Chapitre 34

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— Qu'est-ce que tu veux?
— Te baiser ça ne changera pas.
— Et en langage normal?
— Discuter.
— Bien. On se rejoint au café Spectre au niveau de la quatrième avenue.

Je suis sa voiture.  On s'installe au café, je commande un thé, il me fixe avec son regard dédaigneux.

— Ils sont venus te chercher?
— Oui.
— Tu sais ?
— Pas tout. Je ne sais pas si je dois accepter.
— Tu ne peux pas demander l'avis d'une personne antisociale Hailey.

Psychologie inversée, il repart dans ses travers .

— Un sociopathe peut trancher un avis.
— Un avis biaisé.
— Dis-moi le chirurgien tout-puissant, ce que toi, tu aurais fait?
— Une psychiatre suivie par son paternel une dizaine d'années, qui demande conseil à un sociopathe . C'est du grand art Hailey.

Il recommence à lire en moi, il arrive à viser juste avec une telle facilité, c'est déconcertant.

— Même les psychiatres peuvent douter de leur jugement.
— Si j'étais une psychiatre névrotique, je foncerais tête baissée dans cette mission.
— Donc je dois accepter?
— Mais Hailey tu n'es pas cette psychiatre.
— Je suis quoi?
— Hailey qui baise avec un manipulateur.

Je perds le fil. Il réussit à mettre à mal ma défense, je me reprends. Il ne doit pas avoir cette emprise psychologique.

— Bien. Je m'en vais.
— Ça ne marche pas comme ça Hailey.
— Pourquoi?

Il ne répond pas et reste dans son mutisme, je suis déboussolée. Je rejoins ma voiture, dans un brouillard plus épais que quand je suis arrivée.  Il joue avec mes émotions. Il se place dans un rapport de pouvoir pour aboutir à un contrôle de mon psychique. Il utilise la suggestion pour me ramener là où il veut que je sois.

— Tu te décides?

Il me pousse à la confusion, par le billet d'une déstabilisation émotionnelle, une  forme d'alternance de point de vue.

— Je dois réfléchir. J'ai mes patients, mon cabinet. J'ai besoin de temps.

Je me retourne vers lui, je n'y vois aucune émotion, une page blanche. Il connaît déjà ma réponse, il me pousse à prendre la décision qu'il attend.

— Tu as leurs coordonnées, Hailey.
— Tu pars quand?
— Je ne peux pas te divulguer cette information.
— Qu'est-ce que tu peux faire?
— Ça.

Il m'embrasse, j'essaye de le repousser.C'est la meilleure chose à faire, le rejeter, garder mes distances. Il met à mal toutes mes stratégies d'éloignements, mais je réponds à son baiser, je ne peux pas faire autrement. Il a une sorte d'emprise psychologique, un rapport dominant dominé émotionnel.

— Il faut que ça s'arrête Sean.
— Tu as honte de baiser avec moi.
— Sean!
Il sourit.

— Nous sommes deux opposés, Sean.

Il me plante et s'en va, il coupe court au dialogue. Il n'arrive pas à échanger sur l'aspect émotionnel d'une relation.  Il peut seulement en imaginer les contours.

Je fais les cent pas dans mon appartement, il connaît déjà la réponse. Je ne sais pas pourquoi j'essaye de garder le peu de liberté que je possède. Je contacte un des agents, j'accepte de coopérer, à condition d'accéder au dossier médical de Sean.
Dans un premier temps, il refuse de me dévoiler ses antécédents médicaux. Puis, il finit par accepter, mais uniquement à la fin de la mission, Sean a donné son accord.  J'espère ne pas avoir besoin d'obtenir des réponses de cette manière.
Je n'ai aucunes informations sur la mission de Sean, je dois simplement veiller à son maintien dans l'unité psychiatrique.

Je dois commencer mon infiltration trois mois avant celle de Sean, pour ne pas éveiller les soupçons.
Cet endroit a été le début de mon évolution.

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