Chapitre 40

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Je suis dans mon appartement, allongée dans mon canapé devant un film. Quelqu'un frappe.
Antoine.
Je suis prise de court, il empiète sur ma sphère privée. Je le laisse entrer, il s'assoit à côté de moi, il  a apporté des desserts. Je ne comprends pas sa présence chez moi, j'ai été claire avec mes intentions. On flirte gentiment sans arrière-pensée, il doit mal interpréter mes agissements. On discute du travail, de mes centres d'intérêts, j'en ai qu'un, Sean. Pendant qu'il me parle de ses hobbies, mon téléphone vibre.

— Hailey, je deviens fou.

Mon cœur s'emballe. Antoine me demande si tout va bien, je prétexte un mal de tête, il me laisse me reposer. J'appelle Sean, il décroche.

— Qu'est-ce qui se passe?
— J'ai des hallucinations.
— Quoi? J'arrive.

Je m'habille et file à la clinique. Quand j'arrive, il est prostré dans un coin, il se balance de gauche à droite. Je le rejoins et m'assoit à ses côtés.

— Qu'est-ce que tu vois?
— Toi enfant.
— Comment peux-tu me voir?
— Je n'en sais rien.
— Qu'est-ce que tu vois de moi?
— Quelqu'un abuse de toi.

Je me sens partir, une crise d'angoisse me coupe la respiration.

— Hailey calme-toi! Respire. Ce n'est qu'une hallucination d'accord. Je ne sais pas ce que j'ai. Je perds la tête. Je vais arrêter cette mission.

J'associe des couleurs à des émotions. Le jaune pour le pardon, je visualise cette bille multicolore réconfortante. La crise commence à s'estomper, ma respiration est régulière.

— Je t'interdis de m'abandonner, tu m'entends. Les infirmiers ont dû se tromper dans ta prescription. Je vais aller voir.
— Tu reviendras Hailey?
— Oui.

Je rejoins la salle de soins. Je tape le nom de Sean dans l'ordinateur  et regarde la prescription du soir. Je fais les gros yeux, de l'hydroxychloroquine. Un médicament prescrit en cas de rhumatisme, un des rares effets secondaires est la psychose. J'en parlerai au staff, quelqu'un a soit délibérément modifié ma prescription, soit une erreur professionnelle a été commise.

Je rejoins Sean, il est toujours prostré. Je le relève et l'aide à s'allonger dans son lit. Son regard est dénué de toute émotion, il est happé par ses hallucinations. Je m'allonge à ses côtés, je l'embrasse, il se reconnecte à la réalité.

— Je ne te poserai qu'une seule question Sean, je veux que tu sois honnête. Ne me manipule pas.
— Je t'écoute. J'essaierai.
— As-tu subi une agression sexuelle dans ton enfance?

Il est pris de violents spasmes, il me jette au sol et se jette sur moi.

— Calme-toi Sean!Tout va bien.

Il me retient au sol, le regard vide, il est en plein délire.

— La ferme! Rien ne va.
— Si Sean tout ira bien. Qui t'a fait ça?
— La ferme! Sors! Je vais te faire du mal.

Il desserre la prise, je me relève. Je cours vers l'infirmerie, je me saisis d'une injection de benzodiazépine. Je le rejoins.

— Laisse-toi faire Sean.
— Pas ça Hailey.
— C'est pour ton bien. Fais-moi confiance .

Il me tend le bras, j'injecte le produit. Les effets sont quasi immédiats, il se détend. Je l'aide à s'allonger, ses yeux se ferment. Je rentre à l'appartement anéantie.

PSYCHOWhere stories live. Discover now