tête.

— Comment repérez-vous vos partenaires?
— Mes victimes? Tu m'as regardé Hailey, elles viennent à moi.

Son comportement dédaigneux est égal à sa sociopathie. Il se lève et se rapproche de moi, je me fige et le suis du regard. Il déboutonne ma blouse, je lui arrête les mains. Son regard n'a pas cessé de me fixer, ma respiration s'accélère, son contact m'électrise. Il sourit. Je me surprends à imaginer passer ma main dans ses cheveux puis je me ressaisis rapidement.

— Hailey, montre-moi ton magnifique corps.
— Arrêtez-ça!
— Arrêter quoi ?

Tout en continuant de défaire ma blouse, il jette au sol. Il  me regarde intensément, je suis désarmée, je respire fort. Il se place derrière moi, me détache les cheveux. Je suis incapable  de bouger, son toucher ravive des émotions que je pensais totalement éteintes. Je sens la pointe de son nez sur mon cou.

— Détends-toi Hailey.

Je ne réponds rien, je suis en état de léthargie.
Je sens ses lèvres sur mon cou, j'aime l'effet de ses lèvres sur mon cou. Il descend ses baisers jusqu'à la base de ma nuque, j'émets un gémissement, je le sens sourire. Je me ressaisis, je ramasse ma blouse et je quitte cette chambre. Il rit.

Je me tiens au mur, j'en ai la nausée. Un collègue me demande si tout va bien. Je reprends ma posture habituelle et me réfugie dans le bureau pour le reste de la matinée.

Je prends mes comptes-rendus et je me rends en salle de staff. Le nouvel interne entre et s'assoit à mes côtés. Il me salue, je réponds d'un air imperturbable, il me sourit. Il a l'air plus sympathique contrairement à mon visage totalement fermé. Il connaît mon identité, il aime le travail de mon paternel.
Le staff commence, je commence par parler du cas de Zak Nevers, aucune objection, il pourra sortir dans deux semaines. Le temps d'organiser sa sortie et son accompagnement psychologique. Vient le cas de Sean.

— Sean a fait quelques légers progrès.

Ils me regardent, médusés, je me reprends instinctivement.

— Sean Millers présente une légère amélioration. Il dialogue . Il commence à s'ouvrir sur son parcours .

Le chef de service est satisfait, je suis la troisième résident qui essaye de s'occuper de lui. Il refusait tout dialogue avec mes confrères. Le staff se termine, je me rends à la salle commune. J'annonce la bonne nouvelle à Zak Nevers qui me prend dans ses bras, j'ai cette réaction de recul. Sean l'a remarqué, son regard est empreint de colère. Je le regarde, intriguée.

Je finis ma journée, mes pensées tournées vers Sean. Je commence à me poser des questions sur sa pathologie, je demande au chef de service de me fournir son expertise psychiatrique.
L'ambiance est toujours aussi tendue avec Roy, il ne m'adresse à peine la parole, il réagit excessivement à mon refus.
Sean ne m'a pas appelé ce soir, je suis à la fois soulagée et déçue. J'ai du mal à pallier les deux émotions, l'une s'oppose à l'autre.

PSYCHOWhere stories live. Discover now