Chapitre 12

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Je commence ma journée avec ma patiente Andreane. Je propose de faire notre séance dans les jardins de l'unité, elle est ravie.  Elle est détendue, une légère brise nous rafraîchit. Elle se confie sur ses psychoses qui ont débuté à son adolescence à la suite de la mort de son père.
Je lui propose d'évacuer sa souffrance par la simulation positive, en les associant à un souvenir positif.  Elle pense à sa fille, elle est sereine. Elle doit renouveler ce travail dès qu'elle est confrontée à une pensée négative.

La séance se finit, je rejoins la chambre de Sean. Je mets quelques secondes à ouvrir la porte.
Il lit, il ne lève pas le regard vers moi, il m'ignore. Il revêt son masque imperturbable. Il finit par lever les yeux et me fixe.

— Tu sors enfin de ta cachette Hailey?

Mon prénom dans sa bouche produit toujours le même effet.

— Tu n'es pas mon seul patient.
Il sourit.

-Je suis le seul qui te fasse mouiller ta petite culotte.

Il revêt son indéniable ego surdimensionné, il veut que je flatte son ego.

— Pourquoi as-tu choisi d'être chirurgien esthétique?
— Pour réparer les imperfections.
— L'imperfection te dérange?
— Elle me répugne.

Il me reluque.

— Ton corps à l'air parfait Hailey.
— Je suis ravie de le savoir. Qu'est-ce que tu ressens quand tu perfectionnes tes patientes?
— Je me sens tout-puissant.
— As-tu une attirance envers tes patientes pendant l'opération?
— Hailey tu me compares à un vulgaire violeur? J'utilise mes mains pour les bonifier.

Il a réponse à tout. Il a une haute estime de lui-même, une confiance en lui démesurée. Il doit être un excellent chirurgien, c'est indéniable.

— Pourquoi tu te mutilais?
Je relève mes yeux vers lui.

— Quoi?

Je suis décontenancée par sa question, il me désarme.

— Tu t'infligeais des mutilations. Une psychiatre qui a des troubles névrotiques est peu commun.

Je suis figée, des dizaines d'images apparaissent furtivement. Je les analyse, je ne tente pas de les inhiber, elles font partie de moi. Il s'approche.

Il m'enlève ma blouse, je me laisse faire je suis incapable de bouger. Mon cœur bat la chamade. Il enlève mon col roulé, il saisit un de mes bras et le soulève . Des scarifications de couleur blanche sont légèrement visibles en-dessous du bras au niveau du triceps, le seul endroit indétectable.
Je ne dois pas craquer, pas maintenant, pas avec lui. Il relâche mon bras et il me rend mon pull.
Je remets mon pull, impossible de dire quoi que ce soit et je sors de sa chambre.

Je rejoins les jardins, je visualise une image positive de mon enfance. Chanel mon chaton que ma mère m'avait offert, je me détends. Je reprends mes moyens. Je perçois un regard dans une des fenêtres. Sean, sa fenêtre donne sur ce jardin. Il me regarde, me scrute, m'analyse. J'ai l'impression que nos rôles sont inversés, je suis sa patiente.

Je quitte les jardins et je me rends en salle d'isolement.  Carl est toujours plongé dans un mutisme, il me reluque avec un air malsain.
Il se mord la lèvre, il est répugnant, je garde ma posture habituelle.

— Tu sais ce que j'aimerais te faire?
Ils finissent tous par céder.

— Dites-moi, je ne suis pas à une horreur près.
Il ricane.

— Te scarifier chaque parcelle de ta peau laiteuse.

Il respire fort, il imagine, il vit ce fantasme.

— Que ressentez-vous quand vous mutilez les victimes?
— De la jouissance.
— Vous souffrez d'une impuissance sexuelle dans les relations charnelles classique?
— J'ai qui dirait une impuissance par déviance . Ces troubles disparaissent quand je soumets mes victimes à une pratique de domination et de douleur.
— Avez-vous pendant votre adolescence été confrontés à des abus à caractère sexuel?
Il rit.

— J'adorais fantasmer sur des femmes plus matures.
— Vous regardiez excessivement des films pornographiques?
— Oui. J'ai baigné toute mon adolescence dans ce registre cinématographique.
— Votre castration chimique est-elle une frustration quant à votre épanouissement sexuel?
— Oui. Je conserve néanmoins les fantasmes les plus salaces. La castration ne traite que les effets et non la cause.
— Je suis là pour ça, afin de vous rééduquer vers une normalisation des rapports charnels avec une partenaire consentante.
— Je vais croupir ici. A quoi ça me servira?
— D'occulter des fantasmes gênants et perturbants.
—Ils ne me perturbent pas.
— Alors pourquoi laver et couvrir le corps de vos victimes de roses jaunes?

Il se tait, il n'en dira pas plus.
Aujourd'hui, je ne me rends pas en salle commune. Je passe le reste de la journée à retranscrire dans les dossiers les séances de psychanalyses.

PSYCHOWhere stories live. Discover now