Chapitre 18

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Je prépare le dîner, Roy franchit la porte d'un air grave. Il a des choses à me reprocher, je le connais par coeur. Je sais reconnaître ses expressions corporelles.
Cette fois-ci je ne me tairais pas, il a pris pour habitude de mon silence et ma soumission.
Nous mangeons silencieusement.

Je prépare une tisane et je le rejoins sur le canapé.

— Je ne sais pas par où commencer Hailey. On se connait depuis nos seize ans. Nous sommes ensemble depuis six ans. On se dit tout. Je sens que dernièrement tu es cachotière, tu me fuis. J'aimerais essayer de comprendre ce qui t'arrive. Depuis que tu es dans cet hôpital , tu as changé.

Il fait une pause et attend ma réponse en me fixant.

— Je vois que tu me reproches des griefs Roy. Je n'ai jamais remis en doute ta parole. J'ai vénéré chacun de tes mots depuis six ans. Je me suis soumise à tes désirs, tes attentes, tes envies. Aujourd'hui j'ai envie de penser à mon bien-être.

— Ton bien-être? Tu te moques de moi? Qui t'a ramassé comme une merde après ton hospitalisation? Qui t'a soutenu quand tu te mutilais les bras? C'est moi Hailey, il est légitime que tu te soumettes à moi après tout ce que j'ai fait.

— Je pensais que tu l'avais fait par amour et non par devoir.
— Amour? Il ricane. Tu es aussi frigide qu'un iceberg.

Je suis choquée par ses mots, je reçois des coups de poignard dans le cœur.

— Tu es dégoûtant Roy. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour coucher avec toi. Tu me répugnes.

Il se lève plein de rage et me donne un coup de poing.  Je finis au sol, sa violence est de retour. Dès que je m'oppose à lui, il lève la main sur moi.
Je ne suis plus surprise, il sort du salon et claque la porte de la maison.
Je me relève, me dirige vers la salle de bain, un bleu commence à se former au niveau de la pommette. Je mets une pommade pour atténuer l'hématome. Je rejoins mon lit et craque.

Mon téléphone sonne, c'est Sean.

— Hailey.
J'étouffe le bruit de mes pleurs.

— Hailey, qu'est-ce qui t'arrive?
— Rien.
— Ne ment pas!
Il crie.

— Calme-toi Sean. Ils vont t'injecter un tranquillisant.
— Je m'en branle.
— Pas moi. Tu es mon patient.
— Pourquoi pleures-tu ?
— Des soucis personnels.
— Quels soucis?
— Ça ne te regarde pas.
— D'accord.

Il me raccroche au nez, je réussis à m'endormir. Roy n'a pas dormi à la maison. Je me change, je lâche mes cheveux et tente de camoufler le bleu . J'ai l'habitude de trouver des excuses bidons. Roy n'en est pas à son premier coup, le bleu est atténué, mais reste visible. Je porte mes lunettes de soleil pour le camoufler .
J'arrive au bureau.

Je me dirige vers le staff, leur regard est gênant. Je reste droite dans ma  posture, ils finissent par détourner le regard. La réunion s'achève, Mike me prend à part, il fixe ma pommette.

— Hailey comment as-tu eu ce bleu?
— Je me suis cognée.
— Sérieusement Hailey? Tu penses que je vais croire à cet argument  que nous servent  les femmes victimes de violences conjugales. Quand tu seras disposée à en parler . Tu connais mon bureau. Même une psy a besoin d'évacuer ses démons. D'accord?

Je hoche la tête.

Je rejoins la chambre de Sean, il est dans un mutisme, il travaille sur son ordinateur.

— Comment te sens-tu aujourd'hui?

Il ne me répond pas, il m'ignore royalement.

— Sean.
Il m'ignore.

— Bien, tu ne veux pas parler. J'ai une heure à tenir.

Je sors une cigarette, je rejoins la fenêtre et l'allume. Je l'entends s'agacer. Il se lève, pose son ordinateur, m'arrache la cigarette et la jette dans les toilettes.

— Hailey, tu ne veux pas aller faire chier un autre malade mental?

Il pose ses yeux sur moi, il s'arrête de parler, il fixe ma pommette. Il caresse mon bleu, j'émets un gémissement de douleur.

— C'est le souci d'hier soir?
Je ne réponds pas.

— Réponds-moi!
En criant.

— Calme-toi! Tu veux voir débouler tout le personnel dans ta chambre.

Il se retourne.

— Sors!
— Quoi?
— Sors de ma chambre!
— Je n'ai pas fini ma séance!

Il me pousse vers la sortie et referme la porte. J'entends des bruits de casse, il saccage la chambre. Je déclenche l'alerte à contrecœur. Les infirmiers entrent et le maîtrisent, il crie et se débat. Il est dans une crise psychotique sévère, Mike arrive avec une seringue. Je lui injecte le produit complètement abattue.  Le produit fait action dans les minutes qui suivent. Il ne bouge plus, son regard est vide. Les infirmiers l'installent sur le lit et placent les sangles.
Je sors hébétée par cette scène, je m'isole dans mon bureau. Je jette la tasse sur le mur et je crie de douleur, de frustration.

Ma crise commence à s'estomper, je me saisis d'un xanax et l'avale.

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