Chapitre 8

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Londres 18h02, 19 Septembre - 1 jour avant le début du jeu

Je ne suis pas lavé. Je n'ai pas mangé. Je n'ai pas bougé. Je n'ai strictement rien fait depuis que je suis rentré chez moi. Je porte encore les mêmes vêtements depuis samedi.

Je ne veux plus rien faire. Je ne veux plus bouger. Certain pourront penser que c'est de la fénéantise, mais c'est faux, je suis seulement dans une sorte de phase que j'appelle la 'remise en cause'. C'est tout ce que j'arrive à faire : me morfondre. Me rouler des joins. Me défoncer. Me torturer le cerveau à penser sans arrêt à Liam, El, et ce stupide jeu à la con.

J'ai l'impression d'être cloué sur place, d'être paralysé, de ne plus pourvoir avancer. J'ai arrêté mes études il y a un moment, et je me retrouve avec un job de merde et une baraque miteuse. Je ne me suis pas acheté de fringues depuis des lustres, et je suis sûr que lorsque je sors dans la rue, les gens sont capables de me confondre avec un SDF.

Je n'ai plus d'avenir, je n'ai plus de projet, je n'ai plus rien. Et je suis seul. Vous avez le droit de penser que c'est trop absurde de se renfermer sur soi-même pour une simple histoire d'amour merdique qui a mal fini, mais pour moi c'est bien plus que cela. Cette relation était la seule chose qui faisait de moi ce que je suis, et en même temps ce que j'aurai pu être. C'était ma raison de me lever et d'aller travailler. C'était ma raison d'envisager un avenir et d'avoir des projets. C'était ce qui me faisait vivre sans que j'ai de compte à rendre à personne.

Même si je n'étais pas heureux, même si ce n'était qu'un décor, une image qui me protégeait du monde extérieur, une image qui me donnait bonne conscience, j'avais espéré qu'elle me reste toute mon existence.

C'était mon repère, c'était mon image, c'était ce qui me constituait, maintenant je suis complètement paumé. Je suis déjà réellement petit, mais je me sens encore ridiculement plus petit face au monde entier.

Mes yeux rivés sur le plafond, je n'arrive pas à me résoudre de bouger. Pourtant si je ne bouge pas, je vais me pisser dessus. Je me lève dans un étourdissement maladroit et marche comme un zombie jusqu'au toilettes. Je peine à tenir debout, bon Dieu je suis une épave.

Et évidemment, c'est ce moment qu'Eleanor choisi pour entrer dans la maison. Comme par hasard au moment où je décide de me lever pour me soulager, et comme par hasard la seule fois où je décide de ne pas fermer la porte ! Trop de hasard dans ma maudite vie.

-Putain El ! Qu'est ce que tu fous là ?! dis-je en criant.

Elle se cache les yeux et je me dépêche de finir.

-Je, je venais chercher mes affaires. À moins que tu me pardonnes parce que je m'excuse sincèrement, sinon je prend mes affaires et je sors de ta vie. En tout cas j'attendrais le temps qu'il faut pour que tu me pardonnes. Mais en attendant j'ai besoin de vêtements.

Elle baisse la tête et se dirige vers la chambre où se trouve son armoire. C'est tout ? C'est tout ce qu'elle trouve à me dire ? Alors elle me trompe avec mon meilleur ami, elle m'appelle mais puisque je ne décroche pas elle se ramène chez moi juste pour reprendre ses affaires et se tirer de ma vie ? Elle en avait vraiment marre de moi à ce point ? Je suis vraiment si minable que ça ? Faut croire que oui.

Une fois qu'elle redescend, je suis plus agacé que jamais. Mais je ne sais pas si c'est a cause d'elle ou de moi. Un grand sac de marque rempli de fringue dans les mains, nous nous toisons devant la porte sans que personne ne bouge ou ne dise mot.

C'est elle qui rompt le silence :

-Écoutes Louis, je sais que tu es en colère contre moi et contre Liam, et je te comprends parf...

The Infinity  Game ∞ | Larry StylinsonWhere stories live. Discover now