Chapitre 52

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Je tiens entre les mains l'information que j'attends depuis des jours, je ne cesse de trifouiller le post-it entre mes doigts. Je suis partagée entre l'idée que je vais avoir des réponses à mes questions et la peur de découvrir des choses que je ne serais pas en mesure d'assumer.
Je me laisse du temps pour le faire, il faut que je pèse le pour et le contre, je ne sais plus quelle position tenir quand il s'agit de lui. J'ai peur de mettre les pieds dans un terrain miné dont je ne sortirai pas indemne.

J'écoute le message vocal de Sean qui date de deux mois auparavant, j'ai cette continuelle envie de me confronter à la douleur de ses mots. J'appuie sur le bouton lecture.

Hailey, comment as-tu pu me faire ça! Je te faisais confiance! Tu m'as bien niqué! Tu faisais la petite-amie modèle pour mieux me la mettre. Écoute bien ses mots, je ne pourrai jamais plus poser mes yeux sur toi! Tu me répugnes!

J'arrête la lecture, j'ai mon cœur qui est lancinant, j'ai des spasmes de douleurs, l'écouter n'était pas la meilleure idée que j'ai eue. Je devrais effacer ce message odieux, mais je n'y arrive pas, je comble son absence en l'écoutant encore et encore. J'essaye d'occulter ses mots, mais ils me reviennent en pleine face:

« Répugne, répugne, répugne ».

Ces mots tournent en boucle dans ma tête, je passe de la tristesse à la colère quand je pense à ces douloureux souvenirs. Un flash plus destructeur me provoque la nausée, j'ai une bouffée de chaleur, je cours aux toilettes, il faut que ça sorte, je dois faire le deuil. Ce mot sonne faux, je ne peux pas, pas tant que je m'endors toutes les nuits dans l'incertitude.

Le matin, j'essaye de faire profil bas, je ne souhaite plus me battre contre mes sentiments, je les laisse me submerger, me vider de toute rationalité, Sean me manque. J'ai posé les mots sur ma douleur, Sean en est la cause. Tout est de sa faute, s'il n'avait pas été imbu de sa personne, je n'aurais pas subi tout ça, je n'aurais pas à vivre ce moment douloureux seule. Tout me revient, j'ai l'impression de retomber dans mes travers, j'ai besoin de vider ma peine, cette souffrance qui se loge dans mon cœur depuis des semaines.

Je suis à mon bureau, j'attends mon rendez-vous. Je mise tout sur cet entretien, tout se jouera dans cette pièce avec mes incertitudes. J'entends sonner, la secrétaire s'occupe d'accueillir mes patients.
Quelqu'un frappe, Andreane entre.

— Hailey, ton rendez-vous vient d'arriver.
— Merci, tu peux le faire entrer.

Mon rendez-vous entre, je le fais asseoir, il semble quelque peu gêné, j'essaye de détendre l'atmosphère électrique.

— Asseyez-vous je vous en prie.

Il s'assoit tout en balayant la pièce du regard.
Quelqu'un d'autre frappe à la porte,  Sean entre dans la pièce et écarquille les yeux.
Il passe de l'un à l'autre, puis s'en va en claquant la porte. Je m'excuse auprès du patient et je cours le rattraper. Je l'arrête devant les ascenseurs. Il se retourne, le regard sombre.

— A quoi tu joues Hailey? Te faire jeter ne t'as pas donné de leçon?

Je me décompose, je suis de nouveau mise devant le fait accompli. Il semble content de lui. Il cible là où il est sûr de m'atteindre. Mais je me ressaisis, plus question de me faire mener en bateau par ses diversions.

— Tu es sûr que tu ne souhaites pas rester?
— Va te faire voir Hailey.

Il entre dans l'ascenseur sans un regard, il revêt son air supérieur.
Je retourne à mon rendez-vous, je me reconcentre, je souffle pour reprendre ma stature de psychiatre.

— Merci d'être venue.
— Je ne sais pas si je peux vous aider docteur.
— Plus que je ne l'aurais espéré.

Je rentre à l'appartement, je commande le dîner chez le traiteur, j'ai invité à dîner  Mike et Charlie.
J'entends sonner à la porte, j'ouvre, ils sont radieux, ils respirent le bonheur. Quand mes yeux se posent sur son ventre presque à terme, je suis envahie par des flashs, il ne faut pas que je craque, je n'ai pas le droit de leur faire ça. Je me reconnecte à eux et les fait entrer dans mon nouvel appartement.

PSYCHOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant