Chapitre 13

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Le lendemain, mon retour au travail est laborieux, je me force à y aller. Quand je suis face à Sean, j'ai l'impression de perdre toute aptitude rationnelle. Il m'emmène là où il veut m'emmener, nos rôles sont inversés.
En quatre ans, j'ai croisé des psychopathes et sociopathe, mais le niveau de Sean est au-delà de la sociopathie. Il dresse une aptitude excessive d'amour-propre, il a une qualité d'analyse à toute épreuve. Il ne se laisse pas perturber. Il aurait pu être un excellent psychiatre, sa glorification de la beauté l'a mené au métier de chirurgien esthétique.

Je finis par rejoindre sa chambre, ses yeux sont posés sur moi.

— Je veux faire mes séances dans les jardins privatifs.
— Tu exiges énormément de choses.
— Ma psychanalyse n'en sera que meilleure, dans un environnement propice à la guérison.

C'est ce que je me disais, il est très doué. Il retourne toutes les situations à son avantage.

— D'autres revendications pendant qu'on y est?
— Arrête d'attacher tes cheveux.
Avec un sourire autosuffisant.

— Allons-y avant que je ne change d'avis.
Il ricane.

Je l'emmène vers le jardin.

— Parlez-moi de votre mère.
— Vouvoiement?
— Nous sommes dans un endroit ouvert à tous.
— Bien Hailey. Ma mère était une femme remarquable.
— Était?
— Oui elle est décédée.
— Je suis désolée de l'apprendre.
— Une psychiatre compatissante?
— Continuez Sean...
— Elle a joué le rôle à la fois d'un modèle paternel et maternel.
— Où était votre père?
— En voyage à baiser tout ce qui bouge.
— Je vois que votre langage ne s'est pas amélioré.
Il rit.

— Ressentez-vous de la haine envers votre géniteur?
— Non je ne ressens rien.

Le chef de service passe dans les couloirs, il s'arrête  et nous observe, il semble satisfait. S'il savait que j'ai succombé aux perversions d'un sociopathe, il me virait sur le champ.
Sean avance, je le suis, il arrache une rose rose. Il me la tend, je hume son odeur, c'est agréable.

— Quand vous sortirez dans sept mois, comment imaginez-vous votre réinsertion sociale?
— Dans 5 mois. Mes  avocats ont obtenu une remise de peine.

Je suis prise de cours, nous aurons deux mois en moins dans sa psychanalyse, un manque conséquent.

— Dans cinq mois. Je reprendrai probablement mes rituels.
— Quels sont vos rituels?

— Mon travail, les femmes, les parties de baises intenses.
Je rougis.

Il réussit à me perturber, il ricane.

— Mais encore?
— Faire semblant.
— Avez-vous envie d'évoluer dans une autre direction?
— Comme?
— Vous posez sentimentalement?
— C'est une question personnelle. C'est le docteur ou la femme qui me le demande?

Je perds la file, il a cette façon de mettre en avant mes faiblesses. Je ne réponds pas, je ne sais pas, c'est peut-être une infime partie de moi qui souhaite en connaître la réponse.
Il s'approche de moi et me murmure.

— Tu es la première qui stimule cette partie de moi.

Il retourne vers sa chambre. Je rejoins la salle commune, Mike a suivi mon conseil à la lettre pour sa patiente. Il y a de nets progrès, il lui a programmé une ligature des trompes dans quinze jours. Le juge a validé cette demande.

Je rentre fatiguée, Roy n'insiste pas, il rejoint le bureau et travaille sur ses dossiers . Il a de la paperasse à rattraper, je suis soulagée. Je n'arrive pas à imaginer Roy poser les mains sur moi, je commence à présenter une aversion sexuelle le concernant.
Mon téléphone vibre, un message de Sean.

— Je pense à toi Hailey.
— Tu ne devrais pas.
— Je sais que c'est réciproque. J'ai bien senti ton excitation quand tu me dévorais la bouche.
— Toujours dans la surenchère.

Je l'imagine ricaner et je souris.

— Je veux être en toi Hailey.
— C'est déjà plus joliment présenté.
— Et toi tu en as envie?

Je réfléchis. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi. Il met à mal toutes mes barrières les unes après les autres. J'envoie ma réponse que je regrette déjà.

— Oui.

Il ne répond pas, il a eu la réponse qu'il souhaitait.  Je m'endors.

PSYCHOWhere stories live. Discover now