Chapitre 17

26.2K 1.4K 35
                                    

Je rentre me reposer, la nuit a été courte, je plonge dans le lit.
Je ne vais pas croiser Roy pour les deux prochains jours, il est en week-end avec son ami Ben. Je suis de garde le lendemain, je m'écroule de sommeil.

Je me réveille, mange un bout, je m'habille et prends la direction de l'hôpital. Je serais de garde avec Mike, il faut que je garde un comportement détaché envers Sean . Je me prépare un café, la nuit sera longue, il me rejoint en salle de garde.

— Apparemment ton patient cinglé a sauvé la vie de ma patiente.

Je suis touchée par sa façon de parler de Sean. Je ne le montre pas, mon regard est aussi froid que d'ordinaire.

— Tu devrais avoir plus de respect envers nos patients.
— Il est hermétique à toute émotion.

Il ricane. Il a des émotions, mais elles ne sont pas dans nos normes sociales. Je ne réponds pas à ça, je continue de boire mon café. Les premières chambres clignotent.

— La pleine lune Hailey.

Il se marre.

Je reste imperturbable, je garde mon masque frigide. Je me rends dans une des chambres, le patient souhaite avoir un somnifère. J'appelle un infirmier, il lui ramène un cachet.
Je longe le couloir et passe devant la chambre de Sean. Je toque et entre.
Il est sur son ordinateur, c'est bien la première fois que je le vois travailler. Il ne lève pas les yeux vers moi, il continue de pianoter sur son ordinateur.

— Hailey.
— Sean.
— Tu n'as pas besoin d'un médicament?
— J'ai déjà ce qu'il me faut.
En me montrant son pilulier.

Il fait comme si la nuit dernière n'avait jamais existé. Je sors de la chambre.

Je rejoins Mike, il me parle de ses projets quand il aura fini sa quatrième année de résident. Je n'y ai pas vraiment réfléchi.
Mon téléphone sonne, mon père.

Je sors décrocher et lui demande de patienter le temps d'arriver au jardin.

— Papa.
— Ma chérie.
— Que puis-je faire pour toi?
— Je n'ai pas le droit de prendre des nouvelles de ma fille unique?
— Si bien sûr papa. C'est que tu ne le fais pas souvent.
— Hailey nous n'allons pas repartir sur le terrain de l'abandon affectif? Nous avons travaillé dessus.
— Oui.
— Comment se passe ton stage? Dans 5 mois tu auras fini ton cursus. Je souhaite que tu intègres mon cabinet.
— Pardon?
— Oui Hailey tu m'as bien entendu. Je te rappelle d'ici à quelques semaines pour t'envoyer le contrat.
Il raccroche.

Quand je regarde la fenêtre de la chambre de Sean, il me regarde.

Je repars en direction de la pièce de garde.

La nuit a été agitée, deux patients ont fait une crise de démence. Leurs cris résonnaient dans tout l'hôpital psychiatrique. Je bois mon café les yeux cernés. Je le bois dans les jardins, je sors une cigarette. Je n'avais pas fumé depuis des années, j'ai besoin d'en fumer une.

Je le fais que très rarement, je les compte sur les doigts de la main en deux ans. Je la réserve pour le jour le plus dur émotionnellement. J'ai l'impression de repartir dans mes travers, j'ai cumulé ces derniers jours . Je redescends toute la pression, le suicide, les scarifications, Sean.  Je sais qu'il m'observe, mais je ne le regarde pas, c'est mon moment. J'éteins cette cigarette et je rejoins Mike en salle de garde.

La garde se finit, mais la chambre de Sean clignote. Je me rends dans sa chambre.

— Oui?
— Je t'ai dit quoi sur ton corps?
— Je ne comprends pas?
— Tu t' intoxiques les poumons avec cette merde.
—Ah ça? Un rituel, un peu comme avec tes psychoses.
Il ricane.

— Ne touche plus à cette merde.
— Je peux décider de ce qui est bon ou non pour moi.
— Continue de me chercher, je vais te baiser jusqu'à te détruire.

Je reste pantoise devant sa remarque. Il était sincère, sa voix est voilée de rage.

— Je te laisse, j'ai besoin de rentrer, dormir.

Il se reconcentre sur son ordinateur.
Je rentre dormir, Roy doit rentrer ce soir. On doit avoir une discussion, il a sûrement remarqué mes tentatives d'évitement. Je me refuse à lui, mais je me donne corps et âme à un sociopathe.
Je dois souffrir d'un trouble de l'affection. Je m'endors, je recharge mes batteries.

PSYCHOWhere stories live. Discover now